Louis Emile Bodénez et son grand-frère Henri (1914-1954), sont les enfants d’une jeune mère célibataire. Cette dernière décède en 1917, laissant deux orphelins en bas âges. Ils sont adoptés par Eugène Muller et sa mère, qui ne sont autres que leurs colocataires du 4 rue Richelieu à Brest. Suivant leur père adoptif, Louis et Henri Bodénez déménagent au 4 rue Inkermann avant de partir s’installer au bourg de Plouescat, où leur père adoptif travaille désormais comme receveur buraliste.
Ses vingt ans fraîchement atteint, Louis Bodénez-Muller [1] contracte un engagement volontaire pour une durée de cinq ans dans l’Armée française en 1936. Versé dans l’artillerie coloniale, il se trouve en Tunisie au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Son régiment passe en Algérie puis au Maroc en juillet 1940. En novembre de la même année, il est affecté au Régiment d’artillerie coloniale du Maroc (R.A.C.M). Après sept mois au sein de cette unité, le Finistérien est transféré en métropole, par Oran et Marseille, pour une permission de deux mois à l’été 1941. Son contrat arrivant à échéance, Louis Bodénez-Muller est rendu à la vie civile. De retour à Plouescat, il trouve un emploi comme artisan mécanicien cycliste.
Dans le second semestre de l’année 1943, son père adhère à la Résistance qui se forme dans le secteur. Louis Bodénez-Muller ne tarde pas à embrayer derrière et devient même l’un des animateurs du petit groupe communal qui compte une douzaine de membres avant le débarquement en Normandie. Les membres s’affilient bientôt au mouvement Défense de la France (D.F), en même temps que les contacts s’étendent dans les cantons aux alentours.
Le 10 avril 1944, Louis Bodénez-Muller est contrôlé par une patrouille allemande à Tréflez. Revenant de Lesneven à bicyclette, il transporte de l’armement destiné à la formation de son groupe (un revolver). Conduit à Brest pour subir un violent interrogatoire, une perquisition s’ensuit au domicile familial le jour même. Lors de celle-ci, Eugène Muller est arrêté tandis que l’on trouve sur place d’autres armes et surtout une liste de résistants. Lors des interrogatoires, il semble que les Allemands aient cherché prioritairement à en savoir plus sur la hiérarchie.
Dans les jours qui suivent l’occupant cherche à mettre la main sur Joseph Barach, le responsable de la Résistance pour les cantons de Guissény et Plouescat et sur l’un des fils d’Henriette Berder. Par chance aucun d’eux ne sont appréhendés. Ne désarmant pas, les Allemands organisent vers 6 heures du matin le 2 mai 1944, une rafle à Plouescat pour démanteler le groupe. Sont particulièrement visées les personnes dont les noms figuraient sur la liste.
Membres des F.F.I de Plouescat arrêtés le 2 mai 1944 :
L’AMINOT Louis
L’AZOU François
L’AZOU François
L’AZOU Jean-Marie (✝)
L’AZOU Yves
OUPIER Paul
PIRIOU Yves
PLEIBER François
PORHEL François (✝)
SEITÉ Jean-Louis
TOULLEC Vincent
Dans le village, d’autres personnes sont arrêtées arbitrairement durant la journée. Des munitions seront trouvées chez Emile Boucher, tandis que 7 autres personnes sont maintenues en détention, pour différents motifs. Les F.F.I et les civils sont conduits à Brest pour y être interrogés. Ils sont alors tous internés à la prison de Pontaniou. Les civils sont relâchés quelques jours plus tard mais pour les F.F.I, le calvaire est tout autre. Louis Bodénez-Muller et ses camarades d’infortune sont transférés au camp Marguerite à Rennes le 13 juin 1944. Placé dans le dernier convoi quittant Rennes à l’approche des américains le 3 août 1944, il parvient à s’échapper le 6 août 1944, lors d’une courte halte au Langeais.
Parvenu à trouver refuge auprès des Chantebeau à Vallères dans l’Indre et Loire, il est soigné, logé et nourri jusqu’au 18 août 1944. Date à laquelle il intègre le maquis de la Tour d’Auvergne commandé par Paul Guézennec.
Pour son attitude au moment de sa déportation, il est décoré de la médaille des Évadés en 1953 et de la Croix du Combattant Volontaire 1939-1945 en 1957.
Après guerre, Louis Bodénez-Muller travaille comme chauffeur à la mairie de Brest et réside au 11 square Joël Lemoigne puis au 31 rue de la République, avec son père. Il épouse Simone Peuziat (1924-2004), le 30 avril 1948 en mairie annexe de Saint-Marc à Brest et de cette union naitront cinq enfants ; André (1946), Marie (1949-2016), Nicole (1951), Daniel (1952) et Joëlle (1958).