PHILIP Tanguy

Tanguy Alain Marie Philip est le fils aîné d’une mère au foyer et d’un débitant. Lors de la Première Guerre mondiale, son père est tué en Belgique le 13 mars 1917. La fratrie Philip est alors adoptée comme pupilles de la nation. En 1932, les enfants Philip sont à nouveau endeuillés avec la disparition de leur mère.

Si sa pratique de l’athlétisme est régulière, c’est pour ses talents de footballeur que Tanguy Philip se fait remarquer. Il évolue dans les années 1930 au sein de l’équipe senior de l’Association sportive brestoise (A.S.B) comme demi jusqu’au niveau interrégional.

Sur le plan professionnel, Tanguy Philip travaille comme ouvrier de l’arsenal et réside au 28 rue de l’Église à Recouvrance. Il épouse Marcelle Narbas (1910-2003), le 17 juillet 1933 au Relecq-Kerhuon et de cette union naîtra leur fille Annie (1936-2022). Entre 1936 et 1937, il est envoyé à Toulon pour être formé au métier d’artificier. Sa formation validée, la famille s’installe au 8 Boulevard Gambetta au Relecq-Kerhuon, avec comme voisin au numéro 10, sa belle sœur et son époux Marcel Potin. Désormais, Tanguy Philip travaille à la Pyrotechnie de Saint-Nicolas.

Son parcours durant la guerre 1939-1940 est méconnu, il est probable qu’il soit resté à son poste comme affecté spécial à la pyrotechnie. Sous l’occupation, au début du mois de mars 1941, avec son beau-frère Marcel Potin, ils passent la ligne de démarcation pour ne pas continuer de confectionner des munitions pour les Allemands. Ils souhaitent s’embarquer à Marseille pour l’Afrique du Nord. Après trois semaines de vaines recherches, sans travail et avec des fonds s’amenuisant, l’équipe brestoise s’en revient dans leurs foyers.

Tanguy Philip et Marcel Potin se mettent alors en relation avec Louis Cloarec, lui aussi ouvrier de la pyrotechnie qui projette depuis quelques mois de passer en Angleterre. En une semaine l’équipe est montée et le matériel rassemblé, avec notamment l’idée d’apporter aux anglais, le plan complet de la pyrotechnie.

Mais le 29 mars 1941, alors qu’il se trouve en compagnie de Marcel Potin et Louis Cloarec dans le Restaurant des Fraises de la rue Frézier, pour caler les derniers préparatifs, la Geheime Feldpolizei (G.P.F) de Brest fait irruption pour les arrêter. Incarcéré à la prison du Bouguen, Tanguy Philip est jugé par le conseil de guerre allemand de Brest le 13 juin 1941. Lui est reproché d’avoir connaissance d’une entreprise tendant à la divulgation de secrets militaires et de ne pas l’avoir signalé aux autorités compétentes. Lui est également reproché d’avoir participé en territoire français occupé, et en temps de guerre, à des entreprises ayant pour but de procurer des avantages aux puissances ennemies de l’Allemagne.

En prévision de sa déportation, Tanguy Philip est transféré à la prison de Fresnes. Déporté en Allemagne le 21 juillet 1941, il passe par les camps de Karlsruhe, Rheinbach, Siegburg et Hameln jusqu’en avril 1945. Tanguy Philip est rapatrié en France le mois suivant.

Après guerre, il reprend un travail d’agent technique à l’Arsenal tout en continuant le football mais cette fois en tant qu’entraîneur. Pour sa tentative de rallier l’Angleterre en emportant des renseignements militaires, il est décoré de la médaille de la Résistance française en 1947, de la médaille militaire et de la Croix de Guerre 1939-1945, avec palme en 1959. Pour obtenir son homologation de services dans la Résistance, il lui sera fourni une attestation d’appartenance au mouvement de l’Organisation Civile et Militaire (O.C.M) auquel il n’a jamais appartenu. Ceci lui permettra d’obtenir l’équivalence du grade d’adjudant.

Décédé prématurément en 1958, des suites des mauvais traitements subis durant sa déportation, Tanguy Philip obtient la mention Mort pour la France ainsi que la Légion d’honneur à titre posthume en décembre 1959. En son hommage, une rue du Relecq-Kerhuon porte son nom.

La sépulture de Tanguy Philip se trouve dans le cimetière traditionnel [Carré 8, Rang 11, Tombe 6] au Relecq-Kerhuon.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Lieu des arrestations de Tanguy Philip, Marcel Potin et Louis Cloarec
Remerciement à Annie Bodenes pour la communication de cette illustration.
PHILIP Tanguy (1935)
Crédit photo : La Dépêche de Brest et de l’Ouest

Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, fonds F.N.D.I.R.P (87S).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattant volontaire de la Résistance de Tanguy Philip (1622 W).
  • Archives nationales, base de données Léonore, dossier de membre de l’ordre national de la Légion d’honneur de Tanguy Philip.
  • Ordre de la Libération, registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 29/01/1948).
  • Fondation pour la mémoire de la Déportation, registre des déportés (I.9).
  • Arolsen Archives, centre international sur les persécutions nazies.
  • La Dépêche de Brest, éditions du 8 novembre 1932, 7 mai 1933, 30 mai 1935, 18 juillet 1935, 22 septembre 1935, 10 décembre 1935, 14 février 1936, 27 octobre 1936, 30 décembre 1936, 8 septembre 1937 et 22 mai 1939.
  • La Dépêche algérienne, édition du 4 mars 1935.
  • COAT Paul, Les arsenaux de la marine : de 1631 à nos jours, éditions de la Cité, Brest, 1982.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistant de Tanguy Philip (GR 16 P 487436) - Non consulté à ce jour.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier individuel de déporté et interné de la Résistance de Tanguy Philip (AC 21 P 663723) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.