MAUDIRE Guillaume

Guillaume Maudire devance son service et entre dans le Corps Militaire des Armuriers de la Marine en 1907. Quelques jours après l’Armistice, le 26 novembre 1918, il épouse Marie Renée Louzaouen à Lambézellec, qui lui donne un fils. Sous l’occupation, il est employé à l’arsenal de Brest comme chef de l’atelier photographique et réside au 7 rue Monge.

Au début de l’année 1942, très vraisemblablement sur la requête de Jean Cadiou du réseau Confrérie Notre-Dame, il commence à sonder des travailleurs de l’arsenal dans l’optique de créer un groupe de résistance. C’est ainsi que débute le groupe Maudire avec comme première recrue en avril ou mai 1942, l’agent technique Joseph Paugam. Ce dernier se montre fin recruteur et le groupe prend de l’ampleur.

Guillaume distribue des tracts et son groupe parvient à lui obtenir des documents et plans de la base sous-marine. A l’instauration du Service du Travail Obligatoire (S.T.O), il aide des réfractaires en fournissant de fausses pièces d’identité et des contacts dans la région d’Annecy afin de les soustraire aux autorités. Aux camarades recherchés par les autorités allemandes, il fournit du ravitaillement.

Le temps passe et bientôt sa structure clandestine se rapproche d’un groupe implanté par l’ingénieur Paul Bardu ; le groupe Marine. A peu près au même moment, vers le second semestre 1943, le groupe de Maudire est mis en relation avec Pierre Bernard du mouvement Défense de la France par Jean Cadiou. Par filiation, il y a également rapprochement auprès du meneur de la Résistance à Recouvrance, Marcel Pirou. Finalement entre fin mars et début avril 1944, les agents de Maudire basculent au groupe Arsenal.

Avec la création des Forces Françaises de l’Intérieur, les résistants âgés sont requis pour faire l’instruction des jeunes n’ayant pas fait le service militaire et donc jamais touché une arme de leur vie. Guillaume se voit alors fournir des armes qu’il ramène chez lui et y donne des cours de maniement en attendant l’insurrection.

Le découpage de Brest par l’État-major F.F.I, prévoit la constitution de plusieurs unités combattantes. Guillaume Maudire est affecté comme chef de la 3° Section, de la 1° Compagnie du Bataillon F.F.I Marcel-Bouchel, sous les ordres de Sébastien Ségalen. Durant toute cette préparation militaire, même après le débarquement du 6 juin 1944, il reste à son poste à l’arsenal. Il ne le quitte qu’au 7 août 1944, à la déclaration du siège de la ville. Dès lors, avec sa section, il se cantonne principalement au restaurant Celton, près de son domicile. Les armes prévues pour le bataillon n’ont pas été larguées, les actions de guérilla sont donc limitées.

L’évacuation totale de la ville s’effectue le 14 août 1944 en prévision des durs combats qui s’annoncent. Devant la difficulté d’acheminer des armes dans la ville, les F.F.I décident de se regrouper à l’extérieur pour reformer des unités combattantes cohérentes. Guillaume Maudire évacue avec la population et rejoint Tréouergat avec Léon Saillour et Jean Le Bihan. Le 15 et 16 août, c’est le temps de l’instruction et de la reformation de l’unité. Le 17 des dissensions provoquent l’éclatement du Bataillon F.F.I Marcel-Boucher. Guillaume Maudire reste avec Marcel Pirou dans ce qui devient la Compagnie FFI Brest-Ouest.

Avec son unité, il participe à la libération de la poche du Conquet. Le 6 septembre 1944, au cours d’une avancée, la compagnie se retrouve presque isolée et doit faire face à une embuscade allemande.

Guillaume Maudire relate ce jour néfaste :

Par un effet du hasard je mets la tête dans un créneau taillé dans la haie et je vois un Allemand traverser le champ en courant ; aussitôt sans hésiter j’épaule mon fusil anglais et fais feu. Le 1er coup je l’ai manqué, mais au 2ème je fais mordre la poussière à mon homme. L’alerte est donnée, le chauffeur Job tire à son tour, ainsi que Milo avec son fusil mitrailleur.

Les Allemands sont démasqués, aussitôt ils ripostent et des deux côtés de la route, des talus et des arbres, la mitraille ennemie crache. Je vois tomber le camarade Saillour. Deumars est à ses côtés. Quand nous voyons notre infériorité en armes, nous nous replions en empruntant les côtés du sentier. A ce moment le neveu de mon frère, Jean Le Bihan qui se trouvait à ma gauche est frappé d’une rafale de mitrailleuse dans le dos, je me rends compte qu’il est tué sur le coup et continue mon repli en me jetant à 2 ou 3 reprises dans le fossé : arrivé au détour du sentier j’étais hors d’haleine car à 55 ans l’on a plus les jambes de 20 ans.

Ce jour là, la Compagnie perd son chef, Marcel Pirou et cinq autres F.F.I. Guillaume Maudire est démobilisé des F.F.I fin septembre 1944 et regagne ses foyers. Il fait partie en tant que chef de section, de la garde-civique, substitut de la police. Il est également membre du comité d’épuration. Son domicile ayant été détruit lors du siège, il demeure après-guerre, dans une baraque au Point-du-Jour à Saint-Pierre-Quilbignon.

Nous cherchons à mettre un visage sur son histoire, si vous avez une photo de lui, n’hésitez pas à nous contacter.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (5E96) et liste électorale de 1939 (1K92).
  • Archives départementales du Finistère, fiche matricule militaire de Guillaume Maudirec et dossier de combattant volontaire de la résistance (1622 W 5).
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 404672), aimablement fourni par Fabrice Bourrée de la Fondation de la Résistance).
  • Fondation de la Résistance, Paris, rapport de Guillaume Maudire du 14 août au 27 septembre 1944.

Remerciement à Françoise Omnes pour la relecture.