Esther Clara (prénom usuel) Solange Léonie Machtou est la fille de Marie Léonie Henriette Gérardot, couturière. Le 9 février 1920, l’enfant est reconnue par son père Léon Machtou d’origine juive, lors du mariage célébré à Chaville en Seine-et-Oise avec Léonie. Clara est une jeune fille vive et au regard pétillant, qui apprend très jeune à parler couramment l’arabe et l’allemand.
En 1937, Clara Machtou fait connaissance d’un jeune autrichien qui participe à l’Exposition universelle. Malgré l’opposition de ses parents à cette liaison, ils se fiancent la même année. L’année suivante, le jeune homme est dans l’obligation de rentrer au pays, ils continuent néanmoins à correspondre. La déclaration de guerre les sépare définitivement. Le couple se rencontrera pourtant une seule fois, en juillet 1940 sur Paris. Il est en uniforme allemand, la rencontre s’avérera déchirante pour Clara.
Elle est contactée au début du printemps 1941, par le réseau Comète comme hébergeuse occasionnelle. Le contact est probablement établi par Jean-François Nothomb (Franco). Les 20 et 21 août 1941, une rafle de juifs est organisée en région parisienne. Plus de quatre-mille personnes sont arrêtées, dont un millier de juifs français, avant d’être internées à Drancy. Ces mesures obligent la famille Machtou à rejoindre Brest, dès la fin de l’été 1941.
Tout en continuant à apporter son concours à l’évasion d’aviateurs alliés, Clara et ses parents s’installent dans un petit commerce de verrerie et articles de ménage situé au 132, rue Jean Jaurès.
En août 1942, elle est recrutée par Georges Lacroix comme agent de liaison et renseignement pour le compte du réseau Alliance. Le 27 septembre 1943, la Gestapo a malheureusement tendu un piège au 102, rue Jean Jaurès à Brest. Clara est immédiatement arrêtée et incarcérée à l’école de Bonne-Nouvelle, siège de la Gestapo. Le 29 septembre suivant, elle est transférée vers la prison Jacques-Cartier de Rennes sous le numéro d’écrou 4969, cellule 11. Le 2 janvier 1944, Clara est acheminée vers la prison de Fresnes. Elle sera déportée le 24 janvier 1944 vers la prison de Pforzheim, sous le numéro d’écrou 509-590, cellule 12.
Son dossier d’accusation pour espionnage et aide aux puissances ennemies est reçu et enregistré le 2 mars 1944 par le Tribunal de guerre du 3ème Reich (R.K.G). Il n’y aura pas de comparution devant ce tribunal pour Clara, l’avancée des armées alliées sur le sol de France bouleverse le programme nazi. Comme 24 de ses compagnons d’infortune, Clara Machtou subit un simulacre de libération. Elle est extraite de sa cellule le 30 novembre 1944 vers 6 heures du matin, signe le registre de levée d’écrou avec remise d’un billet de 10 marks. Ils sont tous exécutés d’une balle dans la nuque dans le bois d’Hagenschiess situé près de Pforzheim, les corps sont jetés dans un trou de bombe.
À titre posthume, Clara Machtou est décorée de la médaille de la Résistance française en 1946. À Brest, un rond-point portant son nom fut inauguré dans le cadre du 60ème anniversaire de la Libération de la ville en 2004. Suite à la création de la ligne de tramway, ce rond-point a disparu. Une nouvelle rue porte désormais son nom dans le quartier de Fontaine Margot à Saint-Pierre-Quilbignon. À Pforzheim, une stèle proche de la Hochschule et du Hagerschieβ commémore le supplice des 26 agents d’Alliance, dont celui de Clara Machtou.