Albert Boulic étudie à Kernouës où il passe avec succès le Certificat d’études primaires en 1935. Il part ensuite étudier à Brest à la Croix Rouge durant deux années jusqu’en 1937. A l’issue de ses études, il revient à Kernouës pour exercer le métier de charron, avec son père, Yves. Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Albert Boulic est trop jeune et n’est pas mobilisé.
Dans le second semestre de l’année 1942, Albert Boulic est désigné pour la Relève le 23 novembre 1942. Il doit partir travailler le bois à Kiel mais il ne l’entend pas de cette oreille. Il devient alors ce qu’on appelle un réfractaire en rejoignant la commune de Chapelle-Launay en Loire-Inférieure. Il se cache pendant près d’un an chez un oncle avant de revenir à Kernouës en novembre 1943.
A son retour, il est contacté rapidement par Ernest Cabon de Lesneven. Ce dernier lui propose d’entrer en Résistance dans le mouvement Défense de la France (D.F). Albert Boulic accepte et pour lui éviter les recherches dans le cadre du Service du Travail Obligatoire (S.T.O), on lui change son identité. Il devient Albert Bourhis, né le 20 janvier 1919 à Ploudaniel et exerçant le métier de cultivateur. Ce recrutement dans la Résistance s’effectue dans l’optique de la création d’une Armée Secrète.
En janvier 1944, les résistants de la commune de Kernouès, auparavant affiliés à Lesneven, sont pris en charge par le responsable cantonal de Guissény-Plouescat, Joseph Barach. C’est ainsi qu’Albert Boulic rejoint l’embryon du demi Bataillon F.F.I de Guissény-Plouescat, Compagnie Guissény, Section de Kernouës, Groupe n°1 - Dévouement.
Il change une nouvelle fois d’identité au début 1944 et devient Bernard Laurent, né le 28 janvier 1925 à Guissény, toujours cultivateur. Albert Boulic reçoit l’ordre de contribuer au recrutement pour grossir les effectifs. Il diffuse la presse clandestine du mouvement et assiste à partir de mars 1944, à l’instruction militaire prodiguée par les cadres de son unité. Il fournit également des informations d’ordre militaire sur les positions de troupes et fortifications allemandes de son secteur.
Les consignes F.F.I étant de faire profil bas jusqu’au moment de l’insurrection, les activités clandestines se poursuivent sans coup d’éclat jusqu’en juin 1944. Après le débarquement des alliés en Normandie, des consignes sont données aux F.F.I pour saboter les lignes électriques et détruire les éventuels obstacles routiers dressés par les allemands. Albert Boulic et ses camarades s’y emploient. Le manque d’armement est comblé par le parachutage dans la nuit du 2 au 3 août 1944 en Saint-Frégant de plusieurs conteneurs permettant d’équiper tout le secteur. Albert Boulic est présent cette nuit là pour la réception et le déplacement du chargement.
S’ensuit le déclenchement des opérations militaires dans tout le canton. Il participe aux combats de la Libération du secteur Guissény-Plouescat et de la région de Lesneven. Après ces combats, son unité est déployée à l’Ouest de Brest, pour la réduction de la poche allemande du Conquet. Lors des combats, Albert Boulic est détaché auprès d’une unité américaine (Rangers). Il est blessé lors de la prise de Kergounan à Ploumoguer par un tir de mortier le 6 septembre 1944 vers 18h30. Quatre autres soldats F.F.I de son groupe sont également touchés.
L’obus n’est pas tombé loin, blessant Albert Boulic à la tête, le dos, les jambes et bras. IL est évacué par une ambulance américaine sur l’hôpital de Saint-Renan où il reçoit les premiers soins. Le 10 septembre il est envoyé sur l’hôpital F.F.I de Ploudalmézeau. Il en sort le 28 septembre 1944 puis enchaîne sur une période de vingt jours de convalescence.
Après guerre, il épouse en 1954 Marie-Anne Roudaut, avec qui il aura quatre enfants. La même année, il crée avec son frère, Jean, l’entreprise de menuiserie et charpentes, au bourg de Kernouës. Albert y travaille jusqu’à l’heure de la retraite en 1987.