BEAUDOIN Pierre

Pierre Edouard Beaudoin effectue son service sous les drapeaux en 1928 dans la Marine Nationale comme matelot secrétaire. À son retour à la vie civile, il travaille comme grossiste en fruits et légumes. Résidant au 14 rue du Guelmeur, Pierre Beaudoin épouse la commerçante Jeanne Cavarec (1911-1988), le 12 août 1931 à Saint-Marc. Le couple s’installe ensuite au 1 rue des Jardins à Brest et de leur cette union naîtront cinq enfants. Sous l’occupation, il travaille comme collecteur de pommes de terre pour le ravitaillement général.

Il revendique, de façon non constante, être entré en résistance en septembre ou novembre 1942 au sein du réseau Alliance, par l’intermédiaire de Paul Masson. Ceci n’a pu être démontré à ce jour. Il est plus vraisemblable que son entrée en résistance se soit fait auprès du mouvement Défense de la France (D.F), par l’intermédiaire d’Amélie Balé en juillet 1943. Initialement pour la diffusion du journal clandestin du mouvement puis en septembre 1943, il intègre le groupe Action Directe, corps-francs de D.F. Son investissement à l’encontre des Allemands fait de lui une des figures brestoise du mouvement. Il travaille en étroite coopération avec ses agents de liaison, Jean Guéguen qu’il recrute en septembre 1943, mesdames Calvez (mère et fille), ainsi qu’avec ses agents de renseignement, Pierre Thomas, Yves Denniel, Marcel Le Mest et Hippolyte Kerdraon.

Son domicile est à disposition pour les réunions et sert également de boîte aux lettres clandestine. Le rapprochement entre son mouvement et Libération Nord en fin d’année 1943, scelle la création de l’Armée Secrète (A.S). C’est dans ce cadre qu’il sert d’agent de liaison entre Morlaix et Brest, puis entre Marathon et l’A.S, notamment avec l’aide d’Arsène Joncourt. En mars 1944, quand les armes parachutées au Faou arrivent du centre Finistère, Pierre Beaudoin transporte une partie du délicat chargement avec son camion pour les ramener sur Brest. Les armes et munitions sont entreposées chez lui. Dès lors, son magasin sert pour l’instruction aux armes des jeunes du corps-franc.

Le 26 avril 1944 aux aurores, avec Yves Hily, Julien Kervella, Gaston Viaron, Georges Hamon et Yves Hall, une importante quantité de grenades et de munitions de 9mm est volée dans les locaux de la mairie de Gouesnou. Le lendemain, au cours d’une nouvelle opération sur Brest, Pierre Beaudoin est blessé par balle et soigné par le Dr Jacq.

À 14 heures le 10 mai 1944, une réunion de l’état-major de l’arrondissement de Brest se déroule à l’étude de Garion en présence de Paul Fonferrier, Henri Provostic, Pierre Beaudoin, François Broc’h et Marcel Pirou.

Le 25 mai 1944 à l’aube, Pierre Beaudoin monte sur Ploudalmézeau avec Yves Hall et y retrouve Pierre Rivière. L’opération consiste cette fois à enlever l’inspecteur Louis Fagon des renseignements généraux de Brest, résidant au bourg de Ploudalmézeau. Ce dernier semble enquêter activement sur les membres du groupe Action Directe, les résistants veulent donc lui mettre un coup de pression. A bord d’une Citroën traction, les trois résistants guettent non loin du domicile. Vers 7h45 l’individu sort de chez lui, il est aussitôt menacé d’une arme avec la consigne de les suivre. Mais l’opération échoue, l’inspecteur crie et parvient à s’enfuir, trop exposés les résistants n’insistent que quelques mètres pour tenter de l’appréhender avant de rebrousser chemin et regagner Brest en voiture.

Fin mai 1944, après la vague d’arrestations dans le groupe, se sentant traqué par les agents allemands du S.D de Brest, il prend le maquis et trouve refuge chez la famille Quéré de Lestaridec à Guipavas. Bien lui en a pris, les services de l’Aussenkommando du S.D de Brest ont effectivement son nom et des informations sur son appartenance à la résistance. Sa femme quant à elle part se réfugier à Paris alors qu’elle vient d’accoucher.

Le 20 juin 1944, le chef du sous-arrondissement urbain des F.F.I de Brest, Edouard Riban, est arrêté. Le responsable de l’arrondissement, Joseph Garion propose alors à Pierre Beaudoin de prendre le poste mais ce dernier refuse. En juillet 1944, il semble avoir quitté la région pour suivre le groupe Action Directe dans le centre Finistère. Sur place, il se serait greffé aux troupes américaines marchant vers Brest. Il se met à la disposition d’une compagnie d’artillerie qui participe au siège de la ville puis à la bataille du Menez Hom. Après la libération, il monte à Paris retrouver sa femme et son fils qui s’y étaient réfugiés en attendant des jours meilleurs.

En décembre 1944 il est rappelé dans la marine et embarque sur le croiseur Duquesne à Cherbourg. Avec ce bâtiment, il participe à la réduction de la poche de Royan et de l’île d’Oléron. Il devient par la suite Vice-président du Comité de Libération de Brest et Vice-président de l’association Défense de la France à Brest. Au total, Pierre Beaudoin revendique avoir réalisé 21 attaques à mains armées pour la Résistance. Pour toutes ses actions, il reçoit la médaille de la Résistance française et la Croix de Guerre 1939-1945, avec étoile de Bronze.

La sépulture de Pierre Beaudoin se trouve dans le cimetière de Saint-Marc à Brest [Carré 7, Rang 10, Tombe 10-11-12]

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, registres d’état civil (1E/M18 et 2E/M40), fonds Défense de la France (51S) et recensement de 1936 (1F88).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattant volontaire de la Résistance de Pierre Beaudoin (1622 W 44).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistant de Pierre Beaudoin (GR 16 P 41188), aimablement transmis par Edi Sizun.
  • La Dépêche de Brest, éditions du 5 février 1939 et 22 mai 1944.
  • Brest métropole, service des cimetières - sépulture de Pierre Beaudoin.

Remerciement à François Omnes pour la relecture.