SIMONOU Jeanne

Marie Jeanne (prénom usuel) Philomène Simonou et son frère Pierre tiennent le café du Zinc au 101 rue de Siam à Brest. Ils logent également à cette adresse. Parmi leurs clients, on compte Roger Le Fèvre qui fréquente l’établissement avec Jacques Mansion, représentant en vins chez Le Calvez. Ils côtoient également fréquemment l’inspecteur de police François Boscher.

Il est probable qu’au tout début de l’occupation, Jacques Mansion, alors en mission pour le compte du (futur) B.C.R.A de la France Libre, retrouve au bar des Simonou son comparse Roger Le Fèvre. Les deux connaissances quittent ensuite la France pour rejoindre l’Angleterre en partant de Camaret en bâteau de pêche. Jeanne Simonou fournit alors des renseignements et également la somme de 20.000 francs afin de faciliter le passage de marins, voulant rejoindre la France Libre.

Roger Le Fèvre revient en France en septembre 1940, tout seul et cette fois pour le compte du M.I.6. Son poste radio est malheureusement abîmé lors de son accostage, rendant sa mission incertaine. Son parcours est assez trouble mais il remonte ensuite à Brest et trouve asile chez les Simonou qui cette fois l’hébergent et le nourrissent.

Lors de son séjour à Brest, Le Fèvre reçoit la visite de Marie Nouy dans l’établissement des Simonou. Gérante d’une buvette au port du Rosmeur à Douarnenez, elle le connaît car il a transité dans son établissement à son arrivée d’Angleterre. Marie Nouy vient demander à Le Fèvre d’émettre par radio à Londres un message pour annuler une liaison maritime éventée auprès des allemands. Ce dernier ne peut hélas lui être d’aucune utilité à cause de son poste défaillant.

Le Fèvre a également des contacts avec le réseau Johnny en 1941 et par filiation, les Simonou aussi. Jeanne déclare avoir était en contact avec Hubert Moreau et Daniel Lomenech notamment.

Le réseau est infiltré, Jeanne et Pierre sont dans le collimateur de l’Abwerh d’Angers depuis le 7 avril 1941, si ce n’est avant. Ils sont identifiés auprès des services allemands après la réception d’un message en provenance de Londres les recommandant comme contacts à Brest.

En juillet 1941, les Simonou se replient sur Plouescat, très probablement pour fuir les violents bombardements sur Brest à cette période. Le 23 août 1941, Jeanne et Pierre Simonou sont appréhendés à Plouescat par les allemands. Ils sont emprisonnés à Brest puis durant cinq mois à Angers avant d’être transférés à la prison de la Santé pour cinq nouveaux mois de détention.

Jeanne Simonou est déportée avec le statut Nacht und Nebel. Son internement dure trois ans à la forteresse de Breslau. Marie est alors tenue de travailler dans une usine d’armement allemande pour la fabrication des fusées V1. Devant son refus, elle est mise au cachot, sans couverture, ni pain, ni eau durant trois jours. Elle ne doit son salut qu’à l’évacuation de la forteresse à la suite d’un bombardement. Son calvaire n’est pas terminé pour autant, elle est transférée au camp de Mathausen d’où elle est libérée par la Croix-Rouge lors de l’avance des Alliés le 22 avril et rapatriée sur Annecy le 25 avril 1945.

À la reconstruction le café, détruit durant le siège de la ville en 1944, a rouvert dans la cité commerciale sur la place de la Liberté. En 1960, elle est élevée au rang de Chevalier de la Légion d’honneur (puis Officier en 1971) comportant l’attribution de la Croix de Guerre 1939-1945 avec la citation suivante :

A été déportée en Allemagne pour son action résistante contre l’ennemi au cours de la période d’occupation. En est revenue grande invalide à la suite des privations et sévices subis. A bien servi la cause de la Libération.

La sépulture de Jeanne Simonou se trouve dans le cimetière de Saint-Marc à Brest [Carré 13, Rang 4, Tombe 22-23]

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Marie Simonou en 1960
Café du Zinc, 101 rue de Siam
Café du Zinc, 101 rue de Siam
Crédits photo : Archives de Brest 3Fi094_002

Sources - Liens

  • Archives municipales de Brest, registre d’état civil (3E466), liste électorale de 1939 (1K92) et fonds F.N.D.I.R.P (87S).
  • Archives départementales du Finistère, dossier individuel de combattante volontaire de la Résistance de Jeanne Simonou (1622 W).
  • Fondation pour la mémoire de la Déportation, registre des déportés (I.43).
  • Arolsen archives, Centre International de la persécution nazi.
  • COUANAULT Emmanuel, Des agents ordinaires - Le réseau "Johnny" . 1940-1943, éditions Locus Solus, 2016.
  • LE BOULANGER Isabelle, Bretonnes et Résistantes - 1940-1944, éditions Coop Breizh, Spézet, 2018.
  • Brest métropole, service des cimetières - sépulture de Marie Simonou.
  • Service historique de la Défense de Vincennes, dossiers d’homologation des faits de résistance (GR 16 P 550165 et GR 16 P 550187) - Non consultés à ce jour.
  • Service historique de la Défense de Caen, dossier individuel de Marie Simonou (AC 21 P 675760) - Non consulté à ce jour.

Remerciements à Françoise Omnes pour la relecture.