DROUIN Jeannette

Née à Paris, 10 rue de Thann, dans le 17e arrondissement, d’un père marchand de couleurs et d’une mère sans profession, Jeannette-Louis David accomplit de bonnes études qui lui permettent d’exercer comme enseignante une fois devenue adulte.

Elle se marie assez tardivement, pour l’époque, le 19 févier 1919. René Drouin est alors fabricant de stores. Il a son atelier 29 rue de la Grange-aux-Belles dans le 10e, et le couple vient habiter dans l’immeuble possédé par les David, 13 rue du Vieux-Colombier. Malheureusement, les affaires ne sont pas florissantes, si bien que René est déclaré en faillite par le tribunal de commerce en octobre 1931. Entre temps ils ont eu deux garçons.

Toute la famille vient s’installer à Brest, d’abord rue du Gaz (Saint-Marc), puis 30 rue Laennec (3 février 1941). René, ingénieur de formation, trouve un emploi dans l’entreprise Abel Dodin, spécialisée en travaux maritimes.

Après l’arrestation de René par la police allemande le 11 juin 1941, Jeannette retourne à Paris où elle a conservé l’immeuble familial. Ses deux fils, André et Jean-Paul, ont quant à eux rejoint en Angleterre les Forces Françaises Libres (F.F.L).

Loin de vouloir se résigner, elle accepte au contraire de prolonger à sa façon l’engagement de son mari. C’est ainsi que, à son adresse parisienne, elle confie volontiers l’usage de deux chambres de service qu’elle possède à d’éminents responsables de la Résistance, comme Maxime Blocq-Mascard, de l’Organisation Civile et Militaire (O.C.M), Alphonse Tanguy et Yvonne Montet, de la Confrérie Notre-Dame (C.N.D). Elle sert aussi de boite-à-lettres pour la communication de certains courriers. Quelquefois, des aviateurs alliés abattus par la Flak allemande y trouvent refuge après leur prise en charge par une filière d’évasion.

C’est elle qui, en novembre 1942, présente Etienne Pruvost du Groupe Action-P.T.T à Alfred Touny, chef de l’O.C.M, qui lui-même en réfère à Gilbert Renault (alias Roulier, plus tard colonel Rémy), en sorte que celui-ci charge Alphonse Tanguy de déterminer avec Pruvost des modalités d’action pour la collecte des renseignements exploités par le B.C.R.A. Tanguy est à ce moment responsable du secteur Bretagne au sein de la C.N.D.

Arrêtée chez elle le 26 novembre 1943, elle est interrogée au siège de la Sipo-Sd rue des Saussaies puis transférée au fort du Ha à Bordeaux, car son affaire est supposée liée à l’activité de la C.N.D dans le Sud-Ouest. Ce qui est exact, car Yvonne Montet, capturée le 14, était agent de liaison entre Paris et des responsables bordelais, elle est enfin déportée à Ravensbrück.

Rapatriée le 13 avril 1945, elle est malheureusement si éprouvée qu’elle décède à l’hôpital Dubois le 22 mai suivant. Jeannette Drouin et son époux reposent au cimetière de Pont-Sainte-Maxence dans l’Oise.

Publiée le , par André KERVELLA, mise à jour

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Sources - Liens

  • Entretien avec Roger Pétron, Simone Camus et Pierre Chantoux, 28 mars 1998.
  • Entretien avec Yvonne Kervarec et Roger Pétron, 13 novembre 1998.
  • Archives Nationales, GR28P4 44-605, dossier individuel de Jeannette David, épouse Drouin.
  • Amicale du réseau C.N.D-Castille, notice synthétique de Jeannette Drouin.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture.