MAZÉ Ernest

Ernest Mazé est le dernier d’une famille de quatorze enfants. Il travaille comme manœuvre jusqu’en 1915, année de sa mobilisation pour partir au front durant la Première Guerre mondiale. Il est blessé une première fois par éclats d’obus en août 1916, une seconde fois dans les mêmes circonstances en septembre 1917 et une troisième fois par les gaz en octobre 1918. Toujours maintenu en service, il est versé comme homme d’équipe aux Chemins de fer en août 1919 à Brest. Démobilisé le mois suivant, il reste travailler dans cette branche. Pour ses blessures et sa tenue au feu, il est cité à l’ordre du Régiment et reçoit la médaille Militaire et la Croix de Guerre 1914-1918 avec étoile de bronze, en 1928.

Revenu à la vie civile, Ernest Mazé épouse la couturière Marie Lamour (1897-1979), le 20 août 1920 à Saint-Pierre-Quilbignon. De cette union naissent trois enfants ; Pierre en 1922, Ernest en 1923 et Edouard en 1924. Il adhère dans les années 1920 à la C.G.T.U et au Parti Communiste Français (P.C.F) en 1930. Il est versé à la cellule des cheminots à sa création en 1936 à Brest.

Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, Ernest Mazé n’est pas mobilisé pour les besoins du service ferroviaire. Parallèlement, son parti politique est interdit suite au pacte germano-soviétique. Le cheminot reste cependant parmi les fidèles qui participent à la réorganisation clandestine de cette structure militante.

Au lendemain de l’arrivée des allemands à Brest, le 20 juin 1940, une réunion se déroule au Forestou-Izella dans le chemin de Kerstears. Plusieurs cheminots du P.C.F sont présents, dont Ernest Mazé, Jean Teurroc, Thénénan Monot mais également Carlo De Bortoli. Il est question de la poursuite du militantisme ; tous sont favorables. En novembre 1940 au dépôt de la S.N.C.F de Brest, il participe au premier sabotage d’une locomotive devant tirer un train chargé de pommes de terre et autres marchandises à destination de l’Allemagne. Ce coup de main est réalisé avec la complicité de Jean Teurroc et Thénénan Monot. Au mois de décembre 1940, la cellule des cheminots du P.C.F est quelque peu renforcée par des nouvelles recrues.

En janvier 1941, la lutte contre l’occupant s’organise au sein du P.C.F. Sont alors instaurés à Brest des groupes de l’Organisation Spéciale (O.S). La cellule des cheminots du parti est scindée en deux groupes formant l’O.S S.N.C.F.

D’après Eugène Kerbaul, Ernest Mazé fait équipe avec Thénénan Monot et un autre camarade inconnu. Tous disposent d’ausweis leur permettant de circuler la nuit pour les besoins de leur emploi. En mars 1941, les cheminots de l’O.S S.N.C.F aidés parfois de Pierre Corre, se livrent à quelques rixes avec des soldats allemands la nuit au port de commerce. En avril 1941, le groupe d’Ernest Mazé fait dérailler une locomotive au port de commerce après avoir bloqué l’aiguillage avec un caillou.

Pour sa part, Ernest Mazé se concentre d’abord sur la diffusion de la presse clandestine et des tracts du Front National (F.N) dans les gares et aux embranchements desservis par la S.N.C.F. Il semble débuter les sabotages à partir de novembre 1941. Nous ignorons le détail des actions qu’il a menées. Il recrute le plombier Jean Tromeur au début de l’année 1942. Durant cet été 1942, il est versé aux Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P).

Le 5 novembre 1942, Ernest Mazé est arrêté sur le lieu de son travail par la police française. Il est interné dans un premier temps au château de Brest avant d’être transféré en janvier 1943 à la prison Jacques-Cartier de Rennes.

Le 29 juillet 1943, sa détention prend fin. Ernest Mazé est relâché faute de charge retenue contre lui. Le résistant revient sur Brest et semble reprendre la lutte. Ayant quelques notions d’allemand, il est chargé de la propagande auprès d’ouvriers ferroviaires d’Outre-Rhin. L’idée est de réveiller l’esprit de la lutte des classes mais en vain, tous y sont hostiles.

Il aurait ensuite participé à d’autres missions et participé aux combats de la Libération de Brest. Nous n’avons aucune information disponible à ce jour pour corroborer ces faits. Ernest Mazé était également lourdement impacté par des soucis à l’estomac suite à son internement.

Après guerre, lors d’une manifestation à Brest le 17 avril 1950, son fils Edouard sera tué par les forces de l’ordre. Ernest Mazé est fait Chevalier de la Légion d’honneur à l’été 1978.

La sépulture d’Ernest Mazé se trouve dans le cimetière de Kerfautras à Brest [Carré 44 Rang 12 Tombe 25]

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (3E467 & 2E/P53) et fonds F.N.D.I.R.P (87S).
  • Archives départementales du Finistère, fiche matricule militaire d’Ernest Miry et dossier individuel de combattant volontaire de la résistance d’Ernest Mazé (1622 W).
  • KERBAUL Eugène, 1270 militants du Finistère (1918-1945), édition à compte d’auteur, Paris, 1985.
  • KERBAUL Eugène, Chronique d’une section communiste de province (Brest, janvier 1935 - janvier 1943), édition à compte d’auteur, Paris, 1992.
  • Brest métropole, service des cimetières - sépulture d’Ernest Mazé.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de Résistant d’Ernest Mazé (GR 16 P 407153) - Non consulté à ce jour.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier d’Interné d’Ernest Mazé (AC 21 P 595083) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.