POTIN Marcel

Marcel Potin, son frère Georges (1904-1985) et leur sœur Renée (1905-1963) sont les enfants d’un menuisier et d’une ménagère. Dans le milieu des années 1920, il travaille comme ouvrier à l’arsenal de Brest et réside au 38 rue Poullic-al-Lor à Brest. En 1925, son nom paraît dans la presse locale après qu’on eut trouvé sur lui un revolver lors d’une bagarre au Relecq-Kerhuon. Il effectue son service militaire en 1928 au sein du 2ème Régiment d’infanterie coloniale (2e R.I.C) de Brest.

Rendu à la vie civile avec le grade de sergent de réserve au terme de ses 18 mois sous le drapeau, Marcel Potin épouse Eugénie Narbas (1908-1986), le 26 avril 1930 au Relecq-Kerhuon. De cette union naît leur fils Jean, l’année suivante. La famille s’installe ensuite au 10 boulevard Gambetta au Relecq-Kerhuon car c’est désormais à la pyrotechnie de Saint-Nicolas que Marcel Potin travaille comme artificier.

Son parcours durant la guerre 1939-1940 est méconnu, il est probable qu’il soit resté à son poste comme affecté spécial à la pyrotechnie. Sous l’occupation, au début du mois de mars 1941, avec l’époux de sa belle sœur, Tanguy Philip, ils passent la ligne de démarcation pour ne pas continuer de confectionner des munitions pour les Allemands. Ils souhaitent s’embarquer à Marseille pour l’Afrique du Nord. Après trois semaines de vaines recherches, sans travail et avec des fonds s’amenuisant, l’équipe brestoise s’en revient dans leurs foyers.

Tanguy Philip et Marcel Potin se mettent alors en relation avec Louis Cloarec, lui aussi ouvrier de la pyrotechnie qui projette depuis quelques mois de passer en Angleterre. En une semaine l’équipe est montée et le matériel rassemblé, avec notamment l’idée d’apporter aux anglais, le plan complet de la pyrotechnie.

Mais le 29 mars 1941, alors qu’il se trouve en compagnie de Tanguy Philip et Louis Cloarec dans le Restaurant des Fraises de la rue Frézier, pour caler les derniers préparatifs, la Geheime Feldpolizei (G.P.F) de Brest fait irruption pour les arrêter. Incarcéré à la prison du Bouguen, Marcel Potin est jugé par le conseil de guerre allemand de Brest le 13 juin 1941. Lui est reproché d’avoir connaissance d’une entreprise tendant à la divulgation de secrets militaires et de ne pas l’avoir signalé aux autorités compétentes. Lui est également reproché d’avoir participé en territoire français occupé, et en temps de guerre, à des entreprises ayant pour but de procurer des avantages aux puissances ennemies de l’Allemagne.

En prévision de sa déportation, Marcel Potin est transféré à la prison de Fresnes. Déporté en Allemagne le 21 juillet 1941, il passe par les camps de Karlsruhe, Rheinbach, Siegburg, Diegburg-Rodgau et Coswig jusqu’en avril 1945. Marcel Potin est rapatrié en France le mois suivant.

Après guerre, la famille résidera au 19 rue Choquet du Lindu, toujours à Brest. Marcel Potin travaillera encore pour la Marine en tant que chef de travaux. Pour sa tentative de rallier l’Angleterre en emportant des renseignements militaires, il est décoré de la médaille de la Résistance française en 1946, de la médaille militaire en 1952 et de la Croix du combattant volontaire 1939-1945 en 1959. En son hommage, une rue du Relecq-Kerhuon porte son nom.

La sépulture de Marcel Potin se trouve dans le cimetière de Saint-Marc [Carré 2, Rang 1, Tombes 9-10] à Brest.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Lieu des arrestations de Tanguy Philip, Marcel Potin et Louis Cloarec
Remerciement à Annie Bodenes pour la communication de cette illustration.

Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (1E238) et fonds F.N.D.I.R.P (87S).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattant volontaire de la Résistance de Marcel Potin (1622 W).
  • Ordre de la Libération, mémoire de proposition de décoration, aimablement transmis par Mathieu Blanchard (2023) et registre des médaillés de la Résistance française (J.O du 05/12/1946).
  • Fondation pour la mémoire de la Déportation, registre des déportés (I.9).
  • Arolsen Archives, centre international sur les persécutions nazies.
  • La Dépêche de Brest, éditions du 7 novembre 1907, 12 décembre 1925, 5 avril 1930, 1er mai 1930,
  • COAT Paul, Les arsenaux de la marine : de 1631 à nos jours, éditions de la Cité, Brest, 1982.
  • Brest métropole, service cimetière - sépulture de Marcel Potin.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistant de Marcel Potin (GR 16 P 487436) - Non consulté à ce jour.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier individuel de déporté et interné de la Résistance de Marcel Potin (AC 21 P 663723) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.