François Corentin Gloaguen est le cinquième des douze enfants d’une ménagère et d’un cultivateur. À ses 15 ans en 1924, il intègre la congrégation des Frères de l’instruction chrétienne de Ploërmel en tant que novice. L’année suivante, il mène des études scolastique avant d’intégrer le juvénat Notre-Dame au Folgoët près de Lesneven, pour se préparer au professorat. Devenu instituteur, il enseigne au Folgoët en 1928 puis à l’école Saint-Yves d’Elliant en 1929. Appelé sous les drapeaux, François Gloaguen effectue son service militaire en 1930. Rendu à la vie civile, le Frère François Gloaguen enseigne dans les années 1930 à l’école Saint-Joseph de Châteauneuf-du-Faou, l’école Saint-Charles de Plouarzel avant d’être nommé directeur de l’école Saint-Joseph de Combrit en 1936.
Mobilisé à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale en 1939, François Gloaguen troque son uniforme d’instituteur pour celui d’adjudant-chef au 127ème Régiment d’infanterie (127e R.I). Fait prisonnier, probablement lors de la bataille de Rethel durant la débâcle en juin 1940, il est interné au Stalag XVII-A de Kaisersteinbruch en Autriche. Durant sa période de détention, le prisonnier de guerre finistérien perd des cheveux. De connivence avec la Croix rouge, il parvient à obtenir un rapatriement sanitaire, se faisant passer pour un malade contagieux.
De retour en France en 1941, il obtient sa démobilisation. À partir de 1942, il est nommé directeur de l’école Saint-Henri à Brélès ; poste qu’il conserve durant toute l’occupation allemande.
La date d’entrée en Résistance de François Gloaguen est inconnue, probablement entre 1943 et 1944, tout comme nous ignorons également l’identité de son recruteur. Quoi qu’il en soit, le directeur de l’école de Brélès rejoint la Résistance cantonale de Ploudalmézeau, qui s’active autour du notaire Henri Provostic. Les actions de François Gloaguen sont mal définies, il participe néanmoins au recrutement théorique de volontaires prêts à prendre les armes quand viendra l’insurrection. Parmi les recrutements qu’il effectue, citons Pierre Le Néa vers février 1944 et Jean Piriou en avril de la même année. Selon les archives de la Résistance cantonale de Ploudalmézeau, les effectifs recrutés à Lanildut, Brélès, Lampaul-Plouarzel et Plouarzel, ne dépassaient pas les 20 volontaires en mars 1944.
C’est pour ce même périmètre, et au regard de son expérience militaire, que François Gloaguen semble devenir le responsable local de la Résistance. L’organisation se poursuit, la ferme de Pors Névez puis quelque temps plus tard celle de la Roche-Plate en Brélès sont choisies comme lieux de rassemblement et de convergence (maquis) pour les membres des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I) quand sonnera l’heure des combats. Après le débarquement en Normandie le 6 juin 1944, le recrutement s’envole pour atteindre plus d’une centaine de volontaires.
À l’insurrection en août 1944, le Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau se constitue. Le Frère François Gloaguen prend la tête de la 4ème Compagnie, qui à son apogée rassemblera les quelques 120 F.F.I de Brélès, Lanildut, Lampaul-Plouarzel et de Plouarzel, auxquels s’ajouteront quelques brestois repliés après l’évacuation complète de la ville. Outre son rôle de commandant de compagnie, François Gloaguen prend également la tête de la 1ère Section. En tout, il dispose de 9 groupes de F.F.I.
Organisation de la compagnie [1] :
– Section F.F.I de Brélès, commandée par François Gloaguen
– Section F.F.I de Lanildut, commandée par François Bossard, Nicolas Eliès et Pierre Lalla
– Section F.F.I de Lampaul-Plouarzel et Plouarzel, commandée par Pierre Pallier
À la tête de son unité, il prend part à la Libération de son secteur. Durant la matinée du 10 août 1944, sa compagnie met en déroute une patrouille allemande dans le bourg de Lanildut. Cette reconnaissance était menée depuis une embarcation en provenance de la pointe fortifiée du Corsen. Sept prisonniers furent faits et diverses armes et munitions saisies. Dans l’après midi, c’est un convoi de camions en provenance du Conquet qui se dirige vers Lanildut qui est attaqué par les troupes de François Gloaguen. Là encore l’ennemi est mis en déroute et des prises de guerre sont faites. Il semblerait que l’objectif de cette unité allemande était de commettre des représailles tant à Lanildut qu’à Brélès, suite à la disparition de la patrouille matinale.
Le Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau est ensuite engagé à la réduction de la poche allemande du Conquet. Le 29 août 1944, la compagnie du Frère François Gloaguen occupe le bois de Kerrourien au Sud du village de Ploumoguer. L’axe de progression au début du mois de septembre 1944, s’effectue en direction du Sud-Ouest, entre Lanfeust et Trébabu. Les combats durent jusqu’au 10 septembre 1944, date de reddition complète des allemands dans la poche du Conquet.
Après la Libération, alors qu’il aurait du reprendre l’enseignement à Brélès, il est congédié de son poste et de sa congrégation. Cette décision reste à ce jour inexpliquée. Elle est en tout cas très mal vécue par François Gloaguen qui entre en dépression. Il quitte le Finistère et se pose à Rennes avant de se diriger vers la Sarthe pour reprendre le chemin de l’enseignement, toujours dans une école catholique mais en tant que personnel civil. Enfin, après quelque temps en poste, il monte en région parisienne et devient enseignant à l’école Saint-Edmond de Meudon. François Gloaguen y tombe amoureux et épouse l’assistante sociale Sidonie Paulette Joyeux (1920-2016), le 19 juillet 1948 à Saint-Hilaire-en-Lignières dans le Cher. De cette union, naîtront une fille et deux fils. Il restera dans cet établissement scolaire jusqu’à sa retraite en 1973.
François Gloaguen n’entreprend pas, après guerre, de démarche pour faire homologuer ses services dans la Résistance, laissant une mémoire partielle de son engagement.