KERJEAN Louis

Louis Alfred Kerjean devance son service militaire et s’engage volontairement en juillet 1929 dans l’armée française. Il sert au 11ème régiment d’artillerie coloniale (11e R.A.C), notamment au Maroc dans les années 1930. Louis Kerjean épouse Suzanne Fily (1910-1978), le 4 mars 1935 à Landunvez et de cette union naitront deux enfants. Toujours en activité à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, le landunvezien est fait prisonnier par l’armée allemande lors de la débâcle, le 18 juin 1940. Il semble avoir été interné dans les stalags XB de Sandbostel puis XI-B à Bad Fallingbostel en Allemagne. Louis Kerjean est rapatrié en novembre 1942, sans doute dans le cadre de la Relève. Mis en congés d’armistice, il se retire à Argenton dans sa commune natale.

Louis Kerjean indique être entré dans la Résistance en décembre 1942, en intégrant le réseau Centurie du mouvement de l’Organisation Civile et Militaire (O.C.M). Il y a sans doute méprise dans la mesure où l’intéressé ne figure pas sur le registre des agents de ce réseau. Il complète son propos et indique être entré au groupement cantonal de Ploudalmézeau en janvier 1943. Ceci paraît également très prématuré, le recrutement de ce groupement ne débutant concrètement qu’au printemps 1943 pour s’accélérer dans le second semestre de l’année. Ses déclarations datant d’après-guerre et émises dans le cadre d’un dossier d’homologation des faits de Résistance, il est probable que Louis Kerjean ait cherché à établir une continuité entre sa libération du stalag et son entrée en Résistance, dans le but d’une prise en compte comme service actif pour son dossier militaire.

Quoi qu’il en soit, Louis Kerjean intègre le groupement cantonal de la résistance et devient le responsable du secteur d’Argenton - Landunvez. Il participe activement au recrutement des volontaires en approchant directement 8 personnes dans sa communes et les environs. Outre l’activité principale d’organiser ensuite le recrutement à plus grande échelle, il diffuse la propagande contre l’occupant et prodigue l’instruction rudimentaire au maniement des armes à son groupe, après mars 1944. À l’instauration des unités combattantes des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I), Louis Kerjean est conforté à son poste. Sa bonne connaissance des rudiments militaires le prédispose à diriger la section F.F.I d’Argenton - Landunvez. Pour son secteur, un maquis de rassemblement est établi à Keryard en Plourin.

Le 5 août 1944, Louis Kerjean rejoint le maquis du Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau à Tréouergat. Il reçoit l’ordre de rassembler sa section pour le 6 août à 8 heures, au lieu préalablement choisi. Le militaire ne perd pas de temps et s’en retourne dans son secteur pour sonner le branle-bas. Le 6 août, Louis Kerjean est de retour à Tréouergat, sans doute pour obtenir de l’armement supplémentaire. Sur place, il se porte volontaire pour faire partie du groupe qui doit attaquer la position allemande (délaissée ?) du château de Lesven Braz en Plouguin. Le raid se poursuit au bourg où les F.F.I font prisonnier un russe blanc. Ce dernier est amené au camp F.F.I de Pont-Ours à Plouguin. Louis Kerjean l’abat alors qu’il tentait de s’enfuir.

Le 7 août 1944, le chef de section d’Argenton - Landunvez est de retour sur son secteur, avec de l’armement supplémentaire. Il semble qu’entre temps, l’harcèlement de la position côtière située à la Garchine par les groupes F.F.I de Porspoder a débuté. Louis Kerjean fait mettre ses groupes en embuscade sur la route Argenton - Saint-Renan à hauteur de la chapelle Saint-Roch en Plourin. L’avance américaine vers Brest et les attaques sur toute la côte nord du Finistère a poussé les allemands à se replier sur Saint-Renan, Brest et Le Conquet. Le 8 août 1944, la section de Louis Kerjean entre à Argenton. Elle fouille les blockhaus et les habitations évacuées pour récupérer du matériel. Le lendemain, l’épuration débute dans la commune.

Entre le 10 et le 25 août, le bataillon s’organise, Louis Kerjean est promu commandant de la 3ème Compagnie, comprenant désormais 4 sections de combat. Il continue également de commander sa section. Pour l’épauler dans sa double tâche, il dispose de trois agents de liaisons : Joseph, Michel et Yves Arzel. Durant ce laps de temps, le secteur est quadrillé et les positions renforcées. L’offensive se porte alors vers le Sud en dépassant Brélès puis Plouarzel pour se porter devant le point haut de Kerveledan à Ploumoguer où se trouve un camp retranché allemand.

Le 28 août 1944, la section relève celle de Louis Beaufrère devant la pointe du Corsen. Le lendemain, elle participe à la réduction de ce point et au refoulement d’une contre-attaque allemande venant en renfort, probablement depuis Illien. Le 29 au soir, Louis Kerjean et ses hommes sont au nord de la plage d’Illien. La troupe opère dans ce secteur et celui de la pointe de Brenterc’h jusqu’à être relevée le 1er septembre 1944. Après quelques jours de repos, l’unité repart à l’assaut d’Illien, du 4 au 10 septembre 1944. Après la reddition de ce point ; les combats sont terminés pour la compagnie de Louis Kerjean.

Versé à l’école des cadres de Quimper à la dissolution des unités F.F.I fin septembre 1944, Louis Kerjean est promu à titre temporaire sous-lieutenant F.F.I. Ce grade est maintenu en récompense de sa tenue au front. Rendu à la vie civile en octobre 1946, Louis Kerjean revient à Argenton où il s’installe comme boucher.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

Télécharger au format PDF

Sources - Liens

  • Famille Kerjean-Ménez, iconographie, documentation et témoignage (2024).
  • Archives départementales du Finistère, dossier de combattant volontaire de la résistance (1622 W 8).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 318543), aimablement transmis par Benoît Ménez (2024).
  • Archives F.F.I de l’arrondissement de Brest, rapport du chef de section Kerjean (Argenton).
  • ANDRÉ Jacques, Le Bataillon F.F.I de Ploudalmézeau, édition à compte d’auteur, Brest, 2003.