LE ROUGE DE RUSUNAN Marie

Marie Renée Cloarec et son frère Jean sont les enfants d’une institutrice et d’un menuisier. En août 1926, ils sont endeuillés par la disparition de leur mère. Marie Cloarec à tout juste 20 ans, quand elle épouse l’électricien Auguste Le Rouge de Rusunan (1907-1964), le 8 septembre 1930 à Landerneau et de cette union naît un enfant. La famille réside avant guerre, rue du cimetière à Landerneau. Mobilisé en 1939, son époux est fait prisonnier durant la débâcle et passera toute la guerre en stalag.

Recrutée dans le réseau Ronsard par son frère Jean en mai 1943, elle abrite les réunions clandestines et le courrier de son organisation.

le 25 mai 1944, le Kommando I.C 343 effectue une série de perquisitions à Landerneau. Sont visés les membres du réseau Ronsard et notamment son frère, Anne-Marie et Hervé Creff ainsi que François Riou. Cinq jours plus tard, c’est au tour de Marie Le Rouge de Rusunan d’être appréhendée.

Transférée à Brest, elle est internée avec d’autres résistantes au commissariat de police de Saint-Martin. Elle est interrogée par l’occupant dans des bureaux rue Jean Jaurès. Le 27 juin 1944, un groupe de l’Action Directe prend d’assaut le commissariat de Saint-Martin pour libérer les résistantes internées. Voulant éviter les représailles, les femmes restent sur place.

Suite à cette tentative d’évasion, et avec l’approches des Alliés, les allemands dispersent les prisonnières. Marie Le Rouge de Rusunan et d’autres femmes sont amenées à la gare pour embarquer dans un train à destination de Quimper. Le périple se poursuit à Angers puis le train parvient en région parisienne. Les résistants prisonniers sont internés à Fresnes. Transférée quelques temps après jusqu’à la gare de l’Est, la bretonne et d’autres camarades d’infortunes sont déportées en Allemagne.

Après l’immatriculation au KL Ravensbrück, Marie Le Rouge de Rusunan (matricule 57658) est affectée successivement à deux Kommandos du KL Buchenwald. D’abord à Torgau, à 50 km au nord-est de Leipzig, dans une usine de munitions et d’explosifs. Elles y sont 250 en janvier 1945. Puis à Alberode, à 40 km d’Eisenach en Thringe où une fabrique d’explosifs a été montée dans une ancienne mine de potasse. Enfin à Mark-Kleberg, dans la banlieue de Leipzig où les détenues travaillent à la finition des leviers d’ailes d’avions pour la firme Junkers.

Libérée par l’avance des Alliés en Allemagne, elle est rapatriée en France mai 1945. Pour son engagement clandestin, Marie Le Rouge de Rusunan est décorée de la Croix de Guerre 1939-1945, avec palme et de la médaille de la Résistance française en 1945. Elle est nommée chevalier de la Légion d’honneur en 1962 et promu officier en 1972.

Publiée le , par Dourdon, Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Sources - Liens

  • LE ROUGE DE RUSUNAN Marie, témoigne (1953).
  • Archives départementales du Finistère, dossier de combattante volontaire de la résistance (1622 W) et fichier départemental des prisonniers politiques et déportés (1397 W 2).
  • Ordre de la Libération, mémoire de proposition de décoration, aimablement transmis par Mathieu Blanchard (2023) et registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 09/09/1945).
  • Arolsen Archives, centre de documentation des persécutions nazies.
  • Fondation pour la mémoire de la Déportation, registre des déportés (I.264).
  • Association Dourdon, Les Cahiers de Dourdon n°15 - Histoires de femmes, 2020, pages 70 à 72.
  • SMLH29N, notice synthétique de Marie Le Rouge de Rusunan.
  • Françaislibres.net, notice synthétique de Marie Le Rouge de Rusunan.
  • La Dépêche de Brest, éditions du 17 septembre 1930 et 25 octobre 1941.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossiers d’homologations de Marie Cloarec (GR 16 P 134234 & GR 28 P 4 126 35) - Non consultés à ce jour.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier de déportée de Marie Cloarec (AC 21 P 562362) - Non consulté à ce jour.

Remerciement à Françoise Omnes pour la relecture.