DE BORTOLI Aline

Aline Marie Françoise Morin monte à Paris avec sa sœur Marie pour travailler dans les années 1920. Elle y rencontre Carlo De Bortoli quatre ans après son arrivée et l’épouse le 23 mai 1931 à Paris (8e arr). Quelques années plus tard, la famille s’installe à Saint-Brieuc où naît leur fille Sonia en 1934. Toujours plus à l’ouest, on retrouve les De Bortoli à Brest en 1935. Ils s’installent à Lambézellec au 48 rue Jean Jaurès. En 1938, leur fils Edgard voit le jour et peu après la famille s’installe définitivement au 47 rue François Rivière. En octobre 1939, elle adhère au Parti Communiste Français (P.C.F) qui se reforme dans la clandestinité. Au lendemain de l’entrée des allemands à Brest, le 20 juin 1940, plusieurs réunions du P.C.F sont organisées à Brest. Carlo et Aline De Bortoli assistent à celle de chez les Goasguen, en présence de Raymonde et André Vadaine ainsi que Jules Lesven. Tous sont partants pour continuer le militantisme clandestin pour le parti. À partir de décembre 1940, Aline participe d’ailleurs à la diffusion de la propagande.

Au début de l’année 1941, son époux intègre l’Organisation Spéciale (O.S) qui s’implante à Brest, avec entre autres, la mission de ralentir la machine de guerre allemande. Aline De Bortoli l’épaule comme elle peut et le seconde dans ses relations avec les autres militants résistants. Aline accueille pour les réunions, ravitaille et héberge également des résistants, notamment Henri Moreau, Jeanne Goasguen, Robert Ballanger et son épouse. Aline De Bortoli participe également à la collecte de fonds pour le comité du Secours populaire clandestin à partir de sa création en août 1941. Elle envoie aussi des colis aux internés pour améliorer leur quotidien. En décembre 1941, à la suite de deux réunions de réorganisation du parti, Aline De Bortoli prend la responsabilité d’une organisation des femmes communistes. Elle est aidée dans cette tâche par Marie Miry.

Elle participe à l’organisation de la manifestation des femmes le 28 avril 1942 devant l’annexe de la mairie, pour réclamer plus de pain, de pommes de terre et de charbon. Ce premier attroupement est dispersé par la police vers 10 heures. Un second rassemblement se forme, plus dense, place Guérin. Les organisatrices veulent amener en cortège ces ménagères devant la mairie annexe mais la police intervient de nouveau.

Au soir de cette manifestation, Aline De Bortoli apprend que Carlo a été arrêté alors qu’il se rendait chez Henri Moreau avec Yves Prigent, Charles Cadiou et Mathurin Le Gof pour une réunion du parti. Dans la foulée une perquisition est menée à leurs domiciles, Aline De Bortoli assiste impuissante à la mise sans dessus-dessous de son logement. Une quinzaine de jours plus tard, les militants-résistants sont jugés à Brest, Carlo De Bortoli est condamné à mort. Malgré cela, Aline ne perd pas espoir de parvenir à le faire évader. Apprenant qu’un service allemand embauche des femmes pour effectuer des travaux ménagers, elle s’y présente et parvient à être prise. Elle parvient à s’approcher pour coordonner son évasion mais au 1er juillet 1942, Carlo est déplacé à la prison de Quimper, ruinant le plan d’évasion.

Carlo De Bortoli est fusillé le 22 août 1942 à Paris, laissant son épouse veuve à 34 ans avec la charge de deux enfants. Elle recevra quelques jours plus tard une lettre postée par un inconnu, contenant une feuille de papier chiffonnée au crayon par son mari et jeté par lui, comme il l’indique, du camion qui l’emmenait au champ de tir.

Pour venger la mort de son époux, elle organise le sabotage des pneus de camions stationnés dans l’arsenal, où elle a trouvé du travail. En janvier 1943 la situation est plus que précaire pour les militants-résistants du parti communiste de Brest. Pourchassés massivement depuis octobre 1942, des mesures de sauvegarde sont prises par Denise Ginollin. Elle décide de faire passer dans les Côtes-du-Nord un certain nombre de militantes trop menacées à Brest. Marie Miry, Simone Bastien partent immédiatement, Aline De Bortoli les suit en mars 1942. Sur place, elle trouve refuge auprès de madame Le Roux au Bourg de Bréhand, sa commune natale.

Elle y poursuit ses activités clandestines, notamment la collecte de fonds pour le comité local du Secours populaire. Plus tard, elle récupèrera des vêtements et des vivres à destination des maquisards. Aline De Bortoli sert aussi d’agent de liaison pour les Francs-tireurs et partisans (F.T.P) de la région de Bréhand. Au début de l’année 1944, elle prend un appartement dans la commune voisine de Moncontour où elle peut héberger de nouveau des résistants dans le besoin. L’agente de liaison Yvonne Corcuff logera chez elle de janvier à juin 1944. Cette dernière lui confie régulièrement de nouveaux tracts à distribuer, particulièrement à Saint-Brieuc et dans les environs. En mai et juin 1944, Aline effectue de nuit en bicyclette, des liaisons pour la Résistance.

Après la Libération, elle regagne Brest et cherche du travail. Après des petits emplois, elle est embauchée à l’hôpital Ponchelet, comme employée d’abord puis ensuite comme aide-soignante. Aline De Bortoli resta veuve et poursuivit le militantisme au sein de plusieurs associations et mouvements. Elle fut responsable de l’Association Nationale des Familles de Fusillés et Massacrés de la Résistance pour le Finistère et vice-présidente de l’A.N.A.C.R 29. En 1950, elle s’installa à Lesconil où elle fit construire une petite maison, pour sa retraite et sa famille.

La sépulture d’Aline De Bortoli se trouve dans le cimetière de Kerfautras à Brest [Carré 44, Rang 12, Tombe 28]

Publiée le , par Edgard De Bortoli, Gildas Priol, mise à jour

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Sources - Liens

  • Famille De Bortoli, documents et iconographie.
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattante volontaire de la résistance d’Aline Morin-De Bortoli (1622 W).
  • Le Maitron, notice biographique d’Aline De Bortoli.
  • KERBAUL Eugène, 1270 militants du Finistère (1918-1945), à compte d’auteur, Paris, 1985.
  • KERBAUL Eugène, Chronique d’une section communiste de province (Brest, janvier 1935 - janvier 1943), à compte d’auteur, Paris, 1992.
  • Brest métropole, service des cimetières - sépulture d’Aline De Bortoli.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de résistante d’Aline Morin-De Bortoli (GR 16 P 431325) - Non consulté à ce jour.

Remerciement à Françoise Omnes pour la relecture de cette notice.