DROGOU Éliane

Jeanne Éliane (prénom usuel) Goasguen est la fille de Jeanne et Jean Goasguen. Elle réside chez ses parents au 8 cité Kérigonan à Brest. De par l’importante activité militante de ses parents, elle est rapidement intégrée aux activités du Parti Communiste Français (P.C.F) de Brest. Elle a tout juste quinze ans à l’arrivée des troupes allemandes dans la cité du Ponant. En octobre 1940, le P.C.F se réorganise et Auguste Havez missionne Jeanne Goasguen, alors membre du triangle de direction du parti à Brest, de prendre contact avec François Tournevache à Morlaix. Pour cette tâche, sa fille Éliane l’accompagne et ce n’est pas sa première participation à du militantisme clandestin depuis l’interdiction du parti en 1939. En décembre 1940, avec d’autres camarades susceptibles de moins attirer l’attention, Éliane reçoit de l’argent afin d’acheter des fournitures (stencils, encre et papiers) pour la propagande du parti.

Éliane Goasguen aide régulièrement ses parents à la maison lorsqu’ils hébergent des résistants ou militants clandestins. Elle sert également de guide aux visiteurs ne connaissant pas Brest. Elle reste étudier à Brest jusqu’en juillet 1941 et probablement à cause des importants bombardements sur la ville, elle est envoyée chez des amis de ses parents au Mans. Le 28 avril 1942, ses parents sont arrêtés par la police brestoise. Le frère aîné prend temporairement en charge ses frères et sœur. Éliane revient à Brest en juillet 1942 pour élever ses trois frères et sa sœur. Pour subvenir aux besoins de la fratrie, elle trouve du travail au Fort Montbarey comme aide-cuisinière pour le compte de la Todt. Sa mère y avait également travaillé quelque temps, favorisant l’évasion de républicains espagnols. La tâche d’Éliane est d’éplucher les légumes toute la journée pour la préparation des repas dans une baraque érigée derrière le fort. Son retour à Brest lui fait également remettre un pied dans le milieu communiste. Elle poursuit alors son engagement démarré très tôt pour le Front National (F.N) et cette fois avec l’appui des Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P), elle participe à la fabrication et à la diffusion des tracts, notamment avec Guy Drogou.

Au début de l’année 1943, d’intenses bombardements reprennent sur la ville, visant la base sous-marine allemande. Les brestois jugés non utiles doivent quitter Brest. Éliane parvient grâce à son emploi, à bénéficier du statut d’Indispensable et peut ainsi rester dans le secteur. A partir d’août 1943, elle quitte Montbarey pour travailler dans un restaurant de la rue Conseil.

Sa mère, libérée en février (ou mai) 1944, parvient à revenir dans la région brestoise malgré son interdiction de séjour. Grâce à des faux papiers obtenus à Saint-Vougay, elle peut circuler librement et s’installe à Porposder par sécurité. De son côté, Éliane est depuis mai 1944, en relation régulière avec le petit maquis qui s’est formé à Coat-Méal autour de Guy Drogou. Elle fait alors office d’agente de liaison. Elle cesse de travailler pour le restaurant en juillet 1944 et à l’exode de la ville le 7 août, elle part pour Coat-Méal puis le château de Kergroadez où se reforme la Compagnie F.T.P Marcel Boucher, dite compagnie Michel.

Il semble que durant les opérations militaires de la Libération de la poche de Brest, elle ait effectué des reconnaissances en faveur de sa compagnie avec Yvonne Ropars ainsi que des liaisons entre les différents groupes. Après la reddition allemande les 18 et 19 septembre, sa mère entre à la Délégation Spéciale de Brest comme adjointe. Son père, libéré par l’armée Russe, est rapatrié le 10 juin 1945 à Marseille. Deux jours plus tard, Éliane Goasguen épouse Guy Drogou à Brest. Ils logent lors de la reconstruction de Brest dans une baraque au Bouguen Ouest.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • DROGOU Éliane, témoignage recueilli en 1999 par Joël Le Bras.
  • Famille Drogou-Varlet, iconographie (2023).
  • Archives F.F.I du Finistère, arrondissement de Brest.
  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (1E/L130).
  • KERBAUL Eugène, 1270 Militants du Finistère (1918-1945), édition à compte d’auteur, 1985.
  • KERBAUL Eugène, Chronique d’une section communiste de province (Brest, janvier 1935 - janvier 1943), édition à compte d’auteur, Paris, 1992.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistante d’Éliane Goasguen-Drogou (GR 16 P 260046) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.