TALARMIN Pierre

Pierre Marie Talarmin est le troisième des cinq fils d’une femme au foyer et d’un marin pêcheur de Portsall. Dans les années 1930, il participe avec son frère Edouard (1923-2018) aux régates de Portsall-Kersaint, dans la catégorie Mousse à la godille. En septembre 1936, le jeune Pierre Talarmin a la douleur de perdre son père. Sa mère parvient à subvenir aux besoins de la famille en tenant un commerce de poissons, qui fait également café à Portsall.

Le 19 juin 1940, son grand-frère Edouard, lycéen à Saint-Louis à Brest, embarque à bord du canot de sauvetage de Portsall pour gagner l’Angleterre [1]. Sur place, il s’enrôle dans les Forces françaises libres (F.F.L). Il servira durant la durée de la guerre au sein des Forces navales françaises libres (F.N.F.L). Son frère aîné François (1921-1994) est pour sa part dans les rangs de la Marine nationale. Son bâtiment, l’aviso Rigault de Genouilly, est torpillé au lendemain de Mers el-Kébir et coule devant Alger. Le breton s’en sort et poursuivra son service dans la Marine de Vichy [2].

Au début de l’occupation allemande, Pierre Talarmin doit entrer au lycée de Saint-Louis à Brest, mais à la demande de sa mère, il reste à Portsall pour l’aider et travailler comme pêcheur, de septembre 1940 à février-mars 1942 selon ses souvenirs. Il embarque d’abord comme mousse puis novice sur l’Espérance. Comme partout en Zone occupée, les navires de pêche français sont surveillés quotidiennenement par la douane militaire allemande, la Grenzaufsichtsstelle (G.A.S.T). Lors d’une relâche à Ouessant, tout l’équipage est amené à la kommandantur pour s’assurer qu’il s’agisse bien de pêcheurs et non d’espions Alliés.

Après cette période en tant que pêcheur, Pierre Talarmin intègre l’École préparatoire de la Marine marchande de Paimpol. Ayant du retard dans le cursus à cause du début de la guerre, il redouble d’efforts pour rattraper ses copains de promotion.

Parmi les clients de sa mère, figure Fernand Salaün, qui avec le temps et pas mal de réserve, s’ouvre peu à peu à Pierre Talarmin. Il lui fait comprendre qu’il est de la Résistance et propose en novembre 1943, au jeune portsallais d’en être également. Pierre Talarmin accepte et donne son adhésion théorique au groupement cantonal, qui s’est affilié au Défense de la France (D.F) [3]. Il y aura peu d’actions mais l’intéressé se souvient avoir participé à quelques diffusions de tracts.

Sans pouvoir préciser la temporalité, Pierre Talarmin reçoit un jour la visite du lieutenant russe Aleksander Beregoulenko, de l’Ostruppen Bataillon n°633. Ayant apprit, on ne sait comment, que le jeune portsallais mène des études, l’expatrié russe lui demande de lui fournir des manuels scolaires pour étudier. Malgré la barrière de la langue et l’aspect étonnant d’une telle rencontre, Pierre Talarmin et Aleksander Beregoulenko sympathisent au fil du temps. Ceci sauvera d’ailleurs Pierre et son frère François, alors en permission, lors d’une violation de couvre-feu. Par chance, les deux frères Talarmin tombèrent sur Beregoulenko qui passa l’éponge et les raccompagna à Portsall. En guise de remerciements, les russes eurent droit à un fond d’une bouteille de Cognac provenant du café de la mère Talarmin.

Par l’intermédiaire du résistant brestois Pierre Rivière, alors réfugié sur Ploudalmézeau, Pierre Talarmin aurait rencontré Yves Hily. Ce dernier lui aurait alors fournit une arme de poing. Le jeune portsallais, pour la dissimuler, l’enterra en toute discrétion dans le jardin d’un oncle. Non averti et intrigué par cette terre fraichement remuée, celui-ci déterra l’arme et de peur, profita d’une sortie en mer pour s’en débarrasser, au grand désespoir de Pierre Talarmin qui se fit réprimander par la même occasion. Sans date précise, cette arme pourrait provenir du stock d’armes récupérés par le Groupe Action Directe en mars 1944. Ceci coïncidant avant l’arrivée de Pierre Rivière dans la région de Ploudalmézeau, après sa blessure faites à Brest en fin avril 1944.

À l’instauration des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I), il intègre la section communale de Portsall et participe au recrutement de ses camarades René Kerjean (son futur beau-frère), Jean Quivoron, Alexandre Pellé et Yves Daouben. Si on ne manque pas de volontaires, les armes font au printemps et au début de l’été 1944, toujours défaut. Contacté pour participer à la réception du largage d’armes à Plouguin au début du mois d’août 1944, il loupe l’occasion. Au déclenchement de l’insurrection, Pierre Talarmin participe aux premières opérations. Il est notamment envoyé avec 4 autres F.F.I près de la chapelle Saint-Roch, sur la route Argenton-Saint-Renan, pour tendre une embuscade à d’éventuelles allemands se repliant vers Brest.

Lors de la réorganisation des unités cantonales dans les jours qui suivent, il est affecté au 4ème Groupe de la 3ème Section de la 3ème Compagnie du Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau.

Composition du groupe :
 CALONNEC Jean
 DAOUBEN André (Blessé le 30 août 1944)
 DAOUBEN Yves
 GOUZIEN Jean
 KERJEAN René
 LE FOURN Maurice
 LOUÉDOC Yves
 PALLIER Jean
 TALARMIN Pierre
 TALOC Vincent (Chef de groupe)

Au sein de son unité il participe aux opérations de nettoyage dans le canton avant de poursuivre plus au Sud vers la poche allemande du Conquet. Le 23 août 1944, alors qu’il prend son tour de garde à Brélès, il récupère l’arme d’un camarade F.F.I et lors d’une mauvaise manipulation, il se tire une balle dans le pied gauche.

Évacué sur l’hôpital américain de campagne (107th Evacuation Hospital), établi à Ploudaniel, Pierre Talarmin y est opéré avant d’être transféré à l’hôpital de Landerneau. Il y restera jusqu’au 20 septembre 1944, date de son rapatriement à l’hôpital de Ploudalmézeau.

Après guerre, alors qu’il est employé des Ponts et chaussées, Pierre Talarmin épouse l’institutrice Anne-Marie Kerjean (1921-2014), le 11 septembre 1946 à Landunvez et de cette union naîtront deux enfants. Il travaillera comme géomètre du cadastre jusqu’à sa retraite en 1982.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Carte de Combattant volontaire de la Résistance (CVR) de Pierre Talarmin
Pierre Talarmin (2022)
Crédit photo : Gildas Priol

Sources - Liens

  • Pierre Talarmin, témoignages oraux (2022).
  • Centre généalogique du Finistère (CGF29), registres d’état civil.
  • Archives départementales du Finistère, dossier de combattant volontaire de la résistance (1622 W 7).
  • La Dépêche de Brest, éditions du 29 août 1934.
  • Françaislibrest.net, notice synthétique d’Edouard Talarmin (frère).
  • WW2 US Medical Research Centre, 107th Evacuation Hospital.
  • ANDRÉ Jacques, Le Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau, édition à compte d’auteur, Brest, 2003.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 561143) - Non consulté à ce jour.

Notes

[1Avec l’aval et le soutien moral de sa mère.

[2Après le sabordage de la flotte, il est versé au corps de la Gendarmerie maritime à Toulon, où il entre en Résistance.

[3Pierre Talarmin n’avait jamais entendu ce nom sous l’occupation, ni vu un seul exemplaire de ce journal clandestin.