Joël André Le Tac est le cadet d’une fratrie de trois garçons. Sa mère Yvonne, institutrice dans l’Instruction publique et accessoirement farouche partisante du principe de laïcité, éduquera ses fils dans l’amour de la Patrie et du respect de la République. Sa jeunesse est également l’occasion de s’accoutumer aux paysages aux côtes du nord Bretagne puisque la famille ayant fait construire une maison à la pointe de Kervigorn en Saint-Pabu vers 1905, y passe ses vacances estivales. La famille Le Tac se lie alors d’amitiés avec la famille de Victor Le Gorgeu, leurs voisins.
A l’adolescence, Joël est inscrit au prestigieux lycée Louis-le-Grand à Paris. A cette période, il se passionne pour la politique. Animé par un antiracisme viscéral teinté d’antimilitarisme et de pacifisme, il adhère en tant que commissaire politique aux Étudiants socialistes. Guidé par ses convictions, il n’hésite pas à en venir aux mains lors de rixes contre ceux qu’il considère être les ennemis héréditaires de la République à savoir les Camelots du roi de l’Action française. Fervent lecteur du Canard enchaîné et du journal socialiste Le Populaire, il prend conscience à la lecture de ces derniers, du danger que représentent le fascisme et le nazisme pour la stabilité et la paix en Europe. A son niveau et à sa manière, il entend prendre part à la défense de la démocratie et du parlementarisme face aux risques croissants que font peser les idéologies d’extrême droite qui gangrènent l’Europe des années 1920 – 1930. Pour ce faire, il participe au sein du mouvement politique qui rassemble les forces de gauche, le Front commun, à de violentes bagarres de rue qui opposent militants de gauche et militants d’extrême droite. Déçu de manière générale par la politique et plus particulièrement par le manque de volontarisme du Gouvernement du Front populaire, Joël Le Tac s’éloigne progressivement de la vie militante et consacre désormais sa vie de jeune étudiant à ses cours de droit et surtout aux sorties entre amis, tout en gardant à l’esprit que la guerre n’est plus qu’une question de temps.
Dans le cadre de la mobilisation générale, Joël Le Tac est affecté le 16 septembre 1939 au 8ème génie situé à Versailles loin du front, en tant qu’aspirant élève dans les transmissions avant d’accéder au grade d’aspirant élève dans le génie. A sa demande, il est versé, toujours à Versailles, comme aspirant élève d’infanterie. Cependant, Joël ne se satisfait pas d’être éloigné du front. En juin 1940, face à la déconvenue militaire que subissent les Armées françaises, l’unité de Joël est contrainte au repli en direction du sud-ouest, à Castets dans le département des Landes. Au même moment, le Maréchal Pétain appelé au pouvoir par le Gouvernement de Paul Reynaud, demande l’armistice le 17 juin 1940 auprès des Allemands. Avec trois amis de son unité, Joël refuse la défaite et le notifie à ses supérieurs. Les quatre soldats désobéissant aux injonctions de suspendre les hostilités, décident de se rendre à Saint-Jean-de-Luz située sur la côte basque. Là-bas, Joël s’embarque le 24 juin 1940 sur le navire britannique, le Baron Kinnaird, un navire marchand transformé en transporteur de troupes et chargé de rapatrier les soldats polonais vers l’Angleterre. Avant de quitter la France, il envoie une ultime carte postale à ses parents dans laquelle il indique sa volonté de continuer la guerre. A peine débarqué, Joël Le Tac se rend immédiatement en direction de Londres et rejoint le Quartier Général de la France Libre. Au 1er juillet 1940, Joël s’engage comme volontaire de la France Libre, acte d’engagement officiellement signé à la date du 27 septembre 1940. Il reçoit le matricule 547 D. A Londres, il retrouve une connaissance parisienne qui lui propose de servir comme instructeur à l’école militaire des cadets de la France Libre qui s’est établie à Brymbach au Pays de Galles. Le 1er septembre 1940, Joël Le Tac est promu au grade de sergent puis le 15 septembre, il quitte l’école de Brymbach pour être incorporé dans les Forces aériennes de la France Libre (FAFL).
Durant le mois de septembre 1940, le Général de Gaulle décide de doter les FAFL d’une unité parachutiste dont il confie la constitution et le commandement au capitaine du génie, Georges Bergé. Le 29 septembre 1940, la 1ère Compagnie d’Infanterie de l’Air (1ère CIA) est officiellement mise sur pied. Joël Le tac rejoint cette unité fraichement créée en octobre 1940 qui ne compte à cette époque qu’une trentaine de recrues. Le capitaine soumet ses jeunes volontaires à un entraînement physique intensif afin de les accoutumer aux prochaines opérations spéciales en territoire ennemi. Bergé propose à ses recrues de suivre une épreuve indispensable pour une unité d’infanterie de l’air, celle des sauts en parachute dispensés au Central Landing Establishment de Ringway près de Manchester. Joël Le Tac décroche le brevet de parachutiste de la France Libre le 20 décembre 1940 avec le numéro 398.
En cette fin d’année 1940, le Special Operations Executive (SOE, service de guerre subversive britannique) en manque d’effectifs, sollicite le Deuxième Bureau de la France Libre dirigé par André Dewavrin alias Passy en vue d’une opération de sabotage en France occupée. Compte tenu de la portée de la mission susceptible de concrétiser une coopération des services gaullistes avec les services britanniques, Passy se tourne vers le capitaine Bergé afin qu’il réfléchisse à la constitution d’une équipe de sabotage. Les paras brevetés de la France Libre dont Joël sont alors transférés à la Special Training School n°17, « station 17 ». Là-bas, les hommes de la 1ère CIA sont soumis aux préceptes de la guerre subversive impulsés par des instructeurs du SOE qui combinent recherche de renseignements, techniques de sabotage et règles élémentaires de la vie clandestine.
Après plusieurs tergiversassions et ajournements, le capitaine Bergé, le sous-lieutenant Jean Petit Laurent, le sergent Jean Forman, le sergent Joël Le Tac et le caporal Joseph Renault sont convoqués le 2 mars 1941 rue Baker Street à Londres, au siège du SOE pour prendre connaissance précisément des modalités de la mission et du lieu de largage en France occupée, qui se fera dans les environs de Vannes de nuit et en blind, c’est-à-dire à l’aveugle, sans aucun comité d’accueil au sol. Le 15 mars 1941, après avoir revêtu leurs vêtements civils et préalablement arraché tout signe distinctif renvoyant aux origines anglaises des vêtements, les agents français de l’opération Savannah sont discrètement conduits à l’aérodrome Stradishall appartenant à la R.A.F. Afin de donner l’illusion aux Allemands qu’il s’agit d’un simple raid aérien nocturne, le bombardier Whitley transportant les parachutistes de la France Libre est accompagné de bombardiers conventionnels de la R.A.F chargés d’effectuer un raid sur l’aérodrome de Meucon. Après s’être détaché du groupe de bombardiers, le Withley des opérations spéciales largue les cinq parachutistes et leurs containers mais manquent la Drop Zone de plusieurs kilomètres.
Joël Le Tac et ses compères parviennent néanmoins à se rassembler et dissimuler les toiles de parachutes et attendent l’aube avant de faire mouvement en direction de leur objectif. Le 17 mars, le capitaine Bergé demande au sous-lieutenant Laurent Petit de partir en mission de reconnaissance à Vannes afin de repérer l’hôtel où logent les aviateurs de l’escadrille allemande. De retour de Vannes le soir même, la capitaine Bergé estime que les renseignements collectés par Petit Laurent sont incomplets et le renvoie en mission dès le lendemain. Petit Laurent a pu cependant rapporter à son supérieur que les renseignements dont disposaient les services à Londres, étaient désormais périmés. Au bout de deux jours, ne voyant pas réapparaître Petit Laurent, Bergé décide d’annuler la mission et ordonne aux membres de l’équipe de se disperser en attribuant à chacun une mission de renseignement à réaliser. D’autre part, il fixe au préalable une date et un point de rassemblement en vue de l’exfiltration de l’équipe. Cette opération maritime d’embarquement doit avoir lieu dans la nuit du 4 au 5 avril 1941 depuis une plage de Saint-Gilles-Croix-de-Vie en Vendée, ce qui laisse une quinzaine de jours aux membres de l’équipe pour leur mission de renseignement et de prise de contacts en France occupée. De son côté, Joël Le Tac part voir ses parents qui sont en résidence dans leur maison de Saint-Pabu. Il profite de son séjour dans le nord Finistère pour se rendre à Brest prendre des contacts et aller à la chasse aux renseignements.
À la date fixée pour l’embarquement, seuls Bergé, Forman et Le Tac sont présents au point de ralliement. L’équipe doit être récupérée par un sous-marin de la Royal Navy, le Tigris, qui hélas ne peut embarquer que deux des parachutistes à cause de l’état de la mer. Le Tac reste sur le rivage. Le sous-marin est contraint d’abandonner l’agent de la France Libre sur la plage. Après deux heures d’attente et ne voyant pas la barque revenir, Le Tac décide de quitter les lieux et de se rendre à Paris où il prend contact avec son frère, Yves. Persuadé que l’opération Savannah peut encore être réalisée, Joël embarque son frère en direction de Vannes le 8 avril 1941. Ensemble, ils tentent de réitérer l’opération de sabotage contre l’autocar des aviateurs allemands. Ils apprennent grâce aux indications de paysans locaux que l’autocar a changé son itinéraire. Joël décide donc de suspendre temporairement l’exécution de la mission. Vers le 22 avril les frères Le Tac reproduisent une tentative mais en vain, Savannah est définitivement annulée.
Après plusieurs mois de pérégrinations à chercher comment rallier l’Angleterre et une contribution à la Résistance dans la région de Marseille, Joël Le Tac est finalement recontacté à Paris par son ancien équipier Jean Forman. Ce dernier a de nouveau été parachuté en France pour une mission de sabotage sur la centrale électrique de Pessac qui alimente entre autre la base sous-marine allemande de Bordeaux. L’opération se nomme Joséphine B et ne remporte pas plus de succès que Savanah. N’en démordant pas, les Français libres retentent et réussissent cette fois leur coup le 8 juin 1941. La dispersion est organisée, faute de moyen de retour direct pour l’Angleterre. Joël Le Tac et Jean Forman (accompagnés d’Edgar Tupët) passent par une filière d’évasion leur permettant de regagner l’Angleterre en passant par l’Espagne (Gibraltar).
Le 28 août 1941 après cinq mois de mission, Joël Le Tac est enfin à Londres et peut rendre compte de son expérience d’agent clandestin en territoire ennemi. Lui est rapidement confiée une autre tâche : initialement conçue comme une mission, l’organisation au nom de code Overcloud prendra au fur et à mesure la dénomination de réseau de résistance. Projet ambitieux du Service de Renseignements (SR) conjointement avec le S.O.E britannique, il s’agit de constituer une organisation clandestine articulée autour de l’action subversive. Le projet de mission Overcloud prévoit l’infiltration en Bretagne du sous-lieutenant Le Tac et de son opérateur-radio, Alain de Kergorlay. En tirant profit des contacts établis par Joël Le Tac lors de ses premières missions en France occupée, le réseau devra scinder ses activités selon quatre branches parfaitement compartimentées :
- la branche Action et Résistance devra former une sorte d’armée clandestine destinée à participer à des actions locales de faible envergure dans un premier temps, puis à participer à la lutte générale lors du moment venu.
- la branche Renseignements devra s’acquitter du collectage d’informations susceptibles d’intéresser directement les services secrets alliés. Elle aura également pour mission de centraliser les éventuels renseignements collectés par les branches, par l’intermédiaire des agents de liaison précités.
- la branche Sabotage aura la responsabilité d’attaquer des objectifs qui pourront être désignés soit par l’organisation elle-même, soit par les services londoniens.
- la branche Propagande devra s’assurer dans la région d’activité de l’organisation, de la distribution de tracts, journaux ou mots d’ordre émis par Londres.
De plus, une équipe de réception devra être constituée afin de s’occuper de la reconnaissance et de la signalisation des terrains d’atterrissage et de largage ainsi que de l’accueil et du camouflage des hommes et du matériel. Dans le même ordre d’idée, Le Tac devra établir une liaison maritime entre la France et l’Angleterre qui servira aussi bien à l’acheminement du courrier que des hommes et du matériel.
La première phase, baptisée KUR, qui consiste à jeter les bases du réseau en zone occupée, débute à la mi-octobre 1941 avec l’acheminement et le débarquement des agents Le Tac et de l’opérateur-radio de Kergorlay sur les côtes bretonnes. Le 15 octobre, vers 1h00 du matin, la vedette arrive au large des côtes finistériennes dans l’encablure des îles Guénioc et Trévors. Malgré une mer agitée, deux canoës sont mis à l’eau dans lesquels prennent place le sous-lieutenant Le Tac et le sergent de Kergorlay ainsi que leur matériel. Ramant en direction de l’Aber-Benoît, les agents parviennent discrètement sur le rivage après trois heures de navigation dans des conditions difficiles. Aussitôt, ils se chargent de dissimuler les canoës ainsi que le matériel, puis se rendent à la maison des parents de Joël, André et Yvonne Le Tac, où après les avoir réveillés en plein sommeil, ils sont accueillis chaleureusement autour d’une petite collation.
Quelques temps après leur débarquement sur les côtes bretonnes, Joël Le Tac et Alain de Kergorlay prennent la direction de Paris et se rendent au domicile parental, situé rue Gît-le-Cœur. Depuis ce QG improvisé, Joël y retrouve son frère Yves avec qui il fait le compte-rendu du travail de recrutement effectué en Bretagne et à Paris. Ainsi, Joël découvre que des ramifications ont pu être établies notamment avec un groupe de résistants structuré autour de la publication du journal clandestin Valmy. En outre, Joël apprend que le responsable de la mission DASTARD de la France Libre, a tenté une prise de contact avec lui. Après être parvenus à se retrouver, les deux hommes conviennent de fixer l’adresse des parents Le Tac comme « boîte aux lettres » pour leurs organisations respectives. Une fois les liens tissés avec divers milieux résistants parisiens, Joël Le Tac doit désormais penser à prioriser le recrutement au sein du réseau.
Lors de ce premier séjour à Paris, Le Tac et de Kergorlay tenteront en vain d’établir une liaison radio avec Londres. N’y étant pas parvenu, les frères Le Tac, de Kergorlay et Christiane Frahier s’embarquent pour la Bretagne et s’installent près Vannes, secteur dans lequel Joël avait pu s’assurer d’un soutien local lors de l’opération Savannah. Joël met à contribution ce temps passé dans la région vannetaise pour élaborer les modalités de structuration du réseau. Ainsi, il met sur pied dans la région de Vannes des groupements relativement cloisonnés. Au courant de novembre 1941, l’équipe se rend à Rennes afin de consolider les relations avec les embryons de résistance, les organiser, définir leur rôle respectif et enfin les incorporer à l’organigramme du réseau.
Arrivés à Rennes, les frères Le Tac peuvent parachever le recrutement auprès de groupes existants et amorcer la formation et l’incorporation de ces derniers dans le réseau. Grâce aux multiples contacts préétablis dans la sphère professorale et estudiantine, les Le Tac disposent d’un vivier de volontaires rassemblés autour du Comité des Étudiants Rennais déjà impliqué dans la propagande contre l’occupant allemand et ses collaborateurs au travers de la publication d’un journal clandestin, La Bretagne enchaînée. Dans la Capitale bretonne, les frères Le Tac se rapprochent d’une autre organisation, surnommée La Bête Noire, implantée dans le milieu des Chemins de fer. Ils prennent également contact avec la Bande à Sidonie, réseau de renseignements ultérieurement appelé Georges-France. Le rapprochement avec ce réseau permet à Joël Le Tac d’envisager une coopération réciproque des deux réseaux et ainsi, d’ajouter une branche de renseignement pur – Georges 31 – dans la structure organisationnelle d’Overcloud.
L’équipe parvient à commander un premier parachutage d’armes et de matériels auprès des services spéciaux londoniens qui est prévu courant décembre 1941 dans le département du Morbihan. Dans la nuit du 13 au 14 décembre, après avoir entendu sur les ondes de la BBC la phrase de confirmation du parachutage Valentin a reçu la lettre, Joël Le Tac dépêche une équipe de réception sur un terrain préalablement repéré situé dans le secteur d’Elven près de Vannes. Mais, les pilotes de la RAF font une erreur de navigation et larguent finalement les containers à quelques kilomètres du point de chute. Ces derniers sont retrouvés le lendemain par un cultivateur qui pris de panique, s’empresse d’alerter la gendarmerie qui à son tour, prévient les Allemands.
Dans le même temps, les frères Le Tac poursuivent leur travail d’extension géographique du réseau et n’hésitent pas à y impliquer des agents issus d’autres structures. Le domicile parental à Paris, situé rue Gît-le-Cœur devient également une des boîtes aux lettres du réseau de renseignement polonais F2. Cette coopération s’avère néfaste après l’infiltration de ce réseaux par les allemands, mettant ainsi Overcloud en danger.
Loin de s’imaginer que leur structure est la proie des services de contre-espionnage allemand, les frères Le Tac s’efforcent durant cette fin d’année 1941 à préparer des liaisons maritimes depuis la côte de Saint-Pabu vers l’Angleterre. La première opération intitulée Plaice annoncée à la BBC par la phrase Alfred de Musset est un grand poète, est organisée dans la nuit du 30 au 31 décembre 1941 et vise à l’acheminement du second radio du réseau en la personne de Pierre Mourraux alias Pierre Cazin. Cette opération maritime permet l’embarquement d’un autre agent de la France Libre. La seconde opération se situe dans la nuit du 4 janvier 1942 introduite par la phrase Aide-toi et le ciel t’aidera diffusée à la BBC qui annonce l’opération maritime afin d’exfiltrer par vedette rapide MGB (Motor Gun Boat) depuis les côtes de Saint-Pabu cinq résistants français auxquels s’ajoutent Joël et Yves Le Tac.
Parvenus à Londres, ils font leur rapport auprès des services secrets sur le début de la mission et prennent connaissance des futurs objectifs. Leur retour se fait dans le même mode opération qu’à l’aller, dans la nuit du 25 janvier 1942, toujours du côté de Saint-Pabu. Dès lors, Yves Le Tac se rend à Paris pour y développer la mission Witching qui consiste à accroître l’activité de propagande dans les universités françaises. De son côté, Joël Le Tac se dirige vers Rennes pour se tenir au courant de l’évolution du réseau.
A peu près au même moment, une première arrestation s’abat sur Overcloud : le 27 janvier 1942. Ce début février 1942 marque à partir des renseignements fournis par les agents infiltrés, le démantèlement progressif du réseau. Le 5 février, Joël Le Tac se dirige vers l’appartement rennais d’un des étudiants, membre du réseau. A peine passe-t-il le pas de la porte que plusieurs policiers allemands de la GFP dégainent leur arme et procèdent à son arrestation. Durant cette première quinzaine du mois de février 1942, la majorité des membres du réseau sont arrêtés à tour de rôle. Aussitôt arrêté, Joël Le Tac est d’abord transféré à Angers puis à Paris où il est incarcéré à la prison de Fresnes. Là-bas, il y retrouve les membres de sa famille également incarcérés parmi lesquels son frère Yves et ses parents. Pendant plusieurs semaines, Joël Le Tac est interrogé par les services du contre-espionnage allemand. Après un an de détention à la prison de Fresnes, Joël Le Tac est déporté le 8 juillet 1943 en direction du camp de concentration de Natzweiler-Struthof situé en Alsace sous l’indicatif Nacht und Nebel avec huit autres membres du réseau dont son frère Yves.
Revenu de déportation en mai 1945, Joël Le Tac intègre les services secrets français de la DGER (Direction générale des Etudes et Recherches) avec le grade de capitaine. Après un passage dans le secteur privé, il est rappelé sous les drapeaux en mars 1951 et participe à la guerre de Corée en tant qu’officier de renseignement. A partir de 1954, il devient consécutivement journaliste à Paris-Match, au Temps de Paris puis fait son retour à Paris-Match. En 1958, il est élu député de Paris sous la bannière de l’UNR (Union pour la nouvelle République), siège qu’il occupera jusqu’en 1981 année où il décide de mettre fin à sa carrière politique. Il devient alors président de l’INA (Institut national de l’audiovisuel) jusqu’en 1982.
Pour ses actions au service de la France Libre et l’ensemble de sa carrière militaire, Joël Le Tac reçoit les distinctions suivantes :
• Grand Officier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945
• Croix de Guerre 1939-45 (5 palmes)
• Croix de Guerre des Théâtres d’opérations extérieures (2 citations)
• Médaille de la Résistance avec rosette
• Médaille des Services Volontaires dans la France Libre
• Military Medal
• Médaille des Nations Unies
• Croix de Guerre Coréenne