Aleksander Beregoulenko (Александр Берегуленко en cyrillique) semble avant guerre mener des études de médecine. Son parcours est inconnu avant son arrivée en décembre 1943 dans le secteur côtier Ouest de Brest. Avec le grade de lieutenant, il fait partie des officiers de l’Ostruppen Bataillon n°633 de l’Armée Vlassov. Son officier supérieur est le lieutenant en premier Georgu Poutin. L’unité d’Aleksander Beregoulenko est aux ordres de la Wehrmacht, avec pour mission de défendre le littoral français d’une potentielle intrusion des Alliés, dans le cadre du Mur de l’Atlantique.
Durant son séjour dans le Nord Finistère, le russe tente de poursuivre son érudition et cherche à obtenir des manuels scolaires. C’est par ce biais qu’il rencontre Pierre Talarmin de Portsall, étudiant à l’École préparatoire de la Marine marchande de Paimpol. Malgré la barrière de la langue et l’aspect étonnant d’une telle rencontre, Pierre Talarmin et Aleksander Beregoulenko sympathisent au fil du temps. Ceci sauvera d’ailleurs Pierre et son frère François, lors d’une violation de couvre-feu. Par chance, les deux frères Talarmin tombèrent sur Beregoulenko qui passa l’éponge et les raccompagna à Portsall. En guise de remerciements, les russes eurent droit à un fond d’une bouteille de Cognac provenant du café de la mère Talarmin. Les échanges de manuels scolaires, notamment sur les mathématiques, s’en suivront jusqu’à l’été 1944.
Avec l’arrivée des américains dans le secteur en août 1944, et en accord avec les Forces françaises de l’intérieur, une partie de l’Ostruppen Bataillon n°633 fait défection à l’armée allemande. Aleksander Beregoulenko rejoint ainsi le maquis de Kergoff à Tréouergat. Avec son unité, devenue la Compagnie Russe des F.F.I de l’arrondissement de Brest, il participe aux combats de la Libération dans le canton de Ploudalmézeau avant d’être déployé plus au Sud, pour la réduction de la poche allemande du Conquet. Durant ce second temps, il retrouve Pierre Talarmin dont il ignorait son appartenance à la Résistance.
Après la fin des combats dans l’arrondissement de Brest, Aleksander Beregoulenko se rendra au chevet de Pierre Talarmin, blessé par balle le 23 août 1944. Le russe lui annonce qu’il part bientôt. En guise de remerciements pour sa camaraderie, Aleksander Beregoulenko offre une photo de lui au jeune portsallais et lui fait don d’une moto allemande subtilisée et cachée à Ploudalmézeau. Il indique l’emplacement de la moto à Pierre Talarmin pour qu’il puisse la récupérer quand il sera rétabli. Hélas, le véhicule se sera volatilisé à son arrivée.
Nous ignorons ce qu’il est advenu d’Aleksander Beregoulenko. Il a probablement été conduit à Rennes comme ses camarades d’infortune de l’U.R.S.S pour être remis à des officiers soviétiques en vue d’un rapatriement maritime depuis Bordeaux, vers la mère patrie.