Louis L’Aminot et ses deux grands frères, Guillaume (1913-1989) et Jean (1913-1969), sont les enfants de cultivateurs établis à Pen ar Prat en Plouescat. Le père de famille, François, est tué lors de la Première Guerre mondiale. En 1923, les trois frères obtiennent le statut de pupilles de la nation. En 1934, Louis L’Aminot devance son service militaire et contracte un engagement volontaire dans la Marine nationale. Quartier maître chauffeur, Louis L’Aminot épouse la jeune orpheline Marie L’Arvor (1922-2005), le 26 avril 1940 à Plouescat et de cette union naîtront deux enfants sous l’Occupation ; François (1942-1988) et Huguette (1943-2018). Le parcours du marin Louis L’Aminot durant la Guerre 1939-1940 et sous l’Occupation nous est inconnu à ce jour.
Il est en tout cas présent dans son foyer en octobre 1943, date à laquelle il donne son adhésion au groupe communal de Résistance de Plouescat, initié par Eugène Muller et son fils Louis Bodénez-Muller. Rattaché au mouvement Défense de la France (D.F), ce groupe formera le noyau de la Section de Plouescat lors de l’instauration des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I) au premier semestre 1944.
Le 10 avril 1944, Louis Bodénez-Muller est contrôlé par une patrouille allemande à Tréflez. Revenant de Lesneven à bicyclette, il transporte de l’armement destiné à la formation de son groupe. Conduit à Brest pour interrogatoire, une perquisition sera menée à son domicile. Lors de celle-ci, son beau-père adoptif Eugène Muller est arrêté tandis que l’on trouve sur place d’autres armes et surtout une liste de résistants. Dès 6 heures du matin le 2 mai 1944, une rafle est menée à Plouescat pour démanteler le groupe.
Membres des F.F.I de Plouescat arrêtés le 2 mai 1944 :
– L’AMINOT Louis
– L’AZOU François
– L’AZOU François
– L’AZOU Jean-Marie (✝)
– L’AZOU Yves
– OUPIER Paul
– PIRIOU Yves
– PLEIBER François
– PORHEL François (✝)
– SEITÉ Jean-Louis
– TOULLEC Vincent
Dans le village, d’autres personnes sont arrêtées arbitrairement durant la journée. Des munitions seront trouvées chez Emile Boucher, tandis que 7 autres personnes sont maintenues en détention, pour différents motifs. Les F.F.I et les civils sont conduits à Brest pour y être interrogés. Ils sont alors tous internés à la prison de Pontaniou. Les civils sont relâchés quelques jours plus tard mais pour les F.F.I, le calvaire est tout autre.
Louis L’Aminot et ses camarades d’infortune sont transférés au camp Marguerite à Rennes le 13 juin 1944. Placé dans le dernier convoi quittant Rennes à l’approche des américains le 3 août 1944, il parvient à s’enfuir en sautant du train lors d’un court arrêt à Saint-Mars-du-Désert en Loire-Inférieure, dans la nuit du 3 au 4 août 1944. Durant l’évasion, Jean-Marie L’Azou est blessé par balles avant d’être achevé avec trois autres fuyards.
En compagnie des fugitifs Joseph Aballéa, Guillaume Penduff, Jean Lamarre, François et Yves L’Azou, Louis L’Aminot trouve refuge quelques jours chez Mme de Berc, près de Millet à Sucé. Ils intègrent les rangs des F.F.I locaux et participent à des opérations de contrôle et de circulation sur les routes. Le groupe entame son périple de retour en Finistère le 13 août en gagnant Châteaubriant puis Rennes. Grâce aux américains, puis un commerçant et enfin par les routes à pieds, les fugitifs passent à Montfort-sur-Meu, Loudéac, Quintin, Belle-Isle-en-Terre et Morlaix. Les Plouescatais bifurquent vers Henvic et retrouvent enfin leur commune.
Le marin L’Aminot, qui souffre de carences liées à sa détention, ne peut prendre part aux combat en cours à l’Ouest du Finistère. Il est alors versé au groupe de sécurité des F.F.I, sous les ordres de Maurice Floch. Pour son parcours durant la Seconde Guerre mondiale, Louis L’Aminot est décoré de la Croix du Combattant volontaire (1939-1945).
Après guerre, le couple résidera au 11 rue de la République à Plouescat et aura quatre autres enfants ; Jean-Yves (1945-1976), Louis (1946-2012), Christianne et Roger (1953-1980).