Edgar Alphonse Tupët suit des études supérieures avant de devancer son appel sous les drapeaux en 1938. Il participe à la Campagne de France en 1940 où il est fait prisonnier. Il s’échappe lors de son transfert en Allemagne et parvient à regagner la région de Clermont-Ferrand où il entre en résistance en novembre 1940. En août 1941, avec Joël Le Tac et Jean Forman, Edgar Tupët passent par l’Espagne, le Portugal et rallient Gilbraltar d’où ils gagnent l’Angleterre.
Sous le pseudonyme d’Edgard Thomé, il intègre le Bureau des Opérations aériennes (BOA) et suit une instruction de parachutiste avant d’être déployée en France en décembre 1941 dans la région de Châteauroux. Il reste en France occupée jusqu’en mai 1942 avant de regagner par Lysander l’Angleterre. En novembre 1942, il quitte l’Angleterre pour le Détachement d’instructeurs commando de Saint-Pierre-et-Miquelon puis il est affecté au Détachement (puis Bataillon) des Antilles dont il crée et commande la 2e compagnie qu’il entraîne jusqu’en juillet 1943. En août 1943, le lieutenant Tupët-Thomé rejoint à sa demande le 1er Bataillon d’infanterie de l’air (1er BIA) à Camberley et est breveté parachutiste le mois suivant. En janvier 1944, il est muté comme commandant en second de la 2e compagnie du 3e BIA, qui devient en juillet 1944, le 3e Régiment de chasseurs parachutistes (3e RCP).
Depuis l’annonce du débarquement, Edgar et ses hommes rongent leur frein de ne pas être engagés au front. L’occasion leur est enfin donnée de se battre les armes à la main en France. Le 3 août 1944, il est prévenu d’un déploiement imminent en Bretagne. Son unité doit être parachutée dans l’arrondissement de Brest pour gêner les allemands et favoriser l’entrée américaine dans la cité du Ponant. Cette mission prend le nom de Derry et comporte trois volets. Le stick n°1 d’Edgar Tupët-Thomé est affecté à Derry III avec pour objectif principal la protection du viaduc ferroviaire de Daoulas.
Composition du stick de Tupët-Thomé :
– BELLON Louis
– BRIGUET André ✝
– BRUAND Henri
– DUBOSC Philippe
– GARROS Denis ✝
– GUICHARD Guy ✝
– KLEIN Lucien
– LE NABOUR André
– PAULUS Raymond
– SABATIER Louis
– SIRUGUET Robert ✝
– TUPËT-THOMÉ Edgar (Lieutenant - Chef du stick)
La zone d’atterrissage se trouve au nord-ouest de Daoulas mais l’avion dérive et dans la nuit du 4 août 1944, les parachutistes atterrissent à Saint-Urbain. Dans la nuit ils tombent sur deux paysans venus à leur rencontre après avoir entendu un avion au dessus de leur ferme. Le stick gagne la ferme pour y trouver refuge pour pour la nuit.
Au petit matin du 5 août, l’un des fermiers guide Edgar au manoir de Kerdaoulas chez l’amiral Pierre Bréart de Boisanger, maire de Saint-Urbain. Celui-ci a des contacts avec les résistants locaux, et après accord d’Edgar, les fait demander. L’amiral propose également d’héberger le parachutiste blessé car une de ses filles est infirmière. Vers huit heures, deux chefs de la résistance locale (F.T.P et F.F.I) se présentent au domicile de l’Amiral. Les présentations sont toniques, il y a méprise sur la mission et les capacités mais qu’importe, les hommes finissent par s’entendre et décident d’attaquer la Kommandantur de Daoulas, située dans le manoir de Kérisit.
Edgar Tupët-Thomé relate l’attaque :
À la suite des renseignements obtenus localement, nous avions un certain nombre d’éléments sur la Kommandantur et savions que c’était un objectif qui contenait des armes que nous pourrions distribuer aux résistants. Surtout, nous savions comment priver le bâtiment d’énergie. J’ai donc bâti la stratégie la veille de l’opération et me suis rendu avec huit hommes près du bâtiment pour observer les mouvements allemands. J’avais distribué les rôles Quand cela a été le moment, nous avons fait sauter le transformateur au moment où je grenadais la sentinelle, des hommes ont fait le tour du bâtiment en balançant des grenades par les fenêtres du rez-de-chaussée et dans le même moment j’ai pénétré avec deux d’entre eux dans le hall et enfoncé une ou deux portes qui m’ont amené à rencontrer le commandant de la place… Les Allemands se sont rendus tout de suite. Pour nous, tout est allé très vite Mais c’était ce que nous avions appris à faire, mais c’était aussi le cas pour les Allemands qui ne nous attendaient pas !
L’assaut est réussi mais coûte la vie au S.A.S André Briguet, tué à l’entrée du manoir. La résistance, comme prévu, charge les armes allemandes à l’issue de l’assaut permettant ainsi d’équiper plusieurs groupes du secteur. Dans la foulée, le stick et les résistants sont accrochés par les allemands. Deux F.F.I, Joseph Le Bot et François Rouzec sont tués. Les maquisards et S.A.S se replient. Le résistant Paul Le Hir les convoie à la ferme du Cléguer, au Tréhou. Ils sont accueillis par la famille Bouguennec pour la nuit.
Entre le 6 et le 9, ils participent à diverses actions de harcèlement de l’ennemi dans le secteur de Dirinon, Saint-Urbain. Le 10 août 1944, le stick d’Edgar pénètre dans Landerneau, vide d’allemands. Ils tombent néanmoins avec une patrouille allemande qui tente une incursion dans la ville pour de la reconnaissance. Les S.A.S et F.F.I sont accrochés près du manoir de Cadeville route de Quimper, ils perdent le S.A.S - Guy Guichard ✝ [1] et le F.F.I Louis Le Quinquis. Après la libération de Landerneau, les américains étant maître de la zone, les S.A.S du stick n°1 retrouvent le capitaine Sicaud. La bataille de Brest s’achève ici pour eux.
Edgar est parachuté dans le Doubs le 27 août 1944 et fin septembre 1944, alors que Brest vient d’être libérée, il se bat en Moselle. En avril 1945 il est de nouveau parachuté en Hollande et poursuit les combats jusqu’à la fin de la guerre. Après guerre, il reprend une activité civile dans les colonies en Tunisie. Après un séjour par le Canada, il revient en France dans les années cinquante et travaille chez Singer puis Panhard.
Pour son action dans la Résistance, il reçoit les distinctions suivantes :
– Grand Croix de la Légion d’Honneur
– Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945
– Croix de Guerre 39/45 (6 citations)
– Médaille commémorative des Services volontaires dans la France libre
– Military Cross (GB)
– King’s Medal for Courage in the Cause of Freedom (GB)
– Chevalier de l’Ordre d’Orange Nassau (Pays-Bas)
– Croix de Guerre (Pays-Bas)
En 1994, il revient à Landerneau pour inaugurer la borne de la Liberté érigée dans le cadre du 50ème anniversaire de la Libération. Il est également revenu en 2010 pour une cérémonie en son honneur, organisée par la municipalité.