CORRE Anne

Anne Françoise Germaine Corre réside à Daoulas où son père tient un garage sur la route Nationale. Sa mère est institutrice à l’école des filles. Sous l’occupation, Anne Corre est encore étudiante à Brest. Elle ne cache pas son patriotisme dans ses écrits et dans son comportement. Elle fleurit les tombes d’aviateurs alliés tombés dans la région de Brest, notamment ceux inhumés à l’Hôpital-Camfrout.

Son établissement de Brest ferme en avril 1941 à cause des violents bombardements anglais sur la ville. Elle est alors envoyée au lycée Victor-Duruy à Paris où elle retrouve sa cousine Madeleine Dasni. C’est grâce à cette dernière qu’elle rencontre Geneviève de Gaulle, la nièce du Général. Après quelques temps à la capitale où elle fait encore preuve de patriotisme, elle revient dans sa famille puis est envoyée étudier à Morlaix. Elle est présente et assiste au tragique bombardement du viaduc le 29 janvier 1943. Près de 70 personnes trouvent la mort dont 39 enfants. En février, son établissement ferme à nouveau. Elle ne reprend les cours qu’en octobre 1943 à Quimper au Lycée Brizeux.

Se forme en novembre 1943 le groupe Marceau sous l’impulsion d’André Pellen. Sous son pseudonyme Max, il est affilié au mouvement du Front National (F.N). Mis en rapport avec Maurice Briand, il recrute quelques camarades sûrs. Le 11 novembre c’est la première action du groupe, un demi échec lors de la tentative d’assassinat du directeur du S.T.O de Quimper. D’autres actions s’ajoutent rapidement puis en décembre 1943 le recrutement s’intensifie. Les nouvelles recrues sont souvent des copains du Lycée des garçons mais en fin de mois le groupe Marceau est mis en contact avec un groupe de jeunes filles du Lycée Brizeux. C’est ainsi qu’Anne Corre et son amie Jacqueline Razer entre en janvier 1944 dans le groupe Marceau.

Anne Corre a pour mission de pister les agents français à la solde des allemands. Elle sert également d’agent de liaison et semble pratiquer des actes de sabotage en plus de la distribution de tracts.

En février 1944, ce groupe d’action se rapproche de Roger Bourrières du mouvement Libération Nord (L.N). Au début mars le groupe prend le maquis dans un Moulin à Plogonnec au nord de Quimper. Les filles du groupe fournissent le ravitaillement tandis que des armes arrivent pour de futurs coups de main. Des contacts sont noués avec les résistants de Douarnenez, notamment lors d’un transport d’armes.

L’activité se poursuit au gré des changements d’emplacement du maquis et des actions. Le 25 avril 1944, grâce aux indications de Jacqueline Razer et d’Anne Corre, le collaborateur Bernard Massotte est abattu à Quimper place Toul al Laër. Risquant d’être inquiétées suite à cette action, les deux filles prirent le maquis une dizaine de jours avec le groupe Marceau. Anne Corre est clairement identifiée et recherchée par les services de police français et allemands.

Ne pouvant pas rester dans cette situation précaire, le groupe envoie un messager à Nantes auprès du 2ème bureau pour tenter de leur trouver du travail clandestin. Le lendemain, une partie du groupe est arrêtée, la pression s’accentue sur eux, ils déménagent immédiatement. Le 2 mai, Jacqueline Razer et Anne Corre partent vers Douarnenez pour y trouver refuge et servir d’agent auprès de la Résistance locale. Quelques temps plus tard, les deux filles doivent de nouveau déménager pour gagner Brest et s’y cacher. Elles sont attendues au restaurant Au Bon Goûter des sœurs Marie et Marie-Anne Piriou, antichambre de la Résistance brestoise situé au 56 rue Jean Macé. Pour faciliter leur présence dans la Cité du Ponant, le mouvement L.N leur fait obtenir de faux papiers brestois grâce à Jeanne Oui et François Quéffélec du Commissariat Central de la ville.

Le 22 ou 23 mai, Anne Corre a rendez-vous à Brest au Café des Voyageurs avec sa camarade Jacqueline Razer. Pistée par le supplétif Émile Guilcher, Anne Corre est arrêtée en compagnie de Jacqueline. Elles sont amenées et internées à l’école Bonne-Nouvelle de Kérinou en Lambézellec, siège de l’Aussenkommando du S.D de Brest. Elles sont ensuite transférées à Quimper puis Rennes en juin 1944.

Déportée en Allemagne par Belfort le 29 août 1944, Anne Corre, matricule 62813, est dirigée sur Ravensbrück puis à Genshagen où elle est employée de force dans une usine pour femme, à construire des moteurs d’avions de guerre pour Mercedes-Benz. Elle est finalement transférée au KL Sachsenhausen dans les faubourgs d’Orianenburg. Malgré la capitulation allemande en mai 1945, Anne Corre ne donne plus signe de vie.

En février 1947, le Ministère des Anciens Combattants et Victimes de Guerre acte sa disparition. Un an après, le directeur départemental du Finistère de ce même Ministère la déclare décédée en déportation. D’après ses informations, elle aurait succombé fin avril, début mai 1945 à l’infirmerie du camp d’Oranienburg d’une carence alimentaire.

Anne Corre reçoit à titre posthume la médaille Militaire, la Croix de Guerre 1939-1945 avec palme et la médaille de la Résistance française en 1954. Elle est homologuée à titre posthume au grade de Caporal F.F.I.

En 2009, Roger Faligot dans son ouvrage La Rose et l’Edelweiss met en lumière la tragique histoire d’Anne Corre. Suite au livre et en sa mémoire, la ville de Daoulas a donné son nom à une place et une stèle commémorative a été apposée. La ville de Plougastel-Daoulas a également donné son nom à une rue. En 2016, Roger Faligot et Alain Robet lui consacrent une bande dessinée intitulée La fille au carnet pourpre, aux éditions Steinkis.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Stèle commémorative de la Place Anne Corre à Daoulas
Anne Corre à gauche
Roger Faligot & Alain Robet, La fille au carnet pourpre, éditions Steinkis, 2016.

Sources - Liens

  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattante volontaire de la résistance d’Anne Corre (1622 W).
  • Ordre de la Libération, registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 18/05/1954).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossiers d’homologation des faits de résistance d’Anne Corre (GR 16 P 143457) et de Jacqueline Razer (GR 16 P 502113), aimablement transmis par Edi Sizun (2016).
  • Fondation de la Résistance, Musée de la Résistance en ligne, notice biographique d’Anne Corre.
  • Comité de Rédaction de Plougastel-Daoulas, Livre d’or - Les victimes des guerres du 20ème siècle, 1999.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.