Pierre Paul Albert Mauger habite à Nantes en 1940. Refusant la défaite, il tente de rejoindre l’Angleterre en passant par l’Espagne. Il est arrêté et interné deux mois avant d’être remis aux autorités militaires françaises. Parvenu à regagner Nantes, il souhaite toujours gagner Londres. Ses parents le mettent en contact avec une résistante en mars 1941, qui le fait rencontrer Gilbert Renault. Cette rencontre débouche sur son recrutement dans le réseau, avec espoir d’un passage en Angleterre plus tard. Pierre Mauger entre au service du réseau Confrérie Notre-Dame en mai 1941.
Pierre Mauger devient dès lors un agent de liaison pour le Grand-Ouest de la France. Il sillonne les grandes villes côtières, de Brest à Hendaye, le plus souvent par le train, à la rencontre des agents locaux du réseau. C’est ainsi qu’il se rend à plusieurs reprises à Brest pour y rencontrer Jean Philippon. Il récupère les informations récoltées, les codes et les transmet à Gilbert Renault ou aux radios du réseau.
Pierre Mauger se souvient de ses passages dans la cité du Ponant :
« Quand j’arrivais à Brest, je débarquais du train à 7 heures et demie - 8 heures moins le quart. Je filais directement à la Poste où je m’arrêtais. L’agent Hilarion, lui, descendait tous les matins de son domicile, passait devant la Poste où il venait prendre son courrier. Il me voyait. On avait un code. Il partait : je le suivais. S’il y avait un danger, il me faisait un signe : il se grattait la nuque. » [1]
Parmi les informations transmises par Jean Philippon à Pierre Mauger, on peut citer le composé chimique du brouillard artificiel utilisé par les allemands dans les ports pour gêner les bombardements. Les deux agents se rencontreront également à Puynormand (33), lieu de résidence de repli de la famille Philippon.
Pierre Mauger est arrêté à Paris en mai 1942 sur dénonciation d’un agent du réseau. Emmené rue des Saussaies, siège de la Gestapo, il y est torturé. Jugé par un tribunal de guerre militaire, il est condamné à de peine d’internement qu’il purge à la prison de la Santé, puis à Fresnes. Il est déporté et classé Nacht und Nebel à Mauthausen. Libéré le 19 mai 1945 par l’armée américaine, Pierre Mauger pèse 32 kilos. Quelques jours après son retour en France, il est pris d’une forte fièvre. Le diagnostic médical est très inquiétant. Ses proches croient à sa fin. Mais petit à petit, il retrouve ses forces.
Pour son engagement clandestin, Pierre Mauger reçoit les distinctions suivantes :
– Commandeur de la Légion d’honneur
– Grand Officier de l’ordre national du Mérite
– Médaille de la Résistance, avec Rosette
Il est élu maire de sa ville en 1965, et député en 1967. Il poursuit une carrière politique jusque dans les années 1990. Le collège du Centre, aux Sables-d’Olonne, porte le nom de Pierre Mauger depuis 2005. Fin 2021, il publie sa biographie.
Pierre Mauger est encore en vie et réside aux Sables-d’Olonne.