TRÉVIEN Micheline

Anne Marie Micheline (prénom usuel) Guérin, fut militante de la cellule du Parti ouvrier internationaliste pendant la Seconde guerre mondiale. Elle épousa Gérard Trévien en 1942. Après le décès de ce dernier en 1971, elle perpétua sa mémoire au sein de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP).

Fille de Marcel Guérin, docker puis ouvrier à l’arsenal de Brest, et de Marie Lescop, sans profession. Micheline (prénom qu’elle employait) passe son enfance dans le quartier populaire de Saint-Martin.

Elle faisait partie des Comités français pour la IVe Internationale (1941) puis de la cellule brestoise du Parti ouvrier internationaliste (POI – 1943). Le 1er août 1942, elle épousa Gérard Trévien, lui-aussi membre du comité brestois, qui en 1941, regroupait une demi-douzaine d’adhérents. Ce qui deviendrait le POI comptait alors sur la région bretonne (essentiellement le Finistère) une vingtaine de membres.

Lors de l’arrestation de son mari, le 7 octobre 1943, son logement fut perquisitionné puis surveillé par la police allemande. Micheline s’était réfugiée chez ses parents dans le quartier de Saint-Martin. À l’arrivée de la police allemande, Marcel, son père, informa les policiers que sa fille était bien là mais malade, ayant eu plus jeune la tuberculose, ce qui eut pour effet de les faire repartir sans insister. André Calvès, de retour de Paris, prit contact avec elle par le truchement de sa sœur, Yolande Guérin, qui travaillait à l’union des coopérateurs, rue Kerfautras. Micheline prévint André Calvès, que Conrad Leplow, soldat allemand proche de la cellule du POI, était le traître :

André Calvès écrira après guerre :

Micheline a dit que c’était Conrad qui a trahi. Il a participé aux perquisitions. Il y a une souricière chez Darley. C’est là que Gérard a été arrêté.

En 2004, à l’occasion du 60e anniversaire du débarquement de Normandie, André Fichaut et elle, adressèrent une requête à l’ambassadeur d’Allemagne en France, afin que l’engagement exemplaire de lutte contre l’idéologie nazie de ces soldats allemands, soit inclus dans un devoir de mémoire. Micheline Trévien - Guérin témoigna dans le quotidien Le Télégramme de ce qui s’était passé ce jour du 7 octobre 1943, lorsque son mari tomba dans la souricière mise en place chez André Darley. Il savait qu’une réunion se tenait ce matin et il tenta de prévenir les soldats allemands de la cellule brestoise - souvent des militants de gauche avant la guerre.

Extrait de l’édition du Télégramme du 31 mai 2004

Gérard a informé les camarades que des arrestations étaient imminentes. Ils étaient une quinzaine de soldats allemands, réunis au même endroit. On était un peu inconscient à l’époque. On ne prenait pas beaucoup de précaution.

Si André Darley fut arrêté avec sa femme, Jeanne Marguerite Le Faou, et cette dernière incarcérée plusieurs mois, Micheline ne fut pas inquiétée par la suite, bien qu’elle suivit le périple de son mari, à Rennes d’abord, puis à Compiègne, pour essayer à chaque fois de trouver une occasion de le faire évader.

André Fichaut, dans un long article paru dans la rubrique « Forum » de Ouest-France du 4 mai 2004 avait lancé le débat en insistant sur le silence fait autour de cette forme de résistance :

Voilà une tranche de l’histoire de la résistance à Brest dont on ne parle jamais. Elle a été étouffée dès la Libération pour éviter de heurter le PCF dont on avait besoin pour relancer la machine en France et, depuis, tous les protagonistes ayant disparu, pourquoi remuer les cendres ? Peut-être seulement pour permettre d’ajouter une page à notre histoire locale ? Peut-être, aussi, pour réhabiliter l’action courageuse de militants qui furent salis par le stalinisme qui ne parlait d’eux qu’en les traitant d’hitléro-trotskistes.

Micheline s’engagea après le décès de son mari au sein de la FNDIRP. Elle rappelait toujours l’histoire de son mari, déporté à Dora, lors d’une exposition consacrée à la déportation, à Concarneau en 2007. Elle souligna à cette occasion que de retour en France, il n’a jamais voulu raconter l’horreur qu’il avait vécue : les privations, la souffrance physique et morale, pensant ne pas être cru.

Après la guerre, elle résida dans le quartier du Guelmeur, à Brest. Faute de logement dans la ville de Brest, l’ensemble de la famille (parents, frère et couple) vivent dans la maison familiale. Micheline n’exerce pas de profession et Gérard est déclaré électricien (recensement de 1946).

Elle décéda en avril 2016 à Brest.

Publiée le , par Jean-Yves GUENGANT , mise à jour

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Portfolio

Anne-Marie (Micheline) TRÉVIEN en 1941
Crédits photo : Collection personnelle famille TRÉVIEN

Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest , registres d’état civil (1 E 260-124 et 2 E 188-089) et Listes électorales et de recensement.
  • Témoignages de Joël Trévien et André Calvès.
  • Famille Trévien, documents iconographiques.
  • HIRSCH Robert, PRENEAU François et LE DEM Henri, Résistance antinazie, ouvrière et internationale, éditions Syllepse, 2023.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture.