JULLIEN François

D’un père ouvrier de l’Arsenal, demeurant 17bis rue de Kerivin, François-Pierre-Joseph Jullien suit une partie de ses études secondaires au grand lycée de Brest. Parmi ses condisciples se distinguent Jean Bizien, Pierre Bernard et Jacques Boulaire. Après le baccalauréat, il prend une inscription à la Faculté de médecine de Rennes, mais il lui faut peu de temps pour réaliser qu’il n’est pas fait pour devenir carabin. Il change alors d’orientation et commence des études de droit.

Entre temps, son père François-René, promu agent technique, a été muté à Longwy, sans doute pour les besoins de fournitures d’acier. Sur Brest, ses oncles Pierre et René, aussi employés de l’Arsenal à la direction des travaux, lui facilitent l’obtention d’un emploi temporaire dans les ateliers pendant les vacances universitaires qui ont tendance à se prolonger.

Entré à Défense de la France à la fin 1942, à la demande de Pierre Bernard, il en distribue les tracts et les journaux partout où il devine que des patriotes sont désireux de les lire. Puis, comme d’autres camarades du groupe brestois, il est mis en relation avec Pierre Jeanson du réseau Jade, si bien qu’une seconde série d’activités clandestines lui est proposée, qui concerne le renseignement. Aussi bien par les conversations au sein de sa famille que par ses propres observations, il est en mesure de collecter des informations sur le dispositif ennemi. Mais, plus les sources sont nombreuses et fiables, mieux c’est. Sur ordre, il forme alors une petite équipe autour de lui. Simonne Bescond en est ainsi qu’Edmond Calvès, mais encore Anne Le Scour qui habite dans la rue Albert-Thomas à Lambézellec et qui sert de boîte à lettres pour le dépôt des documents.

La principale consigne de sécurité est d’éviter les réunions non nécessaires, les cloisonner autant que possible entre les agents qui n’ont pas à se connaître si aucune relation fonctionnelle ne les y oblige. Jullien s’y tient. Bien lui en prend. Il ne connaît ni Andrée Virot ni Jean Person qui sont recherchés au printemps 1944 et qui ne risquent pas de prononcer son nom. Après avoir appris l’arrestation de Jeanson à Troyes, il se rend rapidement chez les Bescond qui ne sont eux-mêmes connus que de lui. Personne d’autre, à part madame Le Scour, ne sait leur contribution à Jade.

Yves Bescond accepte volontiers de le cacher, le temps de voir comment les événements évolueront. Si une menace se précisait, chacun aurait le temps de fuir sans laisser de traces. Au bout de trois semaines, rien de grave n’est arrivé. Pas de menaces apparentes. Rasséréné, Jullien rejoint ses oncles Pierre et René, respectivement 10 rue Vauban et 9 rue du Rempart, qui l’assurent de leur soutien. Désormais, il est coupé de la tête de réseau, mais il ne subit aucun désagrément fatal. Lors de l’évacuation provoquée par le siège de la ville, il ira se réfugier à Brélès, tandis que les Bescond trouveront refuge à Porspoder.

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