Pierre Corentin Marie Nicolas est le fils aîné d’un ouvrier du port de commerce de Brest et d’une femme au foyer. La famille réside au 12 rue Latouche Tréville, avant de déménager au 21 rue Lannouron. Durant sa jeunesse, il pratique la gymnastique et l’athlétisme au sein de la société brestoise l’Armoricaine [1]. Ayant effectué son service militaire de novembre 1928 à mars 1930, dès son retour à la vie civile, il passe en mars le concours du personnel des services du Trésor public. En juillet, Pierre Nicolas est reçu et devient commis du Trésor public, avant d’épouser Rose Le Goff (1907-1998), le 14 octobre 1930 à Brest. De leur union, naîtront deux enfants, dont l’un est prénommé Pierre. Le commis est rapidement affecté dans le Nord, à la perception de Croix, dans la périphérie de Roubaix. Il semble effectuer des périodes de réserve dans l’armée, car il est promu au grade d’adjudant-chef en 1935. Deux ans plus tard, en 1937, Pierre Nicolas revient dans le Finistère, grâce à sa mutation à la perception de Lesneven.
Rappelé dans les rangs en septembre 1939, à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, son parcours durant la Drôle de Guerre puis la Campagne de France et durant une partie de l’Occupation nous est inconnu.
Probablement recruté par son collègue de travail François Berder et son épouse Henriette, en août 1943, Pierre Nicolas rejoint le groupement de résistance naissant à Lesneven, avec le pseudonyme Axel. Son activité clandestine nous est inconnue. Le groupement local s’affilie assez rapidement au mouvement Défense de la France (D.F), tandis qu’à l’automne 1943, l’instituteur de Ploudaniel, Aimé Talec, en devient son responsable militaire. Le rapprochement entre D.F et le mouvement Libération Nord (L.N) à la toute fin de l’année 1943 permet de donner une ossature à l’Armée Secrète (A.S). Entre février et mars 1944, d’autres rapprochements nationaux donnent naissance aux Forces françaises de l’intérieur (F.F.I), se traduisant localement par la création du Groupement cantonal de Lesneven. De par son grade militaire, il est envisagé de confier une section de combat à Pierre Nicolas en cas d’insurrection.
Organisation théorique du groupement vers février 1944
- Commandant de compagnie : Yves Corre
- 1ère section : Pierre Loaëc
- 2ème section : Yves Pellennec
- 3ème section : Pierre Nicolas
- 4ème section : Gac
- 12 Chefs de groupe (4 groupes par section)
- 4 agents de liaison : Guy et André Berder, Eugène Foricher et Arsène Jézéquel
Dans la nuit du 2 au 3 juin 1944 à Lesneven et Ploudaniel, les Allemands, aidés de supplétifs Français, réalisent quatorze arrestations au sein du groupement. Parmi les victimes de la soirée figurent le chef du groupement Aimé Talec, le commandant de compagnie de Lesneven Yves Corre et deux des quatre chefs de section, Pierre Loaëc et Yves Pellennec.
À l’annonce des arrestations, Pierre Nicolas quitte son domicile pour se mettre au vert. Le groupement cantonal est totalement désorganisé. Avec l’annonce du débarquement des Alliés en Norandie, l’espoir renaît. Paul Jacopin est nommé chef de la Résistance du canton de Lesneven pour les Forces Françaises de l’Intérieur (F.F.I). Il prépare avec quelques cadres rescapés dont Pierre Nicolas, l’insurrection suivant les consignes du chef d’arrondissement Joseph Garion et du chef départemental Mathieu Donnart.
L’arrestation de Mathieu Donnart fin juin 1944, pousse Paul Jacopin à organiser une réunion à Lesneven le 4 juillet 1944 où sont présents Joseph Garion, François Broc’h, Francis Nédélec, Pierre Nicolas, Augustin Salou, Jean Larvor et Yves Quéré. Il est décidé lors de cette réunion clandestine que Pierre Nicolas devient le responsable cantonal de la Résistance du canton de Lesneven et qu’il mènera la Compagnie F.F.I de Lesneven au combat avec le grade de lieutenant F.F.I. La Compagnie F.F.I de Ploudaniel revient à Augustin Salou.
Un maquis de rassemblement est organisé à Kervilon en Ploudaniel. Y seront larguées, sur le terrain baptisé Clio, des armes dans la nuit du 2 au 3 août, ainsi que des SAS du 3e R.C.P, dans la nuit du 4 au 5 août 1944. La journée du 5 août est occupée à rassembler les troupes, les armer et préparer les actions. Au soir, l’ordre est donnée aux unités F.F.I de l’arrondissement de Brest de passer à l’action. Dans la nuit, puis dans la journée du 6 août 1944, différentes actions sont menées. Dans la nuit du 6 août et les jours suivant, les compagnies de Lesneven et Ploudaniel participent aux combats dans Lesneven, ainsi qu’à la libération du canton. Le 10 août, la Compagnie F.F.I de Lesneven de Pierre Nicolas s’installe à Lesneven libéré.
Les jours suivants, les F.F.I organisent des patrouilles dans les environs pour capturer les derniers Allemands isolés ou récupérer du matériel militaire. Le 24 août, Pierre Nicolas reçoit l’ordre de porter ce qui est devenu le Bataillon F.F.I du canton de Lesneven à l’Ouest de Brest, pour réduire la poche Allemande du Conquet. L’unité se positionne à Brélès entre le 25 et 26 août, puis tient la route de Plouarzel-Saint-Renan. Les F.F.I de Lesneven et Ploudaniel soutiennent les éléments américains qui attaquent la position fortifiée de Kervélédan à Ploumoguer. Le 28 août, Pierre Nicolas fait déplacer la Compagnie de Ploudaniel au Sud-Ouest de sa position pour tenir le carrefour de Kerzévéon à Locmaria-Plouzané. Petit à petit, le bataillon progresse en réduisant aux côtés des américains et autres unités F.F.I, la poche du Conquet. L’unité passe quelques jours près du secteur de Kergounan à Ploumoguer pour déloger la position fortifiée. Le bataillon est engagé sur la ligne de front jusqu’à la fin des combats du secteur, le 10 septembre 1944. Le lendemain, Pierre Nicolas fait rapatrier ses hommes à Lesneven et Ploudaniel.
Après les combats de la Libération, il assura la sécurité dans le canton, jusqu’à la démobilisation des F.F.I fin septembre 1944. Pierre Nicolas reprit ensuite son métier de percepteur, et ce jusqu’à sa retraite.
Mémoires des résistants et FFI de l’arrondissement de Brest