Aldéric Lecomte fait Polytechnique, avant d’entamer une carrière d’ingénieur pour les Ponts-et-Chaussées à Brest à partir de 1928. En 1939, il réside au 17 rue Branda. Mobilisé au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il est démobilisé après la défaite et rendu à la vie civile en juillet 1940.
La période d’entrée en Résistance d’Aldéric Lecomte est incertaine, tout comme l’identité de son recruteur. Selon Georges-Michel Thomas et Alain Le Grand, l’ingénieur brestois aurait été contacté en décembre 1941 par Jean Gosset. Ceci est plausible, en effet, cet ancien professeur de philosophie du Lycée de Brest revient dans le département en fin 1941 pour tenter renouer des liens avec d’anciens membres du mouvement d’avant guerre Esprit. Le lien entre Lecomte et Gosset n’est cependant pas connu.
Une autre version, revendiquée elle par Tanguy Prigent en 1948 et relayée par l’historien Christian Bougeard dans son ouvrage consacré au ministre [1], laisse à entendre que ce serait le ministre qui aurait contacté Aldéric Lecomte.
Bien que diamétralement opposées, ces deux versions convergent vers l’intégration de l’ingénieur Lecomte au mouvement Libération-Nord (L.N) au début 1942. À ceci s’ajoute sa participation à la collecte de renseignements militaires pour le réseau Cohors, après avril 1942. Ce réseau étant dirigé par Jean Cavaillès et son adjoint Jean Gosset, la première version du recrutement d’Aldéric Lecomte semble être à privilégier. En 1943, il devient l’un des responsables du réseau au niveau départemental et régional, en liaison avec François Tanguy-Prigent. Ceci amène Aldéric Lecomte à effectuer de nombreux déplacements pour rencontrer les agents et recevoir les informations collectées.
À Brest, il se met en relation avec d’autres résistants pour récolter et partager des informations, parmi eux, citons Mathieu Donnart, futur chef départemental du Finistère des F.F.I, le pharmacien Yves Allanic, Pierre Quéau l’ingénieur du génie et Edouard Riban, en poste à l’organisation du ravitaillement à Brest. Il recrute également, en juillet 1942, Henri Goar comme agent à Guipavas. Aldéric Lecomte dispose également d’une agente de liaison sur Brest, en la personne de Ghislaine Scheidhauer. Le réseau se développe fortement dans le Finistère et le Morbihan, un peu moins dans les Cotes-du-Nord.
Aldéric participe à l’hébergement d’aviateurs alliés sur Brest. Il milite également auprès des institutions françaises locales pour un laxisme à la mise en place du Service du Travail Obligatoire (STO). Il semble avoir échappé de peu à une arrestation par la police de sûreté allemande.
En janvier 1944, Victor Le Gorgeu effectue une tournée spéciale dans les 4 départements pour réunir les membres des Comités de la Libération. À Brest, il organise une réunion chez le Pharmacien Yves Allanic où sont présents : Jean-Louis Rolland, Charles Berthelot, Mathieu Donnart et Aldéric Lecomte. C’est le pharmacien qui est alors pressenti pour prendre la présidence du comité de Libération du Finistère. Tous sont du mouvement Libération-Nord.
Entre février et avril 1944, Aldéric Lecomte est choisi pour devenir le futur préfet du Finistère, sitôt la Libération.
Le 4 août 1944, il prend officiellement ses fonctions de préfet du Finistère, après la destitution par les F.F.I de Stéphane Leuret, préfet par intérim. Le 9 août 1944, la population est informée officiellement de sa nomination. Il nomme les sous-préfets à Brest, Morlaix et Châteaulin. Lecomte est épaulé pour le temps de l’épuration par le Comité de la Libération du Finistère (C.D.L).
En 1945, Aldéric Lecomte reçoit la médaille de la Résistance et la King’s Medal for Courage in the Cause of Freedom. Il est également nommé au grade de Chevalier de Légion d’honneur pour son engagement dans la Résistance. Présent à Brest lors de la visite du général De Gaulle en juillet 1945, il reste en poste jusqu’en 1948 dans le Finistère avant d’être muté dans l’Hérault. Il y décède subitement un an plus tard.
En 1966, la ville de Brest lui rend un ultime hommage en donnant son nom à une rue du port de commerce.