Pierre Louis Victor Loiselet est le fils de Jeanne Malbranche et d’Henri Loiselet, officier de marine. La famille réside rue du Château à Brest, lieu privilégié d’installation du monde militaire. Henri Loiselet est notamment à compter de 1903, commissaire-rapporteur auprès du conseil de guerre, ce qui en fait un personnage connu du public brestois. Il occupe cette fonction jusqu’à son décès. La Dépêche de brest nous apprend, le 15 septembre 1908, son décès survenu le 12 septembre chez lui en Côte-d’Or, où il était parti se reposer, car surmené depuis quelques mois. Il y fut terrassé par la typhoïde. C’est à Pagny-la-Ville que Jeanne (1898-1969) se retire dans la maison familiale après le décès de son mari.
Après un baccalauréat maths lettres, le jeune Pierre Loiselet fait des études brillantes qui lui permettent d’accéder à la prestigieuse École centrale de Paris, dont il sera de la promotion 1922, ingénieur des arts et manufactures. Après une préparation militaire, il est incorporé suite à ses études au service militaire en mars 1922. Il en est libéré le 1er septembre 1923. Entre temps, il a incorporé le cursus d’élève officier de réserve, il est effectivement sous-lieutenant pendant la dernière année de son service militaire actif. Il reste dans la réserve militaire qui le voit devenir capitaine de réserve en septembre 1939. Il est chargé jusqu’à sa démobilisation en septembre 1940 au ministère de l’Armement à la fabrication industrielle (artillerie).
Le 29 décembre 1923, il épouse Marcelle, Paule Estienne, la fille du contre-amiral Charles Estienne (1864-1946), originaire de Brest et résidant à Landunvez. Ils auront huit enfants. A Lesneven, il crée l’Entreprise bretonne de bâtiment, dont une succursale existe à Landerneau. Il y exerce comme architecte.
On retrouve Pierre Loiselet dans plusieurs organisations : l’union patronale du bâtiment du Léon (Lesneven, landerneau, Lannilis) dont il est le secrétaire, l’association des officiers de réserve dont il est membres du bureau départemental. En décembre 1938, il organise la lutte contre l’incendie qui ravage un bâtiment de la Retraite du sacré cœur, qui abrite des religieuses.
De milieu catholique pratiquant, il est proche du chanoine Marcel Kerbrat, qui a rejoint la Retraite de Lesneven avec le grand séminaire - les bâtiments de Kerfeunteun ayant été réquisitionnés par les troupes allemandes comme casernement.
Capitaine au service de l’armement à Hennebont, il avait été fait prisonnier de guerre en juin 1940, mais libéré en juillet au titre de soutien de famille. L’activité professionnelle tourne au ralenti, car Pierre Loiselet, dont l’entreprise était très importante avant-guerre, refuse tout contact avec l’occupant. Il se contente de « menus travaux pour les Français, recherchant sa clientèle parmi les patriotes. A toujours systématiquement refusé les offres pourtant alléchantes de l’occupant » (dossier SHD-Vincennes).
Le profil professionnel de Pierre Loiselet est un atout intéressant pour un réseau de résistance : il connaît bien le monde des patrons finistériens, il est architecte dans une région au centre du dispositif de défense de la forteresse de Brest, il a des compétences militaires et le réseau qui s’y ajoute. L’association des officiers de réserve de Brest possédait avant-guerre un réseau d’instruction particulièrement bien implanté sur le Finistère-Nord. Il prend contact dès mars 1943 avec des réseaux de résistance (lesquels ?) puis le mouvement Défense de la France (D.F), dont il devient un agent de renseignement.
Intégré à Libération-Nord (L.N) au printemps 1944, il avait été contacté par son responsable cantonal, le lieutenant de réserve Paul Jacopin, avec l’accord du colonel Berthaud, chef départemental, pour organiser les FFI de la région de Lesneven.
Il n’a pas le temps de prendre son commandement, qu’il est arrêté à son domicile, rue de la Marne, le 18 juillet 1944, comme chef d’organisation subversive. Transféré au siège du S.D à l’école de Bonne-Nouvelle de Kérinou, il y est interrogé pendant trois jours puis est enfermé à la prison de Pontaniou, où il occupe la même cellule que Roger Bothuan, FFI de Kerlouan. Au début du mois d’août 1944, avec l’approche des troupes américaines, les Allemands se préparent à soutenir un siège. Ils vident la prison des résistants encore détenus et les exécutent sommairement le 7 août 1944. Pierre Loiselet fait partie du second groupe de résistants extraits de la prison le 7 août vers 4 h30 du matin. Conduit en un lieu encore inconnu, il est fusillé. Il fait à ce jour partie des disparus de Pontaniou.
À titre posthume, il est nommé Chevalier de la Légion d’honneur et reçoit la médaille de la Résistance française en 1958.