Jean François Marie Potin est cultivateur à Keryel en Tréglonou. Alors qu’il effectue son service militaire dans la Marine nationale sur la base du Poulmic, la Seconde Guerre mondiale éclate. Durant la débâcle de juin 1940 et avec l’approche des troupes du Reich de Brest, la Marine nationale évacue sa flotte et une partie de son personnel. C’est le cas de Jean Potin qui sans que l’on puisse préciser le parcours exact, se retrouve à Casablanca au Maroc. Transféré ensuite à Toulon, il est démobilisé le 29 septembre 1940, suite à l’armistice. Jean Potin regagne alors la ferme de Keryel pour y reprendre son emploi.
En décembre 1943, il est contacté par la Résistance locale qui cherche depuis quelques mois maintenant, des volontaires prêts à en découdre quand le moment de l’insurrection nationale viendra. Jean Potin accepte et intègre le groupement cantonal de Lannilis, affilié au mouvement de Résistance Défense de la France (D.F). Lui est alors demandé de faire de la propagande orale et de diffuser la presse et tracts clandestins afin de recruter à son tour, d’autres patriotes. Il met son exploitation à disposition de la Résistance et voit ses terrains retenus comme zone éventuelle de largage. Avec les armes récupérées en mars par ses supérieurs, Jean Potin participe à l’instruction des jeunes recrues au maniement des armes.
Dans la nuit du 2 au 3 août 1944, près d’une cinquantaine de F.F.I du canton se présentent chez lui. Radio Londres a annoncé par la phrase Terpsichore mène le bal, un largage à Keryel. Deux avions sont attendus, cinq se présenteront. Au total, 123 colis sont largués, représentant près de 30 tonnes de matériel pouvant équiper environ 800 hommes. Les F.F.I sont dépassés par l’ampleur du largage. Ceci s’explique par le report sur Keryel, des autres largages annulés de la région brestoise du fait de la forte présence de D.C.A. Toute la nuit, les soldats F.F.I ramassent les containers éparpillés dans le champs et les dissimulent au maquis de Keryel. La crainte est grande de voir débarquer les Allemands mais il n’en sera rien.
À la répartition des armes et munitions, Jean Potin est désigné tireur au fusil-mitrailleur de par son expérience militaire. Affecté à la Compagnie de Landéda du Bataillon F.F.I de Lannilis, il se prépare au combat avec les hommes de son unité. Le 5 août 1944, ses officiers F.F.I reçoivent les consignes d’engager les combats près du pont de Tréglonou, pour neutraliser la casemate allemande qui domine le secteur. L’objectif principal est d’empêcher la destruction du pont enjambant l’Aber-Benoît qui doit permettre le passage aux véhicules américains.
L’attaque est menée dans les premières heures du 6 août 1944 après près d’une quarantaine d’homme, dont Jean Potin. Lors des combats, Jean Potin est sérieusement blessé au tibia. Évacué, il doit être caché quelques jours avant de pouvoir être transporté sur Lesneven pour obtenir des soins. Le 30 septembre 1944, Jean Potin est envoyé à l’hôpital-hospice de Landerneau pour sa convalescence. Il en ressort quelques jours plus tard avec un mois de repos.
Après guerre, il s’installe à Landerneau et travaille comme maître de chai chez le négociant en vins Le Fur. Il épouse Marie Legendre, le 17 septembre 1946 à Plouvien. Pour sa blessure au combat, il est cité à l’ordre du Régiment et reçoit la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile de bronze en 1947.