PHELIPPES DE LA MARNIERRE Yvonne

Yvonne Rousseau-Dumarcet est infirmière auxiliaire à la Croix-Rouge. Formée à Nantes, elle y épouse Daniel Phélippes de la Marnierre le 7 juin 1921. De cette union, naissent quatre enfants. Le couple s’installe à Brest dans les années 20 et s’établit dans un hôtel particulier au 5 rue Traverse tandis que la Clinique, tenue par son époux en binôme avec le docteur Pouliquen, se trouve au 1er étage du 17 rue Voltaire. En 1941, l’hôtel de la rue Traverse est frappé par un bombardement. La famille décide alors de louer en dehors de la ville. Ils jettent leur dévolu sur le château de Kerouartz en Lannilis. Cela n’empêche pas Yvonne d’être souvent présente à Brest, notamment pour donner des cours lors de stages de secourisme à l’École d’infirmières du 15 rue du Château.

Son entrée en Résistance se situe vers le mois d’avril 1943 quand elle intègre le réseau Bourgogne. Elle passe cependant rapidement en juillet 1943, au réseau Jade Fitzroy sous l’indicatif Z/C/10. Yvonne de la Marnierre participe aux liaisons des réseaux et au recrutement pour aider à héberger, nourrir et convoyer les aviateurs Alliés tombés dans la région dès octobre.

Les premiers aviateurs sont anglais mais plus tard ils seront majoritairement américains. Dans cette mission, elle est régulièrement en contact avec Ghislaine Niox et surtout son père, le colonel Michel Scheidhauer. Pour les convoyages, le couple Phélippes de la Marnierre se fait aider par leurs filles ou les jeunes Christian Olivon et Francis Priser. Pour les hébergements, les aviateurs passent de familles en familles chez Jeanne Callarec, les sœurs Marie et Marie-Anne Piriou, Yves Allanic, Jean-Louis Rolland et Louis Bodiger à Lannilis. Quand un départ est annoncé, les aviateurs sont convoyés vers Carantec et Guingamp ou dans le Morbihan.

Fin 1943, l’une des opérations de récupération d’aviateurs est organisée sur la côte de Landéda depuis l’île Guénoc. L’opération échoue par deux fois et le couple Phélippes de la Marnierre accueille les candidats malheureux à l’embarquement au château de Kerouartz qu’ils louent depuis peu. La seconde tentative n’est pas une réussite et apporte même des marins anglais supplémentaires à héberger. La troisième tentative, à la noël 1943, sera la bonne. La phase "Les enfants de Mami étaient bien arrivés" prononcée à la B.B.C le lendemain, rassure tout le monde.

En plus des activités déjà citées, elle diffuse la presse clandestine du mouvement Défense de la France (D.F) auprès de ses connaissances. Yvonne et Roger mettent également leur logement à disposition pour des émissions radiophoniques clandestines et fournissent des renseignements sur les installations côtières allemandes.

En mai 1944, le couple se sent menacé et craint d’être arrêté par les allemands. Sous de faux noms et prétendant exercer la profession de boucher, la famille trouve refuge à Morlaix. Peu de temps après, leur appartement brestois est visité par les services allemands qui le retournent en grande partie pour y découvrir des pièces à conviction.

À la Libération, Yvonne Phélippes de la Marnierre entre au Comité départemental de la Libération (C.D.L) du Finistère. Sur les 18 membres, elles ne seront que deux femmes, la seconde étant madame David, de l’Union des Femmes Patriotes.

Pour son action dans la Résistance, elle est citée à l’ordre de la Division lui conférant ainsi la Croix de Guerre 1939-1945 avec étoile d’argent. Elle reçoit également la King’s Medal of Courage et la Medal of Freedom avec palme de bronze.

Après guerre, la famille réside à Brest jusqu’en 1959 avant de se retirer dans le château de La Touche-Hersant à Lanneray en Eure-et-Loir. En leur souvenir, la ville de Brest dénomme une rue aux noms des époux de la Marnierre en 1984, inaugurée en 1985.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, dossier biographique Phélippes de la Marnierre (16BIO45).
  • Archives départementales du Finistère, dossier de combattante volontaire de la résistance (1622 W 16).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier réseau Jade Fitzroy (GR 16 P 151).
  • COSSIRA Henry, A travers les départements meurtris : Le Finistère, 1948.
  • HUGUEN Roger, Par les nuits les plus longues, éditions Les presses bretonnes, Saint-Brieuc, 1976.
  • DERRIEN Jean-François, Gendarme et Résistant - sous l’occupation 1940-1944, édition à compte d’auteur, Spézet, 1994.
  • LE BRAS Joël, La Croix-Rouge fut leur flambeau - de Solférino à Sadi-Carnot, éditions Celtics Chadenn, 2002.
  • HENTIC Pierre, Agent de l’ombre - Mémoires 1941-1945, éditions de La Martinière, 2012.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossiers d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 167601 et GR 28 P 4 238 33) - Non consultés à ce jour.

Remerciement à Françoise Omnes pour la relecture.