BEAUVAIS Francis

Francis Emmanuel Hippolyte Beauvais est pupille de la nation. En 1935 il devient apprenti à l’Arsenal de Brest. En 1939 il effectue son service dans la Marine en tant que matelot mécanicien. Mobilisé à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il est fait prisonnier lors de la débâcle en 1940. Interné à Huchenneville dans la Somme, il parvient à s’évader en octobre 1940 et passe en Zone libre en février 1941. Il rejoint Toulon où on l’affecte sur croiseur Algérie. Démobilisé suite à l’invasion de la Zone libre fin 1942, il regagne Brest où il réside rue Neuve. Francis Beauvais retrouve rapidement du travail comme charpentier.

Il intègre le mouvement de résistance Défense de la France et son corps-franc, le groupe Action Directe en juillet 1943. Le 15 juillet il participe avec Michel Toullec, Marcel Morvan et Yves Hall au cambriolage chez un officier allemand, rue de la République, pour y récupérer des pistolets, uniformes et papiers. Le 2 août dans la rue Bailly, c’est le domicile d’un inspecteur allemand, chef du ravitaillement de la Kriegsmarine, qui reçoit la visite de Francis, Yves Hall et Pierre Rivière. les brestois emportent des armes et uniformes.

Le 20 novembre 1943 vers 20h30, Yves Hall, Francis Beauvais, René Le Grill, Jean Kerjean et Roger Cabon se rendent à la mairie de Guilers pour y dérober les tickets d’alimentation au profit de la Résistance.

Le 17 décembre 1943, avec Yves Hall et René Le Grill, ils montent à Lesneven en vélo pour voler les tickets d’alimentation. L’opération se déroule sans accroc, les tickets sont enlevés chez le garde-champêtre qui se montre coopératif. L’année se termine et Francis Beauvais épouse Suzanne Berthou le jour de noël à Saint-Marc.

Le 11 février 1944, vers 21 heures, le groupe Action Directe attaque la firme Wendel qui travaille pour l’organisation Todt. Ils incendient les ateliers avant de se rendre dans les bureaux de la firme, rue Camille Desmoulins. Jean Kerjean, Yves Hall, Edmond Borczykowski et Francis s’emparent de plusieurs cachets et papiers. Le 25 février, Yves Hall, Guy Le Goff et Francis se rendent jusqu’à Saint-Pol-de-Léon pour s’introduire dans la mairie et y dérober des tickets d’alimentation. Pour clore le mois, c’est la mairie de Brest que Francis visite avec ses camarades Paul Kervella, Guy Le Goff et Yves Hall. Ils embarquent cette fois les listes des ouvriers désignés pour partir travailler en Allemagne. La liste est confiée aux femmes du mouvement afin de prévenir les intéressés.

Le mois de mars 1944 sera tout aussi remuant pour Francis Beauvais qui participe avec Guy Le Goff, Paul Kervella, Roger Pétron et Yves Hall à l’attaque de trois officiers de l’organisation Todt à Coatodon, ils volent à l’occupant armes et munitions le 2 mars. Quelques jours après, les 7, 8 et 9 mars, mission est confiée au corps-franc de se rendre dans la région d’Hanvec pour récupérer la part d’armes qui revient à Brest. Ces armes proviennent d’un largage aérien destiné à l’instruction de tout les maquis et corps-franc du Finistère. Deux tonnes d’armes sont acheminées à Brest, au domicile de Francis Beauvais. Pour l’occasion, Pierre Beaudoin a mis son camion à disposition et le gendarme Jean François Derrien a facilité le transport. Georges Dauriac et Yves Hall sont également présents avec Francis pour ce convoyage.

Dès le 9 mars, une vague d’arrestations ébranle le groupe. Le lendemain, Roger Pétron, Georges Dauriac, Yves Hall et René Le Grill, lourdement armés, se présentent au domicile Le Goff de la rue Victor Hugo pour récupérer des papiers compromettants en espérant que les allemands ne les ont pas trouvés avant. Dans la nuit du 13 au 14 mars, le gendarme Lucas Gallic, Yves Hall et Francis déplacent le stock d’armes de Brest à Gouesnou chez Philippe Prédour de la ferme de Kerdoyer, par mesure de sécurité. Le même mois, Francis Beauvais participe à une opération de récupération de tickets d’alimentation à Ploudaniel avec Guy Hennebaut et Jean François Derrien.

Suite à plusieurs arrestations de résistants du groupe, certains brestois se mettent au vert et quittent la ville. C’est le cas de Francis Beauvais qui prend le train patate le 17 mars 1944 en direction de Lesneven avec Claude Gandin, Guy Hennebaut et Jean Morvan. De là, l’équipe de fugitifs se rend à Guisseny pour percevoir des faux papiers d’identités auprès de François Broc’h avant de trouver refuge au château de Penmarc’h en Saint-Frégant. Guy et Claude logeront au dessus de l’étable. Avec cette équipe il participe à la tentative de vol de tickets d’alimentation à la gare de Landerneau le 26 mars. Après un mois dans la campagne, les résistants reviennent à Brest pour reprendre la lutte.

Le 29 mars, les deux compères Yves Hall et Francis Beauvais portent secours à la nièce de Marie-Anne Stéphan. La jeune fille est ramenée au commissariat de la rue de Saint-Martin. Les deux résistants braquent leurs armes sur l’agent et parviennent à s’enfuir avec elle. Un mois plus tard, le passe groupe encore à la vitesse supérieure et le 26 avril aux aurores, Pierre Beaudoin, Yves Hily, Julien Kervella, Gaston Viaron, Georges Hamon, Yves Hall et Francis Beauvais s’introduisent à la mairie de Gouesnou et y ponctionnent 600 kilos de grenades et munitions de 9mm qu’ils entreposent à Brest. A peine revenus à Brest, Yves Hall et Francis Beauvais se dirigent au port de commerce, au dépôt pétrolier des usines Jupiter. Grâce aux indications de Georges Hamon, les deux résistants font sauter les cuves, volatilisant plus de 250 000 litres de carburant destiné à l’armée allemande.

Le 28 avril 1944, une nouvelle opération de sabotage est organisée. Les cinq résistants se dirigent, en deux groupes, vers le port de commerce avec la ferme intention de faire sauter des grues. Vers 00h45 le premier groupe rencontre trois agents de police à vélo au niveau de la place de la Liberté. Malgré une discussion appuyée, la situation tourne au vinaigre. Le second groupe ouvre alors le feu pour tenter de faire fuir ou neutraliser les policiers. L’un des agents est touché au mollet, ses collègues ripostent. Les trois résistants aux prises avec les agents parviennent à se replier tandis que des marins allemands en patrouille s’ajoutent à la fusillade. Le commando du groupe Action Directe parvient à s’enfuir en empruntant la rue Yves Collet. Dans l’échange de tirs, Yves Hall est blessé par un ricochet de balle, Pierre Rivière est lui touché à l’omoplate et François Laot au talon. Henri Mazéas et Francis Beauvais s’en sortent indemnes.

Le 9 mai, Francis Beauvais et trois autres résistants se rendent à Lannilis pour fomenter l’enlèvement du gendarme Jean François Derrien, responsable cantonal de la résistance du canton. L’opération a pour but de faire taire les rumeurs de sa participation à la résistance et à le mettre au vert pour le protéger d’une éventuelle enquête voir arrestation de la part des autorités allemandes. En mai, le mouvement subit de nombreuses arrestations, les résistants font profil bas. Les chefs du mouvement sont également touchés par ces arrestations, désorganisant toute la structure. Avec Yves Hall, Francis Beauvais reforme le groupe et poursuit la lutte contre l’occupant.

Le 16 juin, ils abattent le collaborateur Marcel Dimech dans la rue du Télégraphe. Le 27 juin, tout un groupe de résistants prend d’assaut le commissariat de Saint-Martin pour libérer les résistantes internées. Voulant éviter les représailles, les femmes restent sur place, au grand désespoir de leurs compagnons. Deux jours plus tard, Francis participe à l’assassinat de deux collaborateurs dans un restaurant de la rue de Lyon. Le lendemain, c’est l’interprète du S.D de Bonne-Nouvelle qui est visé. L’opération est un échec et le groupe Action Directe perd deux membres. Dans l’après-midi, Francis et l’équipe survivante, parviennent à capturer la maîtresse du chef du S.D de Brest. Après interrogatoire, elle est finalement relâchée.

En juillet 1944, la situation est critique pour Francis et ses camarades, ils quittent tous Brest et prennent le maquis. Il continue la lutte dans le centre Finistère avant de remonter participer au combat de la poche de Brest aux côtés des américains en août et septembre 1944.

Rappelé dans la Marine Nationale, il est affecté sur le croiseur Duquesne, comme Pierre Beaudoin jusqu’à la fin de la guerre.

Pour son action dans la résistance il reçoit en 1946, la Médaille de la Résistance, avec Rosette.

Les époux Beauvais se séparent en mai 1974.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Georges Hamon et Francis Beauvais
Article sur l’évasion de Noélie Jaouen
La Dépêche de Brest
Sabotage du dépôt pétrolier Jupiter le 26 avril 1944
Photo conservée aux Archives de Brest - Fond 51 S
Membres du Groupe Action Directe de Brest à Châteaulin (1944)
Photo du fonds d’Ernest Hégelé (1909-1989).
Crédit photo : Famille Le Lostec (2024)

Sources - Liens

Remerciement à François Omnes pour la relecture.