LE GLÉAU Jean

Jean Marie Le Gléau est le fils d’une employée de maison devenue blanchisseuse et d’un père qui ne l’a pas reconnu à la naissance [1]. Il réside durant son enfance à Saint-Renan dans un très modeste logement sous les toits, au 41 rue Saint-Mathieu, à l’angle de la place aux Chevaux à Saint-Renan. Après plusieurs déménagement, Jean Le Gléau et sa mère s’installent au 43 (ou 45) rue Saint-Mathieu, qu’ils occuperont de 1936 à 1950.

Après une scolarité à l’école publique du Petit-Prince, puis chez les frères à Saint-Stanislas à Saint-Renan, il passe son certificat d’études primaires en 1935. Il suit une année supplémentaire de cours et valide son certificat d’études supérieures.

Jean Le Gléau intègre à la rentrée 1936 l’école des Pupilles de la Marine. Il redouble une classe dans l’objectif d’intégrer Maistrance mais se démotivant, il ne passe pas le concours. En 1938, il intègre l’école des Mousses de la Marine, basée sur le vieux bâtiment de guerre Armorique, aux Quatre Pompes à Saint-Pierre-Quilbignon. Après un an d’études, il opte pour la spécialité de canonnier, dont les cours sont dispensés sur le bateau école Courbet et débute pour Jean Le Gléau, en juillet 1939.

Au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, il est affecté avec son ami Jean Bizien sur le pinardier Jean & Jacques. En avril 1940, les deux comparses obtiennent une permission et s’en reviennent à Saint-Renan, avant de repartir pour Cherbourg. Au printemps 1940, ils y sont tous les deux nommés instructeurs timoniers, au centre de la Marine dans l’arsenal. En juin 1940, il est affecté comme artilleur sur le Mont Canisy, à la défense de la ville. Après avoir saboter sur ordres ses pièces d’artillerie, Jean Le Gléau évacue vers Deauville d’où il embarque sur un gros chalutier à destination de Cherborug.

Il évacue le fort lors de l’attaque des Allemands et sillonnent la campagne en direction de Caen. Le renanais est capturé et fait prisonnier le 20 juin 1940. Dirigé vers le frontstalag 131 de Saint-Lô, Jean Le Gléau est interné quelques mois dans la caserne Bellevue. L’ex canonnier de la Marine est ensuite affecté à des travaux à Coutances, avant de partir en Allemagne, pour être interné au stalag de Milberg sur Elbe puis affecté à des travaux dans une ferme à Ehrenhain.

Après un an dans cette localité, Jean Le Gléau est libéré et peut retourner en France occupée fin 1941, en vertu des accords (inégaux) de collaboration entre l’amiral Darlan et l’Allemagne nazie, une dizaine. Cette maigre concession allemande permis de libérer environ 11 700 marins entre juin 1941 et novembre 1942 [2]. Il profite d’une permission de 30 jours pour retourner à Saint-Renan et revoir sa mère. Lors de cette permission, le marin se présente pour pointer chaque jour à la Kommandantur, établie dans l’école du Petit Prince.

Début 1942, Jean Le Gléau reprend du service et reçoit l’ordre de rejoindre Toulon. Il est affecté sur le croiseur Algérie jusqu’au sabordage de la flotte en novembre 1942. Après quelques jours d’internement, il est libéré et mis en congés d’armistice. Jean Le Gléau regagne alors son domicile à Saint-Renan. Ne souhaitant pas travailler dans l’organisation Todt, comme certains de ses amis, il travaille à la ferme de Pont ar Glut en Milizac puis comme maçon chez Renault à Saint-Renan. Durant ce laps de temps, la Marine lui fait parvenir un courrier pour lui demander de réintégrer les rangs dans une école navale dans le sud-ouest de la France. Cette lettre restera morte et Jean Le Gléau sera rayé des ordres de la Marine nationale.

Je n’avais aucune intention de rentrer dans une armée qui se trouvait sous le joug germanique. [3]

Mis en confiance par les succès des Alliés sur les différents théâtres d’opérations et mû par une volonté d’agir, Jean Le Gléau chercher à intégrer la Résistance en mai 1944. Il s’en ouvre à son copain Jean Magueur, qui après quelques temps, le fait rejoindre le petit groupe qui se forme à Saint-Renan, dirigé par le secrétaire de mairie Guy Breton.

Durant l’été 1944, avec Auguste Le Hir, Jean Conq et Raoul Coadelot, ils se rendent au nord de Saint-Renan près de la ferme au lieu-dit Camp, pour tester quelques armes reçues. Il prend le maquis en fin juillet ou août 1944 à Neven en Lanrivoaré et intègre de fait le 2ème Groupe de la 2e Section de la Compagnie F.F.I du canton de Saint-Renan.

Composition du groupe :
 CONQ Jean (Chef de groupe - Tué le 31/08/1944)
 CROGUENNEC Jean
 DEUDE Jean
 GUENNEGUES Pierre
 LE GLÉAU Jean-Marie (mitrailleur)
 LE HIR Aimable
 MAGUEUR Jean (2e Chef de groupe)
 MENGUY Joseph
 PETTON Jean
 PLEYBER Francis
 ROUSIC Paul (chargeur du mitrailleur)
 SIZUN René
 TARTU Jean

Peu avant la libération de Saint-Renan, Jean Le Gléau s’assoupi dans un tas de paille mouillée. Au matin, il a attrapé un état fiévreux et doit être évacué sur Ploudalmézeau, chez les demoiselles de Percevault qui tiennent un petit hôpital clandestin. Après une semaine de convalescence, il retrouve son unité vers Pont l’Hôpital, près de Lamber. La compagnie prend ensuite la direction de Plougonvelin et Le Conquet.

Son groupe de combat remonte de Porsmilin vers Le Cosquer, et se fait tirer dessus au canon depuis le fort de Bertheaume. Le 31 août, son chef de groupe Jean Conq est tué par un tir ami d’un soldat américain, tandis que Denis Guéguen est arrêté et désarmé.

La compagnie reste en position plusieurs jours sur la route du Cosquer, avant d’avancer vers le Trez Hir. Jean Le Gléau manque d’être gravement blessé mais l’éclat d’obus qui le touche est en fin de course. Son unité remonte ensuite à travers champs vers le bourg de Plougonvelin et bientôt les redditions de la batterie de Keringar, le 9 septembre et de la presqu’île de Kermorvan le lendemain, mettent fin aux hostilités.

La compagnie est dirigé sur Saint-Renan, dans l’optique d’un déploiement dans les rues de Brest mais il n’en sera rien. Démobilisé des F.F.I fin septembre 1944, Jean Le Gléau réintègre la Marine nationale. Il est affecté à bord du cuirassé Richelieu et participe à la fin des opérations de la Seconde Guerre mondiale contre les japonais.

Fin 1945, le renanais revient dans sa commune natale, libéré de son engagement dans la Marine. Dès le 2 janvier 1946, il trouve du travail comme maçon et en fait son métier jusqu’à sa retraite.

Jean Le Gléau épouse Jeanne Rouzic (1924-2005), le 27 juillet 1950 à Plouzané, et de cette union naît trois enfants ; René, Denise et Michelle.

La sépulture de Jean Le Gléau se trouve dans le cimetière communal de Saint-Renan [Carré A, Rang F, Tombe 13].

Publiée le , par Gildas Priol, mise à jour

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Portfolio

Réunion d’anciens F.F.I de Saint-Renan chez Mac Salou (Années 1950)
Crédit photo : Archives Jean Le Gléau
Décoration de Jean Le Gléau par le Ministre Yves Guéna (Août 1981)
Crédit photo : Archives Jean Le Gléau

Sources - Liens

Notes

[1Sa mère supporta seule la charge parentale, tout en subvenant aux besoins de cette petite famille par de nombreux petits métiers.

[2Sous la direction de CATHERINE Jean-Claude, La captivité des prisonniers de guerre - Histoire, art et mémoire, 1939-1945. Pour une approche européenne, éditions des Presses universitaires de Rennes, 2008.

[3LE GLÉAU Jean-Marie, Tranches de vie d’un combattant renanais - 1921-1950, éditions Mémoires vives, 2010, page 107.