LE PAPE Jean

Jean François Louis Le Pape réside chez ses parents au 11 rue de la Mairie au Relecq-Kerhuon. En septembre 1939, il débute un apprentissage à l’Arsenal de Brest, qu’il poursuit sous l’Occupation allemande.

En guise d’amorce à son engagement clandestin il dégrade sur son lieu de travail, et de sa propre initiative, une scie à chaud en février ou juin 1941. En novembre 1941, il revendique avoir intégré le Groupe Le Bec. Nous ignorons son activité au sein de ce groupe durant un an, jusqu’à ce qu’il soit nommé ouvrier le 16 septembre 1942. Cet automne là, le manque de succès de La Relève provoque la mise en place d’une conscription obligatoire pour partir travailler dans les usines allemandes. Jean Le Pape tombe sous le coup de cette mesure impopulaire. Il participe à deux sabotages sur des pilons de l’Arsenal en octobre 1942 puis quitte définitivement son poste, basculant dans la clandestinité.

Il indique avoir participé dans la foulée, en fin 1942, au passage de 11 ou 22 personnes en Angleterre. Il aurait été également en relation avec l’Intelligence Service anglais. Nous n’avons pas de précision et donc aucune certitude vis à vis de ces deux affirmations.

Dans les premiers mois de l’année 1943, il participe avec son groupe à quelques sabotages dans la région du Relecq-Kerhuon. A l’été, des contacts sont noués avec le mouvement Défense de la France (D.F) par l’entremise de Jacques Boulaire qui a de la famille dans le secteur. Les sabotages se poursuivent durant l’été, notamment sur des fils téléphoniques à Gouesnou, Saint-Divy, Kersaint, Saint-Thonan, Guipavas et au Relecq-Kerhuon. En septembre 1943, Jacques Boulaire initie un second corps-franc après celui de Brest. Tâche est confiée à Jean Le Pape de rassembler des connaissances pour des actions fortes, notamment de dérober des tickets d’alimentation pour aider au ravitaillement des réfractaires au S.T.O. Le Groupe Franc Kerhuon-Guipavas voit ainsi le jour avec parmi les premiers recrutés : Laurent Loaec, Jean Bossard et Henri Louarn. La majorité des membres de ce groupe n’a pas vingt ans.

Les actions se poursuivent, entrecoupées par la visite de Maurice Prestaut et de Lemarchand en novembre 1943. En décembre, des journaux clandestins du mouvement sont confiés au groupe qui fait une tournée de distribution à Guipavas et au Relecq-Kerhuon. Des opérations sont menées avec le Groupe Lambert à Dirinon et au début 1944 avec le groupe Action Directe à Coataudon. Arrêté, il parvient néanmoins à s’échapper. Ceci lui cause néanmoins des soucis auprès de sa hiérarchie :

Jacques Boulaire évoque les tensions avec Le Pape :

Le 23 mars 1944, à la suite d’un grave refus d’obéissance - que je pourrais appeler une désertion devant l’ennemi - qui faillit entrainer la capture et la mort de trois de ses camarades, je lui retirais la charge de chef de groupe. Dès lors, il entra en révolte ouverte contre nous...  [1]

En conflit avec ses supérieurs et recherché par les Allemands, Jean Le Pape quitte la région et se rend à Guerlesquin en avril 1944. Sur place, il se met en relation avec le résistant Corentin Lostenlen (1885-1950) et semble participer à la structuration de la Résistance locale. Pour se ravitailler, une opération est menée dans une ferme de collaborateur à Plouégat-Moysan. Le mois suivant Jean Le Pape change de département, on le retrouve dans les Côtes-du-Nord auprès de François Tassel (1918-2016). Avec cette nouvelle connaissance, il participe à plusieurs opérations dont l’attaque de la prison de Lannion le 8 mai 1944 pour libérer 4 hommes et 3 femmes. Il aurait également pris part peu de temps après, à l’attaque d’une voiture d’officiers allemands à Bourbriac. Lui est également confiée la tâche d’effectuer des liaisons avec la Résistance de Noyal, au maquis de Landéhen. Vers le milieu de mai 1944, il s’établit dans ce maquis pour aider à la formation des groupes. Des armes leur seront livrées par le groupe de François Tassel en fin de mois.

Début juin 1944, Jean Le Pape part pour une mission de liaison à Paris. Il se rend au 8 place Dancourt pour déposer un message dans une boîte aux lettres. Après l’annonce du débarquement en Normandie, il décide de regagner sa région natale au début de juillet 1944. Il retrouve sa mère et surtout des contacts dans la Résistance. L’heure est à la formation de groupes de combat, Jean Le Pape et sa mère obtiennent plus d’une trentaine de noms de patriotes du secteur, tous prêts à en découdre. Pour se réunir, un maquis est crée à Kerhuon mais cette agitation soudaine vaut à la famille Le Pape d’être perquisitionnée une seconde fois à leur domicile. Jean ne s’y trouve pas et pour ne pas prendre de risque, il est hébergé chez monsieur Rebouché, au 10 rue Danton au Relecq-Kerhuon. Parallèlement à la préparation du groupe, des contacts sont noués avec les Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P) de Brest et de Landerneau. Ceux de Brest intègrent Le Pape et ses recrues dans leur effectif. Jean Le Pape est affecté comme chef du groupe Teurroc. Les résistants de ce groupe portent un matricule compris entre 80 et 91.

Composition du groupe Teurroc :
80 - Jean Le Pape (alias Roselyne) - Chef de groupe
81 - ?
82 - ?
83 - ?
84 - ?
85 - ?
86 - ?
87 - ?
88 - ?
89 - ?
90 - ?
91 - ?

Ne reconnaissant pas l’autorité mise en place par les F.F.I, les communistes préparent leurs propres unités en commençant par créer des détachements rassemblant plusieurs groupes. Jean Le Pape est nommé adjudant et doit diriger le détachement Liberté, composé des groupes de combat Giloux, Teurroc, Melou et Vuillemin. Toute la seconde moitié du mois de juillet 1944 est consacrée à la mise en œuvre d’opérations de sabotages ou de vols de matériels allemands, notamment à Dirinon. Le 22 juillet le maquis de Kerhuon est localisé par les allemands, les résistants se dispersent rapidement avant leur arrivée. Les actions ne reprennent qu’au début août 1944 et se poursuivent jusqu’à l’évacuation complète ordonnée. Contraint de quitter son secteur, Jean Le Pape et ses hommes se replient sur Landerneau le 17 août. Son équipe disloquée, il s’insère dans le Bataillon F.T.P de Landerneau et participe aux opérations de la réduction de la poche allemande à Plougastel-Daoulas. Enfin, Jean Le Pape est engagé au début de septembre 1944 dans les combats de la Presqu’île de Crozon jusqu’à la reddition complète de la garnison le 19 septembre 1944.

Après la Libération du secteur, il contracte à Landerneau un engagement volontaire dans l’Armée française en reconstruction. Il passe quelques temps au Centre d’instruction divisionnaire n°119 avant d’être déployé dans la région de Vannes au sein de la 19ème Division d’Infanterie. Il passe ensuite au 161ème Régiment d’Infanterie participant aux Troupes d’Occupation en l’Allemagne (T.O.A).

Nous cherchons à mettre un visage sur son histoire, si vous avez une photo de lui, n’hésitez pas à nous contacter.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Commune du Relecq-Kerhuon, registre d’état civil.
  • Archives départementales du Finistère, dossier de combattant volontaire de la résistance (1622 W 15).
  • LE BRAS Joël, Résistance de Brest-Est, texte non publié, 2007.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 363508) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture.

Notes

[1Archives de Brest, fonds Défense de la France (51S), attestation d’appartenance au mouvement de Jean Le Pape par Jacques Boulaire.