Alain Marie Daniel travaille comme ouvrier boulanger à Landerneau. Il réside chez ses parents avec ses sœurs au Four à Chaux, sur la route de Brest à Landerneau.
Contacté en février 1944, il rejoint les rangs de la Résistance en intégrant le Groupe Lambert, d’obédience F.T.P. Il semble avoir participé à des coups de main contre l’occupant, notamment aux sabotages de la voie ferrée le 18 et 27 février 1944 entre Dirinon et Landerneau, provocant le déraillement de trains.
En trois mois, c’est pas moins de six opérations de la sorte qui viennent d’être menées, agaçant l’Armée allemande au point de déclencher une enquête du Sicherheitspolizei-Kommando (S.D) de Rennes. Grâce à un collaborateur zélé, l’enquête se précise et les résistants ne tardent pas à être inquiétés.
Herbert Schaad, officier de la 343ème Division d’Infanterie allemande, affecté à la
Kommandantur de Landerneau, évoque ces premières arrestations :
La première opération à laquelle j’ai assisté à Landerneau a été l’arrestation de Millour, de Bourhis, des deux frères Daniel et les recherches de Lagoguet, de Sizorn, de Keryell, Malgorn, Goulaouic. Cette opération s’est effectuée sur ordre d’un envoyé de la S.D de Rennes qui s’est présenté au capitaine de la Kommandanture pour lui expliquer les raisons de sa venue à Landerneau. Il a prétexté qu’il ne connaissait pas la ville et le capitaine m’a désigné pour que je l’accompagne. L’envoyé de Rennes m’a expliqué par la suite qu’il venait dans le but d’effectuer des arrestations. Il était accompagné d’un civil qui, disait-il, devait lui fournir toutes les indications nécessaires. Il n’a indiqué le nom de ce civil, mais par la suite j’ai appris qu’il s’agissait d’un nommé Guilcher domicilié dans l’immeuble du Chêne Vert, rue de Brest à Landerneau.
Alain Daniel est donc arrêté le 17 avril 1944 à Landerneau. Ramené à la Kommandantur, il est interrogé par le S.D de Rennes auquel s’est joint celui de Brest. Les interrogatoires sont relativement sommaires, les résistants sont transférés sur Brest rapidement. D’abord internés à Pontaniou, les prisonniers sont scindés en deux. Le premier groupe est transféré à Rennes tandis que le second, composé d’Henri Bourhis, André Millour et Alain Daniel, est jugé sur place par un conseil de guerre. Accusés d’actes de sabotages, les trois jeunes landernéens sont condamnés à mort et fusillés le 19 avril 1944.
Les familles, averties des exécutions, n’ont cependant pas le droit de récupérer les dépouilles mortuaires ni de connaître l’emplacement des inhumations pour se recueillir devant les sépultures. Les combats de la Libération de l’arrondissement de Brest, en août et septembre 1944, balaient les minces espoirs des familles d’obtenir davantage d’informations. Ils poursuivront durant longtemps les recherches mais à ce jour, Henri Bourhis, André Millour et Alain Daniel restent portés disparus.
A titre posthume, Alain Daniel est homologué au grade de Caporal et reçoit la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile de bronze, puis en 1956, la Médaille de la Résistance française. Une rue de Landerneau porte son nom en son souvenir.