TEURROC Jean

Jean Marie Teurroc est admis en 1919 à l’école Pratique d’industrie et de commerce de Brest. Durant deux années, il apprend le métier d’ajusteur avant d’entrer en 1921 à la S.N.C.F. Il réside chez ses parents au 24 rampe Gambetta, non loin de la gare. Parmi ces fréquentations, citons l’ouvrier Louis Le Guen avec qui il partage la propriété d’un petit bateau de plaisance.

Syndicaliste à partir de l’année 1936, le cheminot est maintenu à son poste de par son statut d’affecté spécial au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Au lendemain de l’arrivée des allemands à Brest, le 20 juin 1940, une réunion se déroule au Forestou-Izella dans le chemin de Kerstears. Plusieurs cheminots du P.C.F sont présents dont Ernest Mazé, Thénénan Monot ainsi que Jean Teurroc mais également Carlo De Bortoli. Il est question de la poursuite du militantisme ; tous sont favorables.

En novembre 1940 au dépôt de la S.N.C.F de Brest, il participe au premier sabotage d’une locomotive devant tirer un train chargé de pommes de terre et autres marchandises à destination de l’Allemagne. Ce coup de main est réalisé avec la complicité d’Ernest Mazé et Thénénan Monot.

L’année 1941 débute avec l’implantation à Brest de groupes de l’Organisation spéciale (O.S) par le parti. Jean Teuroc adhère alors alors au Parti communiste français clandestin (P.C.F) et intègre le groupe O.S qui se forme à la S.N.C.F. Dans les semaines qui suivent, ils inaugurent une nouvelle forme de sabotage administrative en enlevant ou échangeant les étiquettes de wagons. Ceci provoque une désorganisation et des retards d’acheminement dans le flux ferroviaire en partance de Brest. En mars 1941, il semble que le groupe O.S S.N.C.F participe à quelques rixes contre les allemands la nuit au port de commerce. Le 8 mai 1941, lors d’une tentative d’incendie d’un wagon contenant du matériel militaire allemand, Roger Chaigneau et Jean Morvan sont arrêtés par une patrouille allemande. Un seul résistant parvient à s’échapper, il s’agit de Jean Teurroc. Tandis que le 9 novembre de la même année, le groupe O.S de Thénénan Monot et Jean Teurroc sabote un poste de signalisation près de la gare.

Le groupe O.S de la S.N.C.F se dilue courant 1942 dans les Francs-tireurs et partisans (F.T.P). Les sabotages se poursuivent, à des dates inconnues, notamment en utilisant de l’acide dans les boîtiers de graissage. Il aurait également saboté à l’explosif les plaques tournantes de la gare de Brest.

Le 19 janvier 1943, André Berger et Jean Teurroc font sauter à l’explosif le tableau de commande électrique de la gare de Brest, Paralysant l’atelier de réparation ferroviaire durant 12 heures. Cette opération n’est semble t-il pas passée inaperçue. Jean Teurroc a une altercation avec un de ses supérieurs hiérarchiques de la S.N.C.F. Le 21 janvier 1943, le cheminot résistant est arrêté par l’inspecteur Thomas de la Police française de Rennes.

D’abord interné à Brest, il est ensuite transféré à Rennes puis Paris en prévision de son procès. Durant sa détention et les interrogatoires, il semble avoir été torturé. Affaibli, il se blessa à la prison de Rennes. Le cheminot brestois fut hospitalisé et soigné à Nantes avant d’être réincarcéré. Jugé par le tribunal militaire allemand du Gross Paris, il est condamné à mort le 28 août 1943. Jean Teurroc est fusillé à la forteresse du Mont-Valérien, le 17 septembre 1943, aux côtés de 18 autres résistants communistes brestois. Leurs dépouilles sont transférées le jour même pour inhumation au cimetière d’Ivry-sur-Seine.

Depuis 1947, la sépulture de Jean Teurroc se trouve dans le cimetière de Kerfautras à Brest [Carré 20 Rang 02 Tombe 17]. À titre posthume, ses parents reçoivent pour lui la Légion d’honneur en gare de Brest lors d’une cérémonie en 1949. Depuis cette année là, une rue de Brest porte son nom. Jean Teurroc reçoit également la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile d’argent en 1947 et la médaille de la Résistance française en 1959.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Plaque commémorative - Gare de Brest
Sépulture de Jean Teurroc - Cimetière de Kerfautras (Brest)
Crédit photo : Gildas Priol
Dernière lettre de Jean Teurroc
Source : Archives de Brest, fonds Raphaël Guillou (100S)
Stèle F.T.P du square Yves Giloux à Saint-Marc (Brest)
Avis d’exécution des 19 F.T.P brestois

Sources - Liens

  • Ordre de la Libération, registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 13/09/1959).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistant de Jean Teurroc (GR 16 P 566234), aimablement transmis par Edi Sizun et dossier Procès des FTP de Brest (GR 28 P 8 57 29), aimablement transmis par Brigitte Snejkovsky (2023).
  • La Dépêche de Brest, édition du 29 juillet 1919,
  • Le Télégramme, édition du 19 décembre 1949.
  • Le Maitron, notice biographique de Jean Teurroc.
  • KERBAUL Eugène, 1270 militants du Finistère (1918-1945), à compte d’auteur, Paris, 1985.
  • KERBAUL Eugène, Cahier de mise à jour - 1485 militants du Finistère (1918-1945), à compte d’auteur, Paris, 1986.
  • KERBAUL Eugène, Chronique d’une section communiste de province (Brest, janvier 1935 - janvier 1943), à compte d’auteur, Paris, 1992.
  • CISSÉ Gérard, Rues de Brest - de 1670 à 2000, éditions Ar Feuntelin, 2012.
  • Brest Métropole, service des cimetières - sépulture de Jean Teurroc.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier d’attribution de la mention Mort pour la France de Jean Teurroc (AC 21 P 163352) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture.