COATÉVAL Thérèse

Thérèse Aline Gestin est pupille de la nation depuis 1919. Elle épouse Joseph Coatéval à Saint-Pol-de-Léon en 1922 et lui donne un enfant. Durant l’occupation, son époux est employé au chemin de fer de Rennes. Il est tué au cours d’un bombardement le 29 mai 1943. Thérèse tente de rebondir et devient la gérante d’un café-restaurant-épicerie, portant l’enseigne A la bonne cave au 46 rue Arago à Brest.

Malgré la situation familiale dans laquelle elle se trouve, Thérèse offre la possibilité aux résistants du groupe Action Directe du mouvement Défense de la France, de disposer à leur guise de son appartement du 1er étage et de la boutique, notamment pour cacher des armes. En sus, elle aide pécuniairement les résistants brestois. Elle héberge notamment Guy Van de Weghe et Ghislain Gyssels.

Le 5 juillet 1944, les résistants du groupe Action Directe tendent une souricière à l’interprète alsacien de l’Aussenkommando de Bonne-Nouvelle, Julien Origas. L’opération est un fiasco. Une fusillade éclate, plusieurs résistants sont blessés et le groupe doit battre en retraite. Dans la précipitation, ils se dirigent au bar de Thérèse, où ils escomptaient interroger initialement l’alsacien. L’établissement La bonne cave est assiégé assez rapidement par les allemands qui n’ont eu qu’à suivre les traces de sang.

Le groupe de résistants a pris la fuite juste avant l’arrivée des allemands, cachant des armes et munitions à la cave. Ils laissent derrière eux Guy Van de Weghe, trop lourdement touché, en compagnie du Dr Jacq, appelé en urgence par les résistants. Reste également sur place Georges Hamon qui se cache sur le toit, les badauds agglutinés dans la rue le feront repérer par les allemands qui ouvrent le feu et le touchent. Les trois résistants sont arrêtés, seul le Dr Jacq est libéré, les deux autres fusillés.

Deux jours plus tard, en représailles, l’établissement de Thérèse Coatéval est dynamité par les troupes d’occupation. Le lendemain, 8 juillet, le bar est cité dans le journal La Dépêche de Brest, comme maquis de terroristes par Charles Henry [1]. Thérèse Coatéval est contrainte de disparaître de Brest et se réfugier à Rennes pour éviter une arrestation. Elle y reste jusqu’à la Libération avant de revenir à Brest.

Complètement démunie à la libération, elle fait une demande d’obtention prioritaire pour une baraque pour relancer son commerce. Mais les commerçants de la cité commerciale de la place de la Liberté posent un veto pour l’obtention. Des démarches sont faites pour obtenir une baraque pour un autre genre de commerce. En vain semble t-il car elle part sur Rennes en 1947.

Nous cherchons à mettre un visage sur son histoire, si vous avez une photo d’elle, n’hésitez pas à nous contacter.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

Télécharger au format PDF

Sources - Liens

  • Centre généalogique du Finistère (CGF29), registre d’état civil.
  • Archives municipales de Brest, fonds Défense de la France (51S).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattante volontaire de la résistance de Thérèse Gestin-Coatéval (1622 W 42).
  • La Dépêche de Brest, éditions du 8 et 22 juillet 1944.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier de Thérèse Coatéval (GR 16 P 253494) - Non consulté à ce jour.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier de victime civile de Joseph Coatéval (AC 21 P 326520) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Gilles Cardinal pour son aide aux recherches généalogiques et à Françoise Omnes pour la relecture.

Notes

[1Nom d’emprunt d’un pigiste éphémère qui ne publiera que deux articles, dont la teneur est très clairement pro-collaborationniste