BESCOND Jean

Jean Louis Bescond est le fils de cultivateurs établis à Kericuff en Plouvien. Il y passe son enfance entouré de ses quatre sœurs et trois frères. En 1922, il passe avec succès son Certificat d’études primaires élémentaires avant d’intégrer la Marine nationale quatre ans plus tard. Devançant son service militaire, il contracte un engagement volontaire pour une durée de cinq ans. Après quelques mois de formations, Jean Bescond est qualifié électricien. Ses affectations sont le navire école Patrie et les cuirassé Lorraine et Courbet. Il épouse Anne Bodénès (1910-1993), le 11 février 1933 à Lannilis et de cette union naîtront trois enfants. Poursuivant sa carrière, Jean Bescond sert un temps sur le cuirassé Bretagne en tant qu’officier marinier (second maître) avant d’être muté à Bizerte. Sa femme et sa première fille le suivent dans cette nouvelle affectation.

Peu avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Jean Bescond change une nouvelle fois d’affectation. Retour en métropole pour le finistérien et sa famille qui posent désormais leurs valises à Toulon. Durant les premiers mois du conflit, Jean Bescond participe à des missions d’escortes de convois et à diverses missions en méditerranée à bord du contre-torpilleur Le Vautour. Sa seconde fille voit le jour à Toulon mais suite aux bombardements italiens sur Toulon en 1940, Jean Bescond renvoie sa famille en sécurité à Kerveur en Lannilis. En représailles de cette attaque, Jean Bescond participe à l’opération Vado, visant à bombarder les côtes de Gênes et de Savone en Italie. Malgré la défaite de 1940, Jean Bescond est maintenu en activité au sein de l’Armée d’armistice à Toulon. Après l’invasion de la Zone libre par les troupes allemandes et le sabordage de la flotte en novembre 1942, Jean Bescond est rendu à la vie civile. Il retrouve alors sa famille à Lannilis et se reconvertit en facteur des Postes, télégraphes et téléphones (P.T.T).

En septembre 1943, il est approché par la résistance locale qui cherche à établir une liste théorique de patriotes prêts à prendre les armes en cas d’insurrection. Le second maître Bescond accepte et de par son statut de militaire d’active, il est prédisposé à prendre la tête d’un groupe. Le groupement cantonal poursuit alors son recrutement et s’affilie bientôt au mouvement Défense de la France (D.F). À l’approche des hostilités, Jean Bescond participe à la réception du parachutage d’armes dans la nuit du 2 au 3 août 1944. Au déclenchement de l’insurrection, Jean Bescond n’est pas engagé sur les différents objectifs du groupement, il est maintenu au maquis de Keryel en Tréglonou pour y assurer la sécurité.

L’engagement est rude, le groupe subit des pertes et la situation les jours suivants est assez critique. Le 10 août 1944, la garnison allemande se rend aux américains à Lannilis. Le lendemain, les derniers allemands se rendent à Landéda également. S’ensuivent des opérations de nettoyage de tout le secteur pour débusquer les soldats allemands se cachant en rase campagne et récupérer le matériel abandonné par l’occupant. Le groupement se renforce et se réorganise. Jean Bescond est promu chef de la 1ère Section de la Compagnie Lannilis du Bataillon F.F.I de Lannilis. Il a sous ses ordres deux groupes de combat composés de 22 hommes commandés par Louis Kerboul et François Le Roy.

L’unité est redéployée pour la réduction de la poche de Brest et du Conquet. Le 15 août 1944, elle se porte sur la ligne de front entre Plouguin et Coat-Méal. Le 22 août avec l’aide des américains, les F.F.I de Lannilis refoulent les Allemands au-delà de Milizac. Fin août, le bataillon est en position à Locmaria-Plouzané, sur la route menant à Brest, après être passé par Saint-Renan. Le 31 août 1944, lors d’une reconnaissance avec la moto de Vincent Boucher, le chef de section Jean Bescond est gravement blessé par balle au bras. Évacué sur Saint-Renan, il est ensuite transféré à Lesneven pour recevoir des soins. Louis Kerboul prend la tête de la section pour le remplacer. Jean Bescond ne participe pas à la fin des opérations de Libération du fait de sa mise en convalescence à Lannilis. Les unités F.F.I sont dissoutes fin septembre 1944 mais l’ancien marin ne peut reprendre une activité professionnelle qu’en juin 1945.

Il reprend alors son activité de facteur des P.T.T. Quelques mois plus tard sa troisième fille naît. Pour son engagement clandestin, sa tenue au front et sa blessure, Jean Bescond est décoré de la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile de bronze et de la médaille commémorative française de la Guerre 1939-1945. En 1951, Jean Bescond reçoit la médaille Militaire et se voit nommé Chevalier de la Légion d’honneur.

« Résistant de première heure, chef de section d’un courage et d’un dévouement remarquables. Volontaire pour toutes les missions dangereuses. S’est particulièrement distingué au cours d’une reconnaissance dans la région de Coat-Méal, recueillant des renseignements précis sur les positions ennemies. A participé au parachutage des armes où il s’est fait remarquer par son courage et un mépris total du danger. A participé aux durs combats de la région de Milizac, a été grièvement blessé au cours d’une reconnaissance dans les lignes ennemies »

Il décède à son domicile du 7 rue des Marchands à Lannilis, le 2 juillet 1953. Il avait 45 ans.
Son corps repose au cimetière de Lannilis, auprès de sa femme, aujourd’hui décédée.

Publiée le , par GREGOIRE Patrick, mise à jour

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Portfolio

Ouest-France, édition du 10 et 11 novembre 1951

Sources - Liens

  • Famille Bescond, documents familiaux et iconographie.
  • Geneanet, notice généalogique de Jean Bescond.
  • Archives F.F.I de l’arrondissement de Brest, registre des effectifs du Bataillon de Lannilis.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistant de Jean BESCOND (GR 16 P 55756).
  • Service historique de la Défense de Brest, registre militaire 1M393 – matricule 632.
  • Archives nationales françaises, base Léonore, dossier de titulaire de l’Ordre de la Légion d’honneur de Jean Bescond.
  • DERRIEN Jean-François, Gendarme et Résistant - sous l’occupation 1940-1944, édition à compte d’auteur, Spézet, 1994, page 184.
  • STEPHANT-VAUTRAIN Marie-Louise, Parfums de mon enfance - au pays des Abers en Bretagne de 1930 à 1950, éditions Le Télégramme, 1999, pages 99-120-153-155.
  • Wikipédia, article sur l’Opération Vado.
  • Commune de Lannilis, service des cimetières - sépulture de Jean Bescond.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.