Yves Léon Prigent est le fils de cultivateurs établis à Prat Loual’ch en Gouesnou. Après sa terminale, le gouesnousien ambitionne de faire l’école de l’air, mais une pleurésie ne lui permis pas d’atteindre son rêve. Celle maladie l’exempta de service militaire. Il travaille ensuite avec son frère François chez un grossiste en vins au bourg de Gouesnou, avant de devenir en 1937, le secrétaire de mairie de la commune.
Yves Prigent épouse une fille originaire de Saint-Pierre-Quilbignon, prénommée Marie Coat, le 8 octobre 1938 à Gouesnou et de cette union naîtront trois enfants. La famille s’installe dans le bourg.
Nous ignorons son parcours durant la guerre 1939-1940. Au début de l’occupation, son père décède le 12 septembre 1940.
Son travail, comme celui de tous les secrétaires de mairie en France occupée, est décuplé par les exigences qu’imposent la guerre et l’occupation, notamment à cause du ravitaillement et des réquisitions. La commune est inspectée en janvier 1942 par le sous-préfet de Brest, qui juge sur le plan politique :
" très bonne attitude du maire et de ses élus. Il en est de même pour les fonctionnaires de la commune, et plus particulièrement le secrétaire de mairie, Yves Prigent, qui est jugé ardent, excellent et très loyal envers le gouvernement du Maréchal. " [1]
En décembre de cette même année, Yves Prigent est promu secrétaire de mairie de 5e classe.
Yves Prigent a néanmoins rejoint la Résistance. La datation exacte reste à étayer car dans une attestation datée de 1945, le chef de la résistance à Gouesnou Philippe Prédour, indique que le secrétaire de mairie a fourni pendant l’occupation des titres d’alimentation et d’identité aux réfractaires au Service du travail obligatoire (S.T.O) et qu’à partir de 1943, il aurait apporté son aide au ravitaillement des aviateurs alliés hébergés dans la région de Brest, en lien avec Edouard Riban, président de la commission du service du ravitaillement à Brest.
Le principal intéressé, Yves Prigent, indique pour sa part en 1946, être entré dans la Résistance en février 1944, après avoir été contacté par le gendarme Lucas Gallic. Il aurait alors distribué la presse clandestine du mouvement Défense de la France (D.F), participé au service de faux papiers d’identité et fourni des tickets de ravitaillements aux réfractaires au Service du travail obligatoire (S.T.O).
Le secrétaire de mairie de Gouesnou informe également son groupe que des armes sont stockées à la mairie. Celles-ci seront enlevées par les résistants gouesnousiens, accompagnés du groupe Action directe de Brest au matin du 26 avril 1944.
Au début du siège de Brest en août 1944, Yves Prigent qui fait partie de la Défense passive (DP) contribue à l’extinction de plusieurs départs de feux provoqués par des obus, ainsi qu’à l’évacuation de la commune les 9 et 10 août 1944, avant d’évacuer à son tour vers un bunker sur la route de Bourg-Blanc avec le maire. Il semble ensuite avoir rejoint le groupe des F.F.I de Gouesnou et participer aux combats de la Libération jusqu’en septembre 1944.
Il quitte le secrétariat de mairie de Gouesnou en 1945, pour occuper le même poste à Briec-de-l’Odet, où il passera le reste de sa carrière jusqu’à sa retraite.
Mémoires des résistants et FFI de l’arrondissement de Brest