Paul Félix Pierre Le Gent est adopté comme pupille par la Nation en 1923. Durant sa scolarité il obtient un Certificat d’études primaires avant de travailler comme ajusteur à l’arsenal de Brest. Dans les années trente, il réside rue de la Vierge à Lambézellec et adhère à la Confédération générale du travail (C.G.T) ainsi qu’au Parti communiste français (P.C.F), en 1936 ou 1937. Paul Le Gent épouse Yvonne Creff, le 21 avril 1938 à Saint-Renan. Le couple reste vivre dans cette localité et réside dans le quartier Saint-Sébastien.
Mobilisé comme matelot-mécanicien dans la Marine nationale à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale en 1939, Paul Le Gent embarque sur le contre-torpilleur Chacal. Son premier fils Jean-Claude voit le jour fin janvier 1940 à Saint-Renan. Au début février, Paul Le Gent change d’affectation et passe sur le cuirassé Paris. Le navire est opérationnel en mai 1940 et fournit un appui feu dès le mois suivant au large du Havre. Touché par une bombe le 11 juin 1940, le navire parvient à gagner Cherbourg puis Brest d’où il évacue le 18 juin 1940 avant l’arrivée des Allemands. Le Paris rallie l’Angleterre où il est arraisonné par les britanniques au début juillet 1940 lors de l’opération Catapult. Paul Le Gent est alors semble t-il renvoyé en France. Il est démobilisé début septembre 1940 à Toulon et regagne la cité du Ponant. Paul Le Gent reprend alors son poste à l’arsenal, désormais sous contrôle de la Kriegsmarine. Pour sa tenue au combat en 1940, Paul Le Gent est cité à l’ordre du Corps d’Armée et décoré de la Croix de Guerre 1939-1940.
Sur son lieu de travail en septembre 1941, il renoue avec ses collègues P.C.F. Paul Le Gent participe avec eux à l’organisation et au déroulement des grèves patriotiques de l’arsenal en octobre et décembre 1941. En février 1942 son second fils Yvon voit le jour à Saint-Renan.
Avec le groupe de l’Organisation spéciale de l’arsenal, Paul Le Gent franchit une nouvelle étape dans la Résistance en contribuant à des sabotages. Il contribue à ceux du 26 mars 1942 contre les sous-stations électriques ainsi qu’à ceux de juillet 1942, avec ses camarades F.T.P :Pierre Corre, Louis Departout et Pierre Le Bec. Ils réalisent des sabotages de machines-outils à l’arsenal grâce aux tranchets fabriqués par Paul Le Gent permettant de couper les courroies. Selon l’écrivain Eugène Kerbaul en 1985, outre ces sabotages Paul Le Gent aurait réalisé d’autres opérations et participé à des attentats. À ce jour, aucune information n’a pu être trouvée pour étayer ses dires.
Arrêté le 1er octobre 1942 lors de la grande rafle de résistants communistes en Bretagne et particulièrement à Brest, Paul Le Gent est interné à Brest avant d’être transféré en région parisienne en prévision de son procès. Les brestois sont jugés en août 1943, Paul Le Gent est condamné à mort. Il est fusillé à la forteresse du Mont-Valérien, le 17 septembre 1943, aux côtés de 18 autres résistants communistes brestois. Leurs dépouilles sont transférées le jour même pour inhumation au cimetière d’Ivry-sur-Seine.
Selon une attestation (datée de juin 1945) de Félix Germain, l’ajusteur Paul Le Gent aurait fait partie du réseau Quand-Même à partir du mois d’août 1942. En 1947, une nouvelle attestation vient amplifier sa durée d’action, de septembre 1941 à octobre 1942. Il n’en est cependant rien, ce réseau ne s’implantant à Saint-Renan qu’à partir du mois de mai 1943, soit huit mois après l’arrestation de Paul Le Gent... Dix ans plus tard, son appartenance à cette structure est totalement réfutée. Félix Germain avait pris l’initiative d’inscrire Paul Le Gent comme membre de son réseau pour gonfler (macabrement) ses statistiques, provoquant au passage un blocage administratif empêchant la veuve du fusillé de percevoir les droits de pension qu’elle demandait pour elle et ses deux jeunes garçons.
À titre posthume, Paul Le Gent est décoré de la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile de bronze en 1946. Il est nommé administrativement au grade de sous-lieutenant en 1948. Quelques années plus tard, en 1956, Paul Le Gent est nommé Chevalier de la Légion d’honneur et se voit décoré de la médaille Militaire et de la médaille de la Résistance française.
Son nom figure sur le monument aux morts de Saint-Renan, ainsi que sur une plaque commémorative sur le parvis de la mairie. Il l’est également au Mont-Valérien, sur le monument en hommage aux fusillés et sur la stèle en hommage aux 19 fusillés du square Yves Giloux à Brest.