Pierre René Sicaud obtient son baccalauréat à quinze ans, avant de poursuivre ses études à l’École nationale de la France d’outre-mer de 1928 à 1933. À l’issue de ses études, il est nommé administrateur dans les régions de Madagascar, des Comores et de Mayotte jusqu’en 1939.

Rappelé en France à la déclaration de la Seconde Guerre mondiale, il sert lors de la Bataille de France comme lieutenant. Capturé par les Allemands le 19 juin 1940, il parvient à s’évader en traversant la Loire à la nage. Pierre Sicaud retourne ensuite à Madagascar en 1941. Cherchant à rallier la France Libre du général De Gaulle, il se fait nommer à Djibouti, d’où il passe en Somalie en octobre 1942. Il y rallie la France Libre en décembre 1942, recrute des volontaires et embarque le 28 mars 1943 à bord du SS Orduña pour rallier l’Angleterre.

Débarqué le 15 juin 1943, il est affecté aux Forces aériennes françaises libres (FAFL) en juillet. Pierre Sicaud obtient son brevet de parachutiste à Ringway en août, puis est muté à la compagnie de commandement du 3e Bataillon d’infanterie de l’air (3e BIA) en novembre 1943. En juin 1944, il est muté comme commandant de la 2e compagnie du 3e BIA, qui devient en juillet 1944, le 3e Régiment de chasseurs parachutistes (3e RCP).

Devant l’avance américaine en Bretagne, la 2 ème Compagnie du 3e RCP se prépare à être largué au dessus du Finistère, avec pour missions d’empêcher les mouvements ennemis sur les routes menant à Brest, spécialement venant de l’Est, raidir la résistance dans tous les domaines possibles et empêcher, autant que possible, la destruction des communications et en particulier des viaducs à Morlaix et à Daoulas. Dans la nuit du 4 au 5 août 1944, c’est en tant que capitaine de la compagnie de son unité, que Pierre Sicaud est parachuté au lieu-dit Kervillon à Ploudaniel, dans le cadre de l’opération Derry I.

Composition du stick de commandement :
– BAUDRY Charles
– BEYLIER Pierre
– BOYER Victor
– DIELENSEGER Roger
– GIROY Julien
– NGUYEN VAN THAI Maurice
– NOTO Albert
– OURINOWSKI Jacques
– PESQUE Paul (Responsable radio)
– SICAUD Pierre (Capitaine de la compagnie)
– SOUCAZE Bernard

Les sticks sautent en blind, sans comité de réception. Le stick du capitaine Sicaud atterrit dans la lande de Kervillon près de Ploudaniel. Les SAS restent camouflés dans le bois de Croc’h jusqu’au matin. Ils entrent finalement en contact avec des maquisards qui les dirigent vers le château de Penmarch en Saint-Frégant où le capitaine Sicaud retrouve les trois membres du Jedburgh Horace.

Le stick du capitaine Sicaud retourne vers Le Folgoët. Dans la nuit du 6 au 7 août 1944, les défenses allemandes sont tâtées. La Kommandantur allemande est installée au château de Lesvenen, protégé de barbelés et par un large fossé antichars. Les défenses nord sont approchées par quelques parachutistes. Les mitrailleuses allemandes font refluer les SAS qui décrochent.

Le capitaine Sicaud ordonne le repli de ses hommes qui progressent péniblement dans les barbelés. À la suite de cette première reconnaissance, les parachutistes s’installent en embuscade sur la D.770. Un bruit de chenilles annonce l’ennemi dont deux Sherman américains capturés en tête de soldats allemands à pied. Les gammon bombs sont jetés sur les blindés. Les Bren guns entrent en action. Sicaud laisse un petite troupe de protection et décroche vers le sud. Les parachutistes apprennent que les Allemands ont évacué Lesneven en direction du nord vers Guisseny. Le capitaine Sicaud fait transmettre par son radio la position d’un important convoi d’artillerie allemand et demande un soutien aérien. Le convoi est anéanti quelques heures plus tard. Le 7 août, le stick Sicaud est en contact avec les Américains. Les parachutistes font leur jonction avec les éléments du 86th Cavalry Regiment et sont mis à la disposition de la 6th Armored Division du général Grow.

Le 11 août 1944, les parachutistes sont relevés et la compagnie Sicaud quitte la région de Brest pour Vannes où sont rassemblées toutes les unités SAS. Après quelques jours de combats, la 2 ème Compagnie est rappelée en Angleterre. Elle est à nouveau parachutée en France de fin août à début septembre 1944, dans le Doubs dans le cadre de l’opération Abel pour renforcer les F.F.I locaux. Fin septembre 1944, les S.A.S sont mis au repos dans la région d’Épernay durant plusieurs mois. Pierre Sicaud et ses hommes sautent une troisième fois, en Hollande en avril 1945, durant l’opération Amherst.

Après guerre, il reprend sa carrière de haut fonctionnaire, et sera nommé gouverneur de Saint-Pierre-et-Miquelon de 1955 à 1958, puis celui de Polynésie française de 1958 à 1961. Après avoir quitté la fonction publique, il travaille dans un cabinet juridique à Paris, avant de passer quelques années dans le Sud de la France, pour finalement s’installer sur Groix dans le Morbihan pour ses vieux jours.

Pour son engagement militaire et sa carrière administrative, Pierre Sicaud reçoit les décorations suivantes :
– Chevalier (1945), officier (1951) puis commandeur (année ?) de la Légion d’honneur
– Médaille Militaire
– Croix de Guerre 1939-1945 (4 palmes et une étoile)
– Médaille commémorative des services volontaires dans la France Libre
– Distinguished Service Order (1945)
– Bronzen Leeuw (Pays-Bas)