LE GUEN Eugène

Eugène Léon Le Guen est le fils d’un matelot de la Marine marchande et d’une mère originaire de Porspoder. Peu de détails sont connus sur son parcours d’avant guerre, si ce n’est qu’il embrasse une carrière militaire. Durant la Guerre 1939-1940, il sert comme sergent-chef au 169ème Régiment d’infanterie de forteresse (169e R.I.F). Fait prisonnier à la débâcle le 30 juin 1940, Eugène Le Guen est interné en stalag (où ?). Il y reste jusqu’en fin juillet 1941, période à laquelle il semble être rapatrié pour cause de maladie. Mis en congés de convalescence par l’armée française, il se retire à Porspoder chez ses parents. L’ancien militaire ne peut reprendre une activité physique qu’au début de l’année 1943, en embarquant comme marin pêcheur à Porspoder.

Il indique être entré dans la Résistance en 1942. Cela semble très prématuré, dans la mesure où son nom n’apparaît nullement dans les registres de réseaux de Résistance en activité dans l’arrondissement de Brest à cette période. Sa convalescence étant également à prendre en compte, tout comme le contexte local d’implantation des groupements de Résistance, bien plus tardif. À ce propos, il précise avoir donné son adhésion au groupement cantonal de Ploudalmézeau en d’octobre 1943. Eugène Le Guen aurait été approché par Jean Guellec, entrepreneur à Argenton, via l’entremise du garde maritime de Porspoder, M. Raoul. Ceci est déjà plus probable, le recrutement du groupement en question et de manière générale pour les groupements du Nord de Brest, ne débutant concrètement qu’au printemps 1943 pour s’accélérer dans le second semestre de cette année là.

Quoi qu’il en soit, Eugène Le Guen intègre bel et bien le groupement cantonal de Ploudalmézeau. Il participe à la diffusion de la propagande, que lui remettait un parent appartenant au réseau C.N.D - Castille de Brest (qui ?). À son tour, le sergent-chef recrute 18 volontaires prêts à prendre les armes en cas d’insurrection nationale. En 1944, il sert à deux reprises d’agent de liaison auprès du Commissaire général Pierre Douillard à Landunvez pour la remise de documents liés à la Résistance Marine. À l’instauration des unités combattantes des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I), Eugène Le Guen est prédisposé à prendre des responsabilités de par sa bonne connaissance des rudiments militaires. Nommé chef de groupe, il devient l’adjoint de Charles Le Guen pour commander la section F.F.I de Porspoder. Pour son secteur, un maquis de rassemblement est établi à Penfrat en Porspoder, les recrues devront y converger au moment de l’insurrection pour y récupérer des armes et leurs ordres.

L’annonce du débarquement en Normandie le 6 juin 1944, permet de faire croître l’effectif et de rendre tangible l’organisation clandestine. Eugène Le Guen aurait participé au nettoyage et à l’entretien des armes de sa section, notamment avec le garde maritime Raoul. Mis en alerte au début du mois d’août 1944, les F.F.I se regroupent au maquis de Penfrat et ne tardent pas à harceler les allemands sur leurs positions à la Garchine en Porspoder. L’avance américaine vers Brest et les attaques sur toute la côte nord du Finistère poussent les allemands à se replier sur Saint-Renan, Brest et Le Conquet. Le 8 août 1944, la section de Charles Le Guen entre à Porspoder et verrouille les accès routiers. Dans les jours qui suivent le Bataillon de Ploudalmézeau s’organise pour la suite des combats. Désormais, Eugène Le Guen et son chef de section disposent de près de 80 hommes et quelques femmes, répartis en sept groupes :

Organisation de la Section :
 1er Groupe de combat - Commandé par Jean Lamay
 2ème Groupe de combat - Commandé par Charles Le Vern
 3ème Groupe de combat - Commandé par Michel Arzel
 4ème Groupe de combat - Commandé par Jean Guichoux
 5ème Groupe de combat - Commandé par Louis Kerros
 6ème Groupe d’intendance - Commandé par Pierre Le Treut
 7ème Groupe de réserve - Commandé par François Paul

Avec sa section, qui se place sous les ordres de Louis Kerjean, commandant de la 3ème Compagnie, Eugène Le Guen participe ensuite à la réduction de la poche allemande du Conquet. Ses groupes sont déployés plus au sud, à Plouarzel puis Ploumoguer. La section combat notamment au Corsen puis près d’Illien jusqu’à la reddition complète du 10 septembre 1944. L’unité est alors mise en repos et affectée à de la récupération de matériels, d’armements et munitions sur son secteur.

Démobilisé fin septembre 1944, à la dissolution des unités F.F.I, Eugène Le Guen semble réintégrer l’armée française en reconstitution. Promu adjudant F.F.I à titre temporaire, il est par la suite nommé adjudant-chef en février 1945. Sa carrière semble ensuite l’amener sur Paris où il épouse Gentille Gavini (1922-2011), le 25 avril 1950 à Paris (15ème) et de cette union naitront trois enfants.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (1E250).
  • Bibliothèque nationale de France, bibliothèque numérique Gallica, liste officielle (n°14) de prisonniers français, 11 septembre 1940 (4-LH4-4448).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattant volontaire de la résistance d’Eugène Le Guen (1622 W).
  • Archives F.F.I de l’arrondissement de Brest, rapport du chef de section Kerjean (Argenton).
  • ANDRÉ Jacques, Le Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau, édition à compte d’auteur, Brest, 2003.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistant d’Eugène Le Guen (GR 16 P 357198) - Non consulté à ce jour.