CHAIGNEAU Roger

Roger Francois Chaigneau travaille dans un premier temps à l’arsenal de Brest. Il épouse Marie Alix (1912-2004), le 19 décembre 1935 à Brest. Il est ensuite embauché aux Chemins de fer en fin 1936. Cette même année, il adhère au Parti communiste français (P.C.F). En 1939, le couple réside au 36 rue Bugeaud. À la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il est mobilisé sur le front et parallèlement désigné comme l’un des responsables du P.C.F clandestin de Brest. Tâche qu’il ne peut accomplir durant la drôle de guerre.

Démobilisé en août 1940, il revient à Brest et reprend sa place dans le Triangle de direction du P.C.F aux côtés d’Eugène Kerbaul et Jeanne Goasguen. Dans la seconde partie du mois de décembre, le Triangle rencontre Venise Gosnat, l’un des successeurs d’Auguste Havez pour la gestion du parti en Bretagne.

En janvier 1941, l’interrégional du parti Robert Ballanger vient à Brest et rencontre Eugène Kerbaul, Jules Lesven et Roger Chaigneau pour initier à Brest l’Organisation Spéciale (O.S) ; structure para-militaire dont les buts premiers sont la protection des membres du P.C.F et l’enclenchement de représailles (attentats et sabotages) envers les troupes d’occupation.

Pour sa part, Chaigneau monte le groupe O.S - S.N.C.F de Brest avec l’aide de François Tournevache. Ils se fixent pour mission de perturber au maximum le trafic ferroviaire par immobilisation de wagons. La première technique est toute simple mais désorganise efficacement grâce à l’inversion ou l’enlèvement des étiquettes d’identification des wagons dans les zones d’attente de la gare.

En avril 1941, il incombe à Roger Chaigneau de réorganiser le P.C.F à l’arsenal suite au retour d’un certain nombre de militants démobilisés et quelques nouveaux adhérents. A cette fin, il réunit des camarades autour de lui sur un banc du boulevard Clémenceau. Le 8 mai 1941, lors d’une tentative d’incendie d’un wagon contenant du matériel militaire allemand, Roger Chaigneau et Jean Morvan sont arrêtés par une patrouille allemande. Un seul résistant parvient à s’échapper, il s’agit de Jean Teurroc. L’arrestation de Chaigneau entraîne sa révocation de la S.N.C.F.

Interné à la prison de Pontaniou à Brest, le P.C.F tente en juin de le faire évader. Deux ouvriers de l’arsenal, sous prétexte de venir réparer les portes, parviennent à entrer en contact avec Roger Chaigneau. Il est convenu d’un plan mais sans doute par suspicion, Roger Chaigneau est transféré au cachot le lendemain, avortant de fait l’évasion. Transféré par train le 27 juillet 1941 au Mans, il parvient à s’échapper malgré les menottes qui l’entravent. Connaissant très bien la gare, il fausse compagnie à ses gardiens et se réfugie chez un vieil ami.

Quelques jours plus tard, avec un déguisement, il revient à Brest et reprend contact avec Jeanne Goasguen et Thénénan Monot. Le compartimentage étant en vigueur, le P.C.F ne disposait plus depuis son arrestation, de lien avec le groupe O.S - S.N.C.F. Ces derniers sous pressions policières également, n’avaient pas cherché à renouer les liaisons, c’est désormais chose faite.

Trop connu et recherché, Roger Chaigneau ne s’attarde pas à Brest. Sitôt la passation de flambeau réalisée, il monte en région parisienne pour se mettre au vert. Il reprend néanmoins une activité militante-résistante pour le parti mais il se fait de nouveau arrêter le 24 décembre 1941 à la station de métro Alésia, porteur d’une valise bourrée de tracts anti-allemands. Condamné, il purge une peine de réclusion en France avant d’être déporté en Allemagne. Lors du transport, il parvient une nouvelle fois à s’évader le 11 ou 12 mai 1944 en en pratiquant une ouverture sur le plancher de son wagon.

Sans que l’on puisse préciser dans quel secteur et sous quelle forme, il aurait repris une activité dans la Résistance jusqu’à la Libération. Après guerre, il réintègre la S.N.C.F en 1946 au Mans. Il poursuit sa carrière à la S.N.C.F, entrecoupée de révocations et d’actes militants. A sa retraite, il se retire sur l’île d’Oléron. Il divorce en 1951 et se remarie avec Germaine Desaunay, le 26 janvier 1952 à Montreuil en Seine Saint Denis.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Famille Chaigneau, iconographie (1952) et renseignements.
  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (2E175) et liste électorale de 1939 (1K90).
  • Commune de Matha, registre d’état civil.
  • Le Maitron, notice biographique de Roger Chaigneau.
  • Fondation pour la mémoire de la Déportation, registre des déportés (I.211).
  • KERBAUL Eugène, 1270 militants du Finistère (1918-1945), édition à compte d’auteur, Paris, 1985.
  • KERBAUL Eugène, Cahier de mise à jour - 1485 militants du Finistère (1918-1945), édition à compte d’auteur, Paris, 1986.
  • KERBAUL Eugène, Chronique d’une section communiste de province (Brest, janvier 1935 - janvier 1943), édition à compte d’auteur, Paris, 1992.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistant de Roger Chaigneau (GR 16 P 116672) - Non consulté à ce jour.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel d’interné de Roger Chaigneau (AC 21 P 724532) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.