RENAULT Gilbert

Gilbert Renault a eu pendant l’occupation une très grande activité de résistant. Nous n’entrerons pas dans les détails de son parcours tant il est important. Nous nous contenterons de la partie Brestoise de ses activités clandestines au profit de la France Libre. Plusieurs liens sont disponibles en bas de cette page pour vous permettre d’en savoir plus sur son parcours.

Envoyé en France par ce qui deviendra (en 1942) le Bureau central de renseignements et d’action (B.C.R.A) de la France Libre, Gilbert Renault arrive à Brest en novembre 1940. Il a pour mission de recruter des agents pour son réseau de résistance Confrérie Notre-Dame. Son objectif est de surveiller les activités (mouvements de navires, développement des infrastructures portuaires, de détections et de défenses) allemandes sur le littoral français occupé.

Son premier contact brestois est avec le couple René et Jeannette Drouin qui réside au 30 rue Laënnec. C’est par l’intermédiaire d’une connaissance commune [1] qu’il se présente à eux. René oeuvre déjà dans la clandestinité au sein du groupe Élie, comme responsable militaire. Le groupe, implanté localement dans le quartier de Saint-Martin, à l’arsenal et à la pyrotechnie, a déjà plusieurs cordes à son arc et recrute régulièrement des résistants en vue de l’insurrection. Car il est encore admis à cette époque que l’armistice n’est qu’une trêve déguisée dans l’attente d’un rassemblement des armées françaises avant une reconquête fulgurante du territoire.

Le groupe Élie, parmi ses différentes activités, possède un petit service de renseignement qui répertorie les positions allemandes à Brest. En guise de cadeau, Gilbert Renault repart avec une carte de la cité portuaire où figurent toutes ces positions allemandes.

En février 1941, Gilbert Renault se rend à Brest pour y rencontrer une potentielle recrue. Il souhaite doubler sa source d’informations grâce à un officier de la Marine française resté en poste à l’arsenal. Il se présente rue du Château pour y rencontrer le lieutenant de vaisseau Jean Philippon que lui a recommandé le Dr Pailloux.

Gilbert Renault explique sa situation tout en lui proposant d’adhérer à la cause de la France Libre. L’officier de la Marine est méfiant et se donne un temps de réflexion. Il hésite, sonde une connaissance, décortique le Code de Justice maritime, réfléchit aux conséquences qu’un tel engagement peut avoir. Quatre jours plus tard, Jean Philippon revoit Gilbert Renault et lui donne son accord ; il entre en résistance et devient un agent de renseignement du réseau. Gilbert Renault repart de Brest avec une nouvelle branche d’information et un contact sérieux pour recruter Bernard Anquetil, ancien radio sous-marinier de Jean Philippon, réfugié à Angers.

Hélas, René Drouin est arrêté le 11 juin 1941 vers 19h30 à son domicile à Brest par les membres de l’Aussenkommando du S.D de Brest, basé à l’école de Bonne-Nouvelle de Kérinou en Lambézellec. Plus tard, lors de son retour à Brest, Rémy tente de revoir René Drouin mais ce dernier est déjà en captivité.

Des informations sur les sous-marins, sperrbrecher, croiseurs-lourds Admiral Hipper & Prinz Eugen, croiseurs de bataille Gneisenau & Scharnhorst et les Ducs d’Albe prévus pour le cuirassé Bismarck, sont récoltées et transmises à l’agent de liaison Paul Mauger ou directement à Gilbert Renault. Jean Philippon informe régulièrement le réseau de l’avancement des travaux de la base sous-marine de Laninon.

L’arrestation de Bernard Anquetil en juillet 1941 mit en péril la mission et l’existence même des agents qu’il côtoyait. Il se mura dans le silence et ne livra aucun nom, le payant de sa vie. Privé de radio et désireux de poursuivre les émissions de renseignements sur la marine allemande basée à Brest, le réseau se tourne vers Arsène Gall sur suggestion de Jean Philippon. Gilbert Renault revient une nouvelle fois à Brest, accompagné par André Cholet, monteur radio du réseau. Ils apportèrent un émetteur radio qui fut monté et réglé sur place. Le jour même, Arsène Gall le teste dans l’appartement de Jean Philippon sous le regard de René Berthon. La liaison est de nouveau établie. Gilbert Renault fera plusieurs voyages à Brest jusqu’au déclenchement de l’opération Cerbérus qui permet aux allemands d’évacuer leurs puissants navires de Brest.

Le démantèlement du groupe Elie entre mai et juillet 1941 et la mutation de Jean Philippon à Toulon en février 1942 et de René Berthon en mai 1942, mettent un terme aux activités du réseau Confrérie Notre-Dame à Brest. Mais prévoyant, Gilbert Renault avait missionné Raymond Vaurette de Saint-Brieuc, de se rendre à Brest pour y implanter une troisième branche qui sera active de 1942 à 1944. Offrant ainsi de nouveaux renseignements de premier ordre sur les activités de la Kriegsmarine.

Le réseau Confrérie Notre-Dame fera partie des rares structures de la résistance active à Brest durant toute l’occupation, de 1940 à 1944.

Gilbert Renault est fait Compagnon de la Libération en 1942 et reçoit, entre autres, la Médaille de la Résistance, avec Rosette, en 1946.