Joseph Marie Le Goaster est le sixième des neuf enfants d’une fille de confiance et d’un marin pêcheur. Après des études classiques, il obtient son Certificat d’études primaires supérieures. En 1919, devançant de presque deux années ses obligations militaires, il contracte un engagement volontaire dans l’armée française. Il entame alors une longue carrière au sein d’unités coloniales, qui l’amèneront à transiter par l’Afrique et l’Indochine. Alors sergent, Joseph Le Goaster épouse la couturière Madeleine Gélébart (1905-1944), le 27 décembre 1927 au Conquet et de cette union naît leur fils Joseph Emile (1931-2004). La famille réside alors rue du Croaë.
Avant le déclenchement de la guerre en 1939, il est adjudant-chef au sein du 19ème Régiment mixte d’infanterie coloniale (19e R.M.I.C). Il ne prend donc pas part aux combats en métropole en mai et juin 1940. Par une loi du 25 août 1940, fixant de nouvelles limites d’âge, Joseph Le Goaster est poussé vers la retraite en novembre de cette même année. Il embarque à Hải Phòng fin mars 1941 et débarque à Marseille en août 1941. Rendu à la vie civile, le Conquétois retrouve son port natal et son épouse. De 1943 à 1944, le jeune retraité de l’armée travaille comme secrétaire de mairie au Conquet.
Sans que l’on puisse le certifier, Joseph Le Goaster serait entré en résistance au mois de mai 1943. Nous ignorons l’identité de son recruteur, ainsi que celle de la structure pour laquelle il a œuvré clandestinement. Compte tenu de son âge, son passé militaire et sa position sociale sous l’occupation, il est raisonnable de penser que Joseph Le Goaster ait agi pour le compte du Groupe Luart.
En 1944, il rejoint les rangs des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I). Son grade et ses aptitudes militaires le prédisposent à commander ou encadrer de jeunes patriotes en prévision des combats qui approchent. Lors de la formation de la Compagnie F.F.I de Saint-Renan, lui est confié le commandement de la 3ème Section, comprenant une majorité de Conquétois et forte de 45 hommes au 22 août 1944.
Organisation de sa section :
– 1er groupe de combat, commandé par Michel Léon
– 2ème groupe de combat, commandé par Fernand Léon
– 3ème groupe de combat, commandé par Bernard Prizac
Avec son unité, Joseph Le Goaster participe aux opérations de réduction de la poche allemande du Conquet. Il combat dans la région de Saint-Renan, Ploumoguer, Plouzané, Locmaria-Plouzané et Plougonvelin jusqu’à la reddition complète du secteur le 10 septembre 1944. Le 10 septembre 1944, alors que la Libération du Conquet et la fin des combats sont imminents, un obus de mortier tiré depuis la presqu’île de Kermorvan par les Allemands vient toucher le bourg et frapper mortellement son épouse.
La Libération étant effective, Joseph Le Goaster contracte un nouvel engagement pour la durée de la guerre, à Landerneau en octobre 1944. Vieux briscard, il est affecté à l’école des cadres à Quimper. Mais l’ancien soldat, tout juste veuf, entre en dépression morale et physique, ne parvenant pas à surmonter sa détresse. Il demande en février 1945, à résilier son engagement militaire. Ceci lui est accordé le mois suivant. Il retrouve alors Le Conquet et trouve du travail comme marin pêcheur.
Quelques semaines seulement après son retour, il disparaît en mer lors d’un naufrage le 16 avril 1945. Son cadavre est trouvé en mer cinq jours plus tard au large de l’île de Sein, mais n’est identifié que le 12 juin suivant.
Durant ses 22 ans de carrière militaire, Joseph Le Goaster avait obtenu les décorations suivantes :
– Médaille Militaire
– Médaille coloniale
– Médaille d’Étoile Noire du Bénin