Marcel Hervé Marie Le Mest est le fils d’une ménagère et d’un quartier-maître chauffeur. Scolarisé à l’école de la place Guérin dans les années 1930, il est également membre du patronage de l’Avenir de Brest. Marcel Le Mest y pratique entre autres, le fifre et se lie d’amitié avec Georges Bernard et son cousin Constant Gouraud. La famille réside au 26 bis rue Coat ar Guéven, quand le père de Marcel Le Mest succombe en décembre 1934. Sa mère se remarie en 1936 à Brest, avec un jeune veuf. La famille s’établit alors au 16 rue Kérivin.
Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le jeune brestois originaire de Landunvez n’est pas encore mobilisable et dans le désordre de la débâcle de juin 1940, il n’est pas appelé à servir sous les drapeaux. Au début de l’occupation Allemande, il travaille comme cordonnier.
En juillet-août 1940 selon ses souvenirs, mais plus vraisemblablement pas avant le mois de septembre de la même année, Marcel Le Mest est contacté par son ami Georges Bernard pour intégrer le Groupe Élie. Marcel Le Mest accepte et donne son adhésion au groupe dans le café de Georges Gauvard, place Guérin. La nouvelle recrue est ainsi présentée à son chef, Joseph Prigent. Si Jean Pouliquen et François Pondaven, également membres du groupe, attestent de l’enrôlement de Marcel Le Mest, il est plus difficile de cerner ses activités. Le principal intéressé n’évoque pas d’action précise car il semble avoir déchanté à cause de l’organisation et par le manque de discrétion lors des premières réunions.
En 1956, lors de la constitution de son dossier de demande de carte de Combattant volontaire de la Résistance (C.V.R), une nouvelle attestation de Jean Pouliquen, viendra compléter le dossier, indiquant que Marcel Le Mest a récupéré pour le groupe des armes, munitions, révolvers et grenades d’origine anglaise abandonnées lors de la débâcle de juin 1940. Cette action n’étant pas revendiquée par Marcel Le Mest, elle reste à étayer.
Quoi qu’il en soit, Marcel Le Mest gravite autour du Groupe Élie et le 16 mai 1941 vers 7 heures, il apprend par Milou - Marie-Louise Bernard (1925-2019), sœur de Georges Bernard, que ce dernier a été arrêté avec d’autres camarades la veille. Marcel Le Mest quitte précipitamment Brest pour se mettre au vert chez une tante, dans sa ferme au Folgoët. Bien lui en a pris car il semble qu’au même moment, les services allemands perquisitionnaient son domicile. Le jeune brestois en fuite n’est cependant pas inquiété ni catégorisé comme fugitif par les allemands [1].
Sur place, il aide aux travaux de la ferme jusqu’en juillet 1943, avant de revenir sur Brest. Marcel Le Mest parvient alors à se faire embaucher comme dessinateur à l’arsenal. À partir de septembre 1943, sans que l’on sache par quel truchement, il collecte des renseignements, notamment sur les Sperrbrecher SB1, SB7 et SB8. Ces informations sont transmises à Pierre Beaudoin du mouvement Défense de la France (D.F). Il est envisageable que ce soit par l’intermédiaire de Jean Bizien ou Pierre Bernard, voisins de la rue Kérivin, que Marcel Le Mest entre en contact avec ce mouvement. Durant cette période, il aurait également participé à la fabrication de faux papiers pour la Résistance.
Toujours en automne, Marcel Le Mest épouse Marguerite Gouraud (1922-2013), sœur de son ami Constant, le 4 octobre 1943 à Plouguerneau et de cette union naîtront deux enfants.
Son action clandestine se poursuit jusqu’à la dispersion des effectifs brestois du mouvement en mai 1944. À compter de ce mois, nous ignorons les activités de Marcel Le Mest jusqu’à la Libération.
Après guerre, Marcel Le Mest poursuit sa carrière à l’arsenal en tant qu’agent technique de la Marine puis chef de travaux. Il prend sa retraite dans les années 1980.