PICHARD André

André Pichard est élève à l’école d’hydrographie quand la première guerre mondiale éclate. Il incorpore la Marine Nationale et le 1er Dépôt de Cherbourg comme matelot. Il sert dans la Marine Marchande de guerre puis sur des patrouilleurs en Méditerranée en 1916. Il est affecté au centre aéronautique d’Aubagne en 1917. Promu Enseigne de Vaisseau en 1918 il est breveté pilote de dirigeable sur la base de Constantinople. En 1919, il participe à l’occupation de la région du Danube avant de revenir sur Cherbourg.

Il épouse Alice Warnier le 6 septembre 1917 à Ver-sur-Mer dans le Calvados. De cette union, naissent trois enfants. André Pichard séjournera dans plusieurs ports, à La Rochelle et au Havre notamment. Il devient Capitaine au long court et armateur à Dieppe où il dirige la branche sauvetage de la Compagnie Les Abeilles. Après la débâcle, la société de remorquage d’André Pichard est réquisitionnée par l’occupant.

Recruté par le duo Golhen et Garbe, André Pichard intègre le réseau Confrérie Notre-Dame en décembre 1942. Lui même recrute Yves Bignon comme agent de renseignement. André sera un informateur de premier ordre, récoltant de nombreuses informations sur les mouvements et les défenses des ports bretons occupés par l’ennemi.

Son fils, Michel Pichard est lui aussi dans la résistance. Il intègre également le réseau en janvier 1943 et débarque dans le sud Finistère avec Gilbert Renault pour une mission sur Paris. Père et fils se retrouvent à Tours pour coordonner une évasion maritime pour rapatrier une vingtaine d’aviateurs alliés qui se trouvaient dans la région de Quimper. Son fils est alors coordinateur national du Bureau des Opérations Aériennes (BOA) pour la France Libre. Cette évacuation sera réalisée, notamment avec l’aide d’Yves Bignon, dépêché par André Pichard comme guide. Mais le mauvais temps drossera le navire et ses occupants à la côte, Empêchant Émile Bollaert et Pierre Brossolette de regagner l’Angleterre.

Assez rapidement, André grimpe dans la hiérarchie du réseau, il est nommé en octobre 1943 responsable du secteur de Brest avec Alain Maubian. En 1944, lors de l’organisation des Forces Françaises de l’Intérieur, il est affecté avec d’autres agents du réseau CND au 2ème Bureau de Brest ; le service de renseignement.

L’annonce du débarquement concrétise les attentes des résistants qui redoublent d’effort pour préparer la libération. Les renseignements sont récoltés, rassemblés, analysés et synthétisés. L’état-major F.F.I de Brest quitte la ville pour s’installer dans la région de Saint-Frégant puis Plabennec, il faut alors mettre des liaisons régulières en place, pour transmettre les informations fraîchement récoltées. André Pichard lui reste à Brest avec son service. Il est néanmoins présent le 5 août 1944, avec Adolphe Golhen, à l’importante réunion de coordination des principaux chefs de la résistance de l’agglomération brestoise. L’ordre d’entrer en action directe à compter de ce jour est donné par Joseph Garion. Les américains sont en route vers Brest, l’insurrection doit être déclenchée à compter de ce jour pour faciliter l’avancée Alliés.

Durant le siège, en août et septembre 1944, André Pichard effectue quatre passages des lignes allemandes pour transmettre des informations aux alliés qui assiègent la ville.

Le Capitaine de Vaisseau Lucas rend compte

Amphitrite 89233 est venu le 19 août.
 Il insiste pour que le nécessaire soit fait pour protéger les chalands de l’Hôpital-Camfrout. Il suggère qu’une défense peu importante suffira à empêcher les Allemands d’accéder à ces bateaux. Le Commandant Louis laisse au Commandant Lucas le soin de protéger ce matériel de sauvetage.
 Amphitrite insiste sur l’urgence qu’il y a d’assurer cette protection, car le 19 août est pour lui la date limite où il pourrait encore empêcher lui-même la destruction de ces bateaux.
[...]
 Amphitrite signale aussi que la passe Est est toujours susceptible d’être bouchée par un second bateau (Gueydin et carcasse du Clémenceau). Un seul de ces bateaux suffirait à complèter l’obstruction de la passe.
 Amphitrite suggère que seule une descente brusque de parachutistes pourrait peut-être sauver le pont de Plougastel de la destruction.

Une autre fois, il communique également l’emplacement du Poste de Commandement de l’état-major du général allemand Ramcke. L’état-major américain lui conseille, avant l’attaque finale américaine sur Brest, d’évacuer avec ses agents de la ville pour éviter des pertes.

André Pichard rétorque

Nous sommes français, nous remplirons notre mission jusqu’au bout quoi qu’il advienne.

André Pichard subit le siège jusqu’à la libération de son secteur, par les soldats américains de la 2ème Division d’Infanterie (Indian Head). Il fut aidé pour la transmission des renseignements durant le siège par le groupe des pompiers de Raymond Palu.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • NOGUERES Henri & DEGLIAME-FOUCHE Marcel, Histoire de la Résistance en France de 1940 à 1945 - Tome 4, éditions Robert Laffont, Paris, 1976.
  • DERRIEN Jean-François, Gendarme et Résistant - sous l’occupation 1940-1944, édition à compte d’auteur, Spézet, 1994.
  • BODIGER Louis, Mémoires d’un résistant, éditions Dominique, Le Faouët, 1998.
  • LE BRAS Joël, C.N.D. La Résistance au sein de la Défense Passive durant le siège de Brest, note tapuscrit, 2007.
  • Archives municipales de Brest, fonds Joël Le Bras (143S3).
  • Amicale du réseau C.N.D-Castille, notice synthétique d’André Pichard.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossiers individuels de résistant d’André Pichard (GR 16 P 475552 et GR 28 P 4 37 224) - Non consultés à ce jour.