PEZZIGA Luigi

Luigi Angélo Marie Pezziga travaille comme téléphoniste-électricien en Italie avant d’émigrer en Bretagne dans les années 20. Naturalisé avant le début de la seconde guerre mondiale, il travaille dans le bâtiment comme maçon-cimentier et réside au 113 rue du Guelmeur à Saint-Marc. À Brest, Louis fait la connaissance de Carlo de Bortoli, un des responsables de l’Union Populaire Italienne en Bretagne, qui regroupe les antifascistes transalpins. Tous deux adhèrent au Parti Communiste Français (P.C.F) en 1936. En cette fin d’année, Louis Pezziga s’engage dans les Brigades Internationales, qui combattent aux côtés des Républicains espagnols. Incorporé à la brigade Garibaldi, Louis est gravement blessé lors des combats sur l’Èbre en septembre 1938. Il est alors rapatrié en France. À son retour en Bretagne, il souhaite s’engager et servir la France mais on le lui refuse.

Sous l’occupation, il perd sa nationalité française à cause d’une loi du gouvernement de Vichy. La Préfecture de Quimper lui remplace sa nationalité française par une Carte d’étranger, N° 33.C.C.59379, dont la validité va du 05/10/42 au 04/10/45. Propagandiste résistant, il distribue les tracts et journaux du P.C.F clandestin puis du Front National. Versé aux Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P), il participe à de nombreuses actions contre l’occupant, notamment par la coupure de voies ferrées entre La Forest-Landerneau et Landerneau. Il échappe aux vagues d’arrestations qui secouent les résistants communistes en 1942 et 1943. Dans le second semestre de l’année 1943, il travaille comme maçon sur un chantier de baraquement pour sous-mariniers allemands dans un bois entre Plouarzel et Saint-Renan. Sur le chantier se trouve également Germain Riou et Jacob Mendrès qui gère le groupe armé dont fait partie Luigi Pezziga. Ce responsable manque d’être arrêté fin 1943 et pense avoir été dénoncé par un ouvrier auvergnat du chantier. Luigi Pezziga reçoit l’ordre de supprimer cet ouvrier en représailles mais ce dernier a disparu sans demander son reste.

En février 1944, sur contact avec Yves Hall, il intègre le groupe Action Directe, corps-franc du mouvement Défense de la France (D.F). Il prend alors comme pseudonyme La perdrix. Parmi les actions qu’il effectue avec ce nouveau groupe, on peut citer l’exécution de Marcel Dimech dans la rue du Télégraphe le 16 juin au matin. Il fait partie de l’équipe de protection composée de Jean Riou, Pierre Toupin, Roger Le Lostec et François Borczykowski qui couvre Yves Hall et Francis Beauvais. Le 27 juin 1944, le groupe Action Directe attaque le commissariat de police de Saint-Martin pour délivrer les femmes résistantes qui y sont détenues. Malgré l’opération réussie, les femmes se sacrifient et restent en détention pour éviter les représailles. Yves Hall dirige l’opération avec la présence de Roger Le Lostec, Francis Beauvais, Pierre Toupin, François Borczykowski, Jean Riou, Guy Van de Weghe, Marcel Marc et Louis Pezziga. Deux jours plus tard, Louis participe à l’assassinat de deux collaborateurs dans le restaurant La Coquerie brestoise, rue de la Mairie [1].

Le 5 juillet, l’italien participe à la tentative d’enlèvement de Julien Origas [2] mais l’opération est un fiasco. Une fusillade éclate, plusieurs résistants sont blessés et le groupe doit se replier dans une cache de la rue Arago, chez Thérèse Coatéval. Hélas, les allemands suivent les traces de sang et remontent la piste. L’opération coûte la vie à deux résistants : Guy Van de Weghe et Georges Hamon. Mi-juillet, le groupe Action Directe est traqué à Brest, ils doivent évacuer et prennent le maquis dans la région de Saint-Thois où ils intègrent temporairement le 2e Bataillon Stalingrad. À l’arrivée des américains, les brestois exilés se scindent en deux, quelques uns restent avec les maquisards mais la majorité remonte sur Landerneau puis Plabennec. Louis est de ceux qui remontent avec Yves Hall et les survivants du corps-franc pour participer à la bataille de Brest aux côtés des américains. Louis Pezziga livre alors combat à Gouesnou, Guilers, au Menez Hom et en presqu’île de Crozon.

En octobre 1945, la République française le re-naturalise français. Après guerre il épouse Marie Kervella [3] le 1er septembre 1947. Pour son engagement dans la Résistance, il reçoit la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile de bronze. À son décès, Luigi Pezziga est inhumé au cimetière de Camaret.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture et à Daniel Léal pour l’état civil.

Notes

[1actuellement rue de Lyon

[2Interprète de l’Aussenkommando du S.D de Brest, basé à l’école Bonne-Nouvelle à Kérinou.

[3née à Plomodiern le 28 novembre 1902