F2

Réseau de renseignement polonais, en lien avec l’Intelligence Service anglais.

[1940 - 1944]

À l’été 1940, des officiers polonais, réfugiés dans la Zone Libre en France, proposent à Londres de créer un Service de Renseignement (S.R). Les anglais acceptent et envoient en France Thadée Jekiel, alias Doctor, pour officialiser la création du réseau Interallié, plus connu sous sa dénomination F2 à partir de 1943. Thadée Jekiel a également la double mission d’organiser de manière prioritaire et indépendante, la collecte d’informations maritimes en créant un S.R Marine. À cette époque, l’Angleterre est sous la menace d’un débarquement allemand et a besoin rapidement d’informations. Pour se développer, le réseau F2 et le S.R Marine procèdent à des recrutements de français. Avec ces nouvelles recrues, les réseaux s’implantent dans les ports méditerranéens puis de ceux de la façade Atlantique. Des sous réseaux se créent également un peu partout en France pour espionner les activités allemandes (Toulouse P.O.1, Lyon P.O.2, Paris P.O.Armand, Aviation, etc...). La façade bretonne est couverte depuis la fin d’année 1940, d’abord à Saint-Nazaire, Lorient puis au tout début de l’année 1941 à Brest par l’un des premiers français recruté par le S.R Marine, Gilbert Foury, alias Edwin. Le S.R Marine de Thadée Jekiel intègre finalement, tout en gardant une certaine autonomie, le réseau F2 en février 1941 et devient la branche P.O.4.

La cellule brestoise recrute plusieurs agents permettant de collecter efficacement des renseignements, notamment sur la construction de la base sous-marine allemande à Laninon. Gilbert Foury, solidement épaulé à Brest, peut poursuivre l’implantation du réseau au Havre et dans le Nord. À partir de mai 1941, un sous-réseau est crée dans la capitale sous le nom de Gloria S.M.H pour regrouper les activités des secteurs Paris, Normandie et Bretagne. Les agents brestois y sont donc rattachés et c’est par des agents de liaison que les rapports sont désormais transmis. La présence à Brest des croiseurs allemands Gneisenau et Scharnhorst est notamment signalée. Entre octobre et novembre 1941, le réseau est touché par une importante vague d’arrestations, démantelant complètement la branche P.O Paris (Armand / Int-Famille). Entre janvier et août 1942, c’est le sous-réseau Gloria S.M.H qui est à son tour inquiété, mettant de fait les activités totalement en sommeil. Brest n’est pas épargné et plusieurs arrestations handicapent la structure. Les rescapés se sachant recherchés, passent en Zone Libre courant 1942.

Le secteur Bretagne est relancé par le sous-réseau Ali en octobre 1942. La prospection est plus lente car le réseau met en place des mesures de sécurité plus sévères pour protéger ses agents. De nouvelles arrestations touchent fin 1942 le réseau mais la Bretagne est épargnée. Le secteur dont dépend la Bretagne est rebaptisé Cécile en mai 1943. Le chef reste Gilbert Foury et entre août et septembre 1943, des moyens radios sont alloués spécifiquement au secteur. La Bretagne voit débarquer en décembre 1943, un agent du réseau, brûlé dans le secteur toulonnais, Gaston Havard, alias Hardi/Foch. Il prend la tête du secteur car bien que fonctionnel, celui-ci a besoin d’une réorganisation. Il installe la centrale Bretagne à Rennes mais dès mars 1944, une série noire d’arrestations touchent le secteur breton, dont Brest. Les rares rescapés remontent le sous-réseau Ali2 et le secteur Cécile devient Métro en mai 1944. Le débarquement en Normandie s’ensuivant, le réseau n’opère plus en Bretagne de manière régulière.

Présentation rédigée grâce aux écrits de Léon Sliwinski, par Gildas Priol, le 22 novembre 2020.