GENTIL Marcel

Marcel François Jean Gentil et ses cinq frères sont les enfants d’une femme au foyer et du responsable syndical agricole de Plouzané et Locmaria-Plouzané.

Lors de la débâcle le 18 juin 1940, avec ses frères, il découvre des armes et munitions dans le bourg. Le matériel est aussitôt récupéré et enterré à trois endroits différents près du bois du Poulic sur la route de Ploumoguer. Lors de ses études, il passe avec succès son certificat d’études primaires.

Sous l’occupation allemande, Marcel travaille comme ouvrier cordonnier à Brest et pratique le football. En mars 1941, avec l’appui du directeur de l’école Saint-Michel de Plouzané, l’abbé Joseph Guyader (1912-1989), son frère Joseph Gentil crée l’association sportive l’Étoile Saint-Sané. Débute alors une belle aventure sportive, notamment avec l’équipe de football, où il est capitaine. L’équipe a d’ailleurs la particularité d’être majoritairement composée des frères et cousins Gentil. La recette des matchs de football est versée aux Colis du prisonnier.

En février 1944, son frère aîné Joseph est contacté par Sébastien Ségalen pour former un groupe de Résistance. C’est le début du Groupe Marée auquel se greffent de manière naturelle, les quatre frères Gentil et leur cousin Yves Gentil. Pour l’heure, la discrétion reste de mise est l’on demande à Marcel Gentil d’effectuer une surveillance des batteries allemandes dans le secteur Le Minou-Toulbroc’h.

Après le débarquement en Normandie, l’ossature des compagnies F.F.I se précise. Le Groupe Marée fait désormais partie des effectifs du Groupement Cantonal F.F.I de Saint-Pierre-Quilbignon de Brest-Ouest. Toujours sous les ordres de Sébastien Ségalen, ils sont néanmoins affectés à l’unité de Pierre Hall. En prévision des combats, les frères Gentil tentent de remettre la main sur les armes et munitions qu’ils ont cachées quatre ans auparavant. N’ayant pas mis de repère, ils ne parviennent pas à les localiser [1].

Début août 1944, le parachutage d’armes tant attendu est enfin annoncé, les F.F.I de l’ouest de Brest et de Plouzané rejoignent ceux de Plougonvelin près de Kerzévéon à Locmaria-Plouzané. Durant deux nuits consécutives ils attendent en vain. Les F.F.I de Brest restent sur place tandis que ceux de Plougonvelin et Plouzané retournent chez eux en journée. Dans la nuit du 2 au 3 août 1944 l’avion passe enfin mais ne largue rien d’autre qu’une fusée rouge, annonçant l’annulation du parachutage. Les F.F.I se dispersent et regagnent leurs communes. Une partie des cadres de l’unité se rend à Plouzané où ils établissent leur Poste de Commandement dans l’espoir d’un nouveau parachutage. Le projet initial d’armer rapidement des F.F.I et d’investir Brest le plus rapidement possible semble de plus en plus compromis.

Malgré l’arrivée des américains dans le secteur de Lesneven le 8 août, les consignes pour Marcel et ses camarades sont toujours d’attendre. Le manque d’armes rend caduque une grande partie des plans. À défaut de pouvoir se battre, les F.F.I de Plouzané aident comme ils peuvent les réfugiés brestois. Le 14 août, Pierre Hall reçoit l’ordre de Baptiste Faucher, de gagner Tréouergat. Cette décision d’éloigner les F.F.I de leur zone désignée de combat résulte de la situation critique de l’armement et de l’évacuation massive de la population brestoise. Le choix de l’État-Major F.F.I de Brest est alors de reconstituer ses unités à l’extérieur de Brest et d’entamer les combats aux côtés des américains et non de manière insurrectionnelle comme il était initialement prévu.

La première étape pour les plouzanéens est de gagner l’est de Lanrivoaré, au maquis de la ferme de Neven. Ils y rencontrent les hommes de la Compagnie F.F.I de Saint-Renan et leurs premiers américains.

Le groupe prend ensuite la direction du maquis de Kergoff en Tréouergat pour la distribution des armes. Ils espèrent revoir Sébastien Ségalen mais de fortes dissensions sont apparues entre leurs chefs historiques, Pierre Hall et Marcel Pirou. Le groupement cantonal a implosé en trois groupes. Pierre Hall incorpore ses hommes dans la Compagnie F.F.I de Saint-Renan, formant ainsi la 1ère Section cette unité. La fratrie Gentil est regroupée au sein du 4ème Groupe sous les ordres de Jean Hall. Le 17 août, Jean et son groupe sont convoyés à Saint-Pabu pour être enfin armés. L’instruction est sommaire puis c’est le retour à Neven.

Composition du groupe :
 CALLAC François
 CLOÂTRE Paul
 GENTIL Jean
 GENTIL Joseph
 GENTIL Marcel
 GENTIL Michel
 GENTIL Yves
 HALL Jean (1er chef du groupe)
 LE MAO Claude
 PELLEN René
 QUEMENEUR François
 ROLLAND Henri

Les patrouilles s’enchaînent dans le secteur tandis que les allemands renforcent leurs positions. Toute la compagnie participe à la réduction de cette poche en passant par Saint-Renan, Lamber, Kervadéza puis Locmaria-Plouzané. Viennent ensuite les combats à Plougonvelin où le 1er septembre 1944, le groupe de Marcel Gentil fait une incursion dans les lignes allemandes et parvient à faire de nombreux prisonniers.

Enhardis, ils décident d’y retourner, notamment pour récupérer le matériel mais à l’approche de la position, ils sont accueillis par des tirs et des grenades. Son frère Michel est blessé par des éclats de grenade avec une partie du groupe. L’issue aurait pu être dramatique pour le groupe, le même jour, deux F.F.I de la compagnie sont tués dans le même secteur lors d’une opération similaire.

Les combats durent pour la Compagnie jusqu’au 10 septembre, date de la reddition complète de la poche allemande. Ils sont maintenus sur place quelques jours avant d’être envoyés à Saint-Renan en prévision d’un déploiement dans les rues de Brest mais la capitulation allemande le 18 septembre met fin aux combats. À la fin du mois de septembre, Marcel Gentil est démobilisé des F.F.I.

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

La fratrie Gentil (années 30)
Crédit photo : Famille Gentil
Groupe 4, Section 1, Cie F.F.I de Saint-Renan
Crédit photo : Famille Gentil

Sources - Liens

  • Commune de Plouzané, registre d’état civil.
  • GENTIL Jean, témoignage et iconographie.
  • Archives des F.F.I de l’arrondissement de Brest, documents relatifs à la Compagnie F.F.I de Saint-Renan.
  • Service Historique de la Défense de Vincennes, dossier individuel de Résistant de Jean Gentil (GR 16 P 250945), aimablement transmis par Edi Sizun en 2016.
  • GENTIL Joseph, La Résistance dans le canton de Saint-Renan, éditions Delpresse, 1994.
  • Archives départementales du Finistère, dossier de combattant volontaire de la Résistance (1622 W 154) - Non consulté à ce jour.

Notes

[1Ces armes et munitions seront retrouvées par des fouilles dans les années 1990.