LUART Edouard

Edouard Adolphe Luart est marin de commerce, breveté arrimeur. Il épouse Jeanne Hascoët (1904-1998) le 7 juin 1924 à la mairie annexe de Recouvrance à Brest. De cette union, naitront trois enfants. Réformé de la Marine Nationale pour cause de tuberculose, il ne semble pas être mobilisé au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Sous l’occupation allemande, probablement pour fuir les bombardements sur Brest, la famille s’installe route de Brest au Conquet.

En mai 1943, Edouard Luart semble fonder un groupe au Conquet dont le but est de collecter tous les renseignements possibles sur les installations allemandes du mur de l’Atlantique. Pour cette mission, il s’entoure de Marcel Dorange, Augustin Crenn, Hervé Cléac’h, le percepteur Nicolas, Albert Le Bars et Raoul Coadelot. Progressivement les renseignements arrivent, notamment sur les fortifications de la presqu’île de Kermorvan grâce à des ouvriers conquétois travaillant pour la Todt. La mise en page des rapports est effectuée par Marcel Dorange puis transmis à un contact à Saint-Pierre-Quilbignon. À partir de décembre 1943, c’est Gabriel Hunaut, dit Petit chef, qui se charge de l’acheminement vers Brest, possiblement à destination de Pierre Hall.

Le groupe fonctionne ainsi jusqu’au début de l’année 1944. Parallèlement, Edouard Luart récupère un fusil-mitrailleur que Marcel Dorange fait remettre en état par un sympathisant nommé Pouliquen. Entre février et mars 1944, le Groupe Luart établit des contacts avec la Résistance cantonale de Saint-Renan en la personne de Guillaume Breton. Les échanges sont intensifiés et en juin 1944, c’est avec les résistants de Plougonvelin que les contacts sont noués, par l’intermédiaire de Jean Coatanéa. Le groupe du Conquet se transforme doucement en section F.F.I. Le recrutement se poursuit mais il n’y a presque pas d’armes pour les volontaires. Des divergences d’opinions et de méthodologie apparaissent entre Marcel Dorange et Edouard Luart, provoquant une scission dans le groupe.

L’avortement du parachutage d’armes de Kerzévéon dans la nuit du 2 au 3 août 1944, destiné à équiper le secteur de Brest Ouest, Plougonvelin et Le Conquet, complexifie davantage la tâche des F.F.I. Le 5 août 1944, les hommes reçoivent l’ordre d’approcher de Tréouergat et de Lanrivoaré pour percevoir leur dotation. Restée théorique jusqu’à là, la Compagnie F.F.I de Saint-Renan prend forme. Les F.F.I du Conquet sont regroupés dans la 3ème Section sous les ordres de Joseph Le Goaster. Pour sa part, Edouard Luart est affecté au Groupe de Commandement de cette section. Avec son unité, il participe aux opérations de réduction de la poche allemande du Conquet. Il combat dans la région de Saint-Renan, Ploumoguer, Plouzané, Locmaria-Plouzané, Plougonvelin et Le Conquet jusqu’à la reddition complète du secteur le 10 septembre 1944. L’unité est ensuite affectée au nettoyage des zones de combat et des fortifications allemandes ainsi qu’à la sécurité dans les communes libérées.

Très rapidement après la Libération, son état de santé se dégrade. Il reçoit la Croix de Guerre 1939-1945 mais il est admis dans une maison de repos pour se soigner. Il décède prématurément de problèmes pulmonaires. En son hommage, son nom figure sur le monument aux morts du Conquet. Sa disparition devance la période où les anciens résistants étaient appelés à faire homologuer leurs services clandestins aux yeux de l’État. Privés de cette riche documentation, nous ignorons à ce jour pour quel mouvement ou réseau le Groupe Luart a opéré.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Monument aux Morts du Conquet

Sources - Liens

  • Famille Kernéïs-Luart, iconographie (2024).
  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (5E110 et 6E131).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattant volontaire de la résistance d’Edouard Luart (1622 W).
  • Musée du Ponant à Saint-Renan, archives de la Compagnie F.F.I de Saint-Renan.
  • La Dépêche de Brest, édition du 29 mai 1924.
  • CLOCHON Jean-Pierre, informations sur le groupe de Résistants du Conquet (2015).

Remerciement à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.