Laurent Larreur passe son enfance, avec deux sœurs et son frère, au 99 route de Paris en Lambézellec. Les enfants ont la douleur de perdre leur père en 1914 et leur mère en 1919. Laurent Larreur suit le sillon de son défunt père et s’engage dans la Marine nationale. Après dix huit mois de service, il est réformé et rendu à la vie civile. Il rebondit en se faisant embaucher comme agent technique, spécialisé monteur-électricien, à l’Arsenal de Brest. Laurent Larreur épouse Lucienne Teurnier (1912-2002), le 25 septembre 1934 à Brest et de cette union naîtront trois enfants. La famille s’installe au 82 rue Bruat en 1936 et déménage au numéro 22 de la même rue quelques temps plus tard. À la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il reste à son poste à l’Arsenal de par son double statut d’affecté spécial et de réformé de la Marine.
Au tout début de l’occupation, ne souhaitant pas travailler pour les Allemands et profitant d’une circulaire émanant de la Direction des constructions navales, Laurent Larreur et plusieurs de ses camarades se portent volontaires pour partir en Normandie réparer des circuits téléphoniques endommagés lors de la débâcle de juin 1940. Sur place, les brestois se rendent compte de leur erreur, le chantier servant directement aux Allemands. Ne pouvant repartir, ils font preuve d’une mauvaise volonté pour ralentir les travaux. L’équipe mène même quelques petits sabotages sur les fournitures et installations déjà existantes. Le groupe de travailleurs réfléchit à passer en Angleterre mais la région est très fortement occupée, ils abandonnent rapidement cette idée.
Le groupe de travailleurs est ensuite dirigé sur la région parisienne où ils tirent des lignes entre Massy-Palaiseau et Orly. La même attitude est alors en vigueur qu’en Normandie. À la fin de l’année, Laurent Larreur et ses collègues rentrent sur Brest et réintègrent l’arsenal. Par mesure de sécurité du fait des bombardements sur Brest, Laurent Larreur place sa famille à l’abri dans la région de Ploudaniel.
Sa date d’entrée en résistance est incertaine. En 1945, Laurent Larreur indique avoir été approché au début de 1941 par un des ouvriers de son équipe, Charles Faujour, qui lui confie faire partie d’un groupe de renseignement. Les deux électriciens se seraient alors mis d’accord pour travailler ensemble et collecter des informations sur les installations et navires allemands à Brest, pour le compte du réseau F2.
Si chronologiquement cela tient la route, en 1953 Laurent Larreur date plutôt son entrée en résistance à compter du mois de mai 1942, quand par l’intermédiaire de Joseph Paugam il intègre le Groupe Maudire, ne mentionnant aucunement l’organisation clandestine précitée. Charles Faujour arrêté ce même mois de mai 1942, Laurent Larreur n’œuvre désormais que pour la seconde structure, à l’exception de deux voyages à Rennes pour remettre du courrier sur la demande d’un camarade de Charles Faujour, dont l’identité n’est pas connue.
En mai 1943, ce petit groupe de résistants s’amalgame dans le Groupe Marine, lors de la fusion des deux entités. Dans le courant de l’année, ces éléments entrent en relation avec le mouvement Défense de la France (D.F), actif depuis peu dans la cité du Ponant, qui leur fournit désormais des journaux clandestins. De son côté, Laurent Larreur poursuit ses actes de sabotages sur le matériel électrique allemand, notamment à bord des navires en décuplant l’ampérage de certains circuits pour en altérer rapidement la durée de vie.
L’heure est à l’unification des forces et dans le premier semestre de l’année 1944, une restructuration de la résistance s’opère à l’arsenal. Laurent Larreur bascule alors dans une plus vaste structure qui prend le nom de Groupe Arsenal. Pour palier aux coupures d’électricité et au manque d’informations suite au débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, Laurent Larreur et son équipe fabrique des postes à accus, postes à piles et postes à galène pour la Résistance. Il en garde quelques uns pour les disposer au Drennec et à Ploudaniel, dans la ferme qui lui sert de lieu de repli familial.
Début août 1944, faute d’armes pour les résistants de l’arsenal, il reçoit l’ordre par Joseph Paugam et Honoré Chalm de prendre le maquis à Ploudaniel. Laurent Larreur se met alors à la disposition des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I) de Ploudaniel. Il participe à la réception du parachutage d’armes dans la nuit du 2 au 3 août 1944, dans la lande de Kervillon. Il aide au transport du matériel jusqu’au maquis tout proche de Touldrezen.
À l’arrivée des S.A.S du 3ème Régiment de chasseurs parachutistes, largués dans la nuit du 4 au 5 août 1944, Laurent Larreur accueille le Stick N°6 à son domicile. Après un repas, les S.A.S veulent mener un coup de main contre le château de Kerno où se trouve un P.C allemand. Ils se rendent au bourg de Ploudaniel pour obtenir des vélos pour mener l’attaque. Laurent Larreur suggère aux S.A.S de se rendre au maquis de Ploudaniel pour trouver d’autres volontaires pour l’attaque. Sur place, les S.A.S retrouve leur commandant, le capitaine Sicaud. Les plans changent, ce sera Lesneven qui sera attaqué.
Le contact avec les S.A.S est bon, Laurent Larreur reste avec eux les jours suivants lors de leurs opérations de harcèlement dans la région de Ploudaniel-Lesneven. Détaché auprès du Stick n°2 commandé par le sous-lieutenant Gustave Puidupin, le brestois leur sert de guide et d’éclaireur jusqu’aux abords de Lambézellec. Avec l’arrivée des troupes américaines dans le secteur, les S.A.S sont rapidement désengagés du front le 11 août 1944.
Le résistant brestois souhaite poursuivre avec les parachutistes reste néanmoins à leur côté et suit cette unité jusque dans le Morbihan, à Vannes et Auray notamment. Les S.A.S sont ensuite dirigés vers la Normandie pour embarquer à Arromanches à destination de l’Angleterre en prévision de leur prochaine mission aéroportée. Laurent Larreur n’embarque pas avec eux et après leur départ le 23 août 1944, il reprend la route vers le Finistère.
Parvenu à Gouesnou, il regagne les rangs des F.F.I et semble participer à la fin des opérations militaires dans la poche du Conquet. Versé au Bataillon F.F.I de sécurité à la fin des hostilités, il participe au nettoyage des zones de combat jusqu’à la dissolution de son unité fin septembre 1944. Il est ensuite employé à la surveillance de prisonniers jusqu’en novembre 1944.
Après guerre, Laurent Larreur reprend son poste à l’Arsenal et déménage au 82 rue Bruat. Pour son engagement clandestin, il reçoit la médaille de la Résistance française en 1946.
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